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Spécial Griffintown

Griffintown: un quartier en plein redéveloppement

Écrit par Nathalie Dieul, Epoch Times
12.05.2015
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  • Rendu d’une future place publique au nord de la rue Ottawa. (Ville de Montréal)

Ancien quartier industriel très animé au XIXe siècle à Montréal, Griffintown a connu le déclin au siècle suivant, en particulier en 1970, à la fermeture de la navigation sur le canal de Lachine. Toutefois, une nouvelle vie et une nouvelle destinée se dessinent pour Griffintown depuis l’aube du XXIe siècle. Avec sa situation exceptionnelle entre le centre-ville de Montréal, le canal de Lachine et le Vieux-Montréal, c’est un tout nouveau milieu de vie qui est en train de naître, mettant en valeur l’histoire de son riche passé industriel.

Luc Gagnon est le directeur de l’arrondissement du Sud-Ouest. Auparavant, il a été responsable du Programme particulier d’urbanisme (PPU) de Griffintown avant de devenir directeur de l’aménagement urbain et du patrimoine de l’arrondissement du Sud-Ouest, puis d’en devenir directeur. Il est donc une des personnes les mieux placées pour nous parler du développement de ce quartier situé dans l’arrondissement du Sud-Ouest.

Epoch Times (E.T.) : Comment décririez-vous Griffintown?

Luc Gagnon (L.G.) : C’est un quartier du XXIe siècle. On veut faire de ce quartier industriel un nouveau milieu de vie où les valeurs de développement durable, de vie urbaine seront les plus affirmées. On veut que l’espace public soit dédié principalement aux piétons tout en permettant la circulation automobile et qu’il soit aménagé de façon à ce qu’on puisse reconnaître à Griffintown une valeur différente des autres quartiers.

E.T. : De quelle manière seront aménagées les rues pour qu’elles soient différentes?

L.G. : On parle du concept de rues habitées, donc un nouveau type d’aménagement des rues qui va faire une plus grande place aux piétons. […] On veut réinventer l’espace public de Griffintown pour en faire des rues qui sont plus conviviales, plus agréables pour les gens qui vont y vivre.

E.T. : Quel est le rôle de la Ville dans le développement de Griffintown?

L.G. : La Ville a décidé de donner un bon coup de barre dans le réaménagement de ce secteur. À preuve, il y a un règlement d’emprunt de 93 millions qui a été voté en 2013 pour soutenir le réaménagement du domaine public. Ça veut dire que ces 93 millions vont servir à acheter des terrains pour faire des nouveaux parcs et aménager ces parcs, mais également refaire des rues du quartier, parce qu’on s’entend que Griffintown est un ancien secteur industriel. C’est un secteur où la Ville n’a pas fait beaucoup d’investissements parce que ce n’était pas un secteur résidentiel, c’est un secteur qui était délaissé.

Maintenant qu’on sent qu’il y a beaucoup d’intérêt de la part des gens qui veulent aller habiter près du centre-ville, beaucoup d’intérêt pour aller habiter dans Griffintown, donc la Ville a décidé de jouer son rôle et d’investir beaucoup d’argent dans la transformation de ce secteur industriel en milieu de vie.

  • Plusieurs galeries d’art sont présentes dans le quartier. Ici, sur la rue Ottawa. (Ville de Montréal)

E.T. : Sur combien d’années est prévu cet investissement de 93 millions de dollars?

L.G. : On parle d’un investissement sur une bonne dizaine d’années. On parle d’un projet de transformation à long terme. Parce qu’on ne peut pas aujourd’hui réaménager une rue sur laquelle on sait qu’il y aura de la construction qui va se faire l’année suivante, parce que les entrepreneurs abîment les trottoirs, abîment la chaussée évidemment en construisant. Alors nous allons investir au rythme du développement, c’est-à-dire que nous allons transformer cette rue selon les nouveaux modèles qu’on peut voir dans le PPU lorsque les projets de construction prennent fin sur une rue.

E.T. : Est-ce qu’il faudra attendre une dizaine d’années pour que Griffintown soit un quartier agréable à vivre?

L.G. : Ça va être plus agréable de vivre dans Griffintown dès l’année prochaine. Quand je parle d’une dizaine d’années, c’est pour compléter le projet, mais au fur et à mesure du développement, on va intervenir sur les rues publiques. Si vous allez sur la rue Basin, près du projet qui s’appelle les «Bassins du nouveau havre», vous allez voir qu’on a réaménagé la rue complètement. […] On a aménagé un bassin de rétention des eaux de pluie, justement pour faire une gestion écologique, du développement durable dans ce secteur. Dès cette année, on va aménager le premier grand parc dans Griffintown, aussi aux Bassins du nouveau havre. Donc, pour les résidents de ce secteur, déjà on peut dire que 2015 va connaître une grande transformation et ça va être un secteur qui va être très agréable à habiter.

E.T. : Quel sera le prochain secteur à être aménagé?

L.G. : On va travailler au réaménagement des rues Montfort et Saint-Paul, qui sont dans le secteur nord-est de Griffintown. On est content d’intervenir parce que ça fait plusieurs années que des résidents ont acheté dans ce secteur et ils attendent qu’on réaménage ces rues. Ces rues vont être les toutes prochaines à être réaménagées.

E.T. : Griffintown s’étend le long du canal de Lachine : de quelle manière allez-vous le mettre en valeur?

L.G. : C’est important pour nous de créer de la perméabilité entre les quartiers et le canal de Lachine. Ce canal, c’est un bijou; on veut qu’il soit accessible de façon généralisée. Chaque fois qu’on a l’occasion d’établir un nouveau lien entre les rues est-ouest et le canal, on le fait. On l’a fait dans les allées piétonnes des Bassins du nouveau havre : on a aménagé des allées qui connectent le quartier au canal de Lachine.

E.T. : Pour avoir un milieu de vie agréable, il faut avoir des commerces, des restaurants à proximité. Est-ce qu’il y en a? D’autres commerces et restaurants vont-ils s’ajouter prochainement?

L.G. : On a vu que déjà au sud de la rue Wellington, à l’ouest de la rue Peel, il y a tout un complexe qui s’est construit. Un complexe mixte avec un hôtel, beaucoup de logements, également des commerces au rez-de-chaussée. Donc, ça confirme la vocation commerciale de cette artère. Il y a un autre projet important qui se construit sur la rue Peel, au sud de la rue Ottawa. On aura là une grande variété de commerces qui répondront à toutes sortes de besoins.

Également, au courant de l’année, on va travailler sur l’aménagement de la promenade Smith. La rue Smith, c’est la rue qui se trouve au sud de Griffintown, qui longe la voie ferrée du Canadien National. C’est une rue qu’on veut aménager comme un espace public et qui, elle aussi, sera bordée de commerces avec des cafés-terrasses. Ça va être un lieu très intéressant, très vivant.

  • Le patrimoine architectural de Griffintown est bien présent malgré de grosses démolitions. (Nathalie Dieul/Epoch Times)

E.T. : Existe-t-il de nouvelles occasions d’affaires pour ceux qui désirent ouvrir un commerce?

L.G. : Tout à fait. Sur la rue Wellington : c’est un bel endroit. Sur la rue Peel également, on veut vraiment confirmer la vocation commerciale de la rue Peel, alors c’est intéressant pour les investissements. On souhaite également que la rue Notre-Dame profite du développement de Griffintown. Au cours des dernières années, on a vu beaucoup de nouveaux restaurants sur la rue Notre-Dame pour profiter justement de l’arrivée des nouveaux résidents. Il y a place pour d’autres types de commerces aussi, alors si les gens sont intéressés à investir, c’est le bon temps de venir investir dans le Sud-Ouest et de développer des commerces sur la rue Notre-Dame, sur la rue Wellington et sur la rue Peel. On veut vraiment renforcer la vocation de rue principale de nos grandes artères commerciales.

E.T. : Est-ce que Griffintown est un quartier où les gens achètent des condos principalement pour investissement, sans y habiter?

L.G. : Ce n’est pas tout à fait vrai. Les gens qui achètent dans Griffintown habitent dans Griffintown également. C’est intéressant pour nous parce qu’on veut que ce soit un milieu de vie habité, on ne veut pas que ce soit un milieu seulement spéculatif, qu’ils achètent des unités résidentielles pour les louer, et que certaines ne soient pas toujours louées, ce qui en ferait un milieu qui n’est pas vivant. Nous sommes heureux parce que les unités résidentielles se vendent, sont occupées, alors Griffintown est un milieu de vie vivant.

E.T. : Combien de logements ont été construits récemment et combien sont en projet?

L.G. : Depuis 2011, on parle d’environ 2600 logements qui ont été construits. Si on regarde les projets qui sont en chantier, les projets qui sont autorisés et les projets dont les phases ont été autorisées, on parle de 6300 logements supplémentaires qui vont s’ajouter au cours des années à venir. C’est impossible de prédire sur combien d’années, parce que c’est une question de marché. On est en train d’analyser d’autres projets, mais on ne peut pas en parler tant que les autorisations n’ont pas été données.

E.T. : Est-ce que Griffintown est un quartier principalement pour les célibataires et les jeunes couples plutôt que pour les familles?

L.G. : C’est une perception. Quand on va se promener sur le terrain, on voit des familles. Bien sûr, il y a beaucoup de gens seuls, de jeunes couples qui n’ont pas encore d’enfants, mais il y a déjà des familles. Il y a une garderie qui est près de l’autoroute Bonaventure, qui est utilisée par des résidents de Griffintown. Quand on regarde aux Bassins du nouveau havre, il y a un produit résidentiel et un environnement qui attirent les familles. On va développer également beaucoup de logements communautaires, de logements sociaux dans Griffintown, et la clientèle qui est attirée par ces logements est une clientèle familiale.

Pour soutenir la présence de familles, nous allons aménager des parcs qui répondent à leurs besoins. On répond aux besoins des familles dans Griffintown, et il y a un complément d’offres qui vient des quartiers avoisinants. On a des équipements sportifs autour de Griffintown : on a le centre sportif de la Petite-Bourgogne qui est juste à côté de Griffintown, dans lequel il y a des activités qui se tiennent. Il y a une piscine également [à cet endroit].

E.T. : Des écoles vont-elles s’implanter dans le quartier?

L.G. : La question des écoles, c’est la responsabilité de la Commission scolaire de Montréal, qui doit s’assurer que les résidents de son territoire aient accès à des écoles. Alors la Commission scolaire est informée des développements dans Griffintown. [Note : l’école primaire de la Petite-Bourgogne, qui compte 420 élèves originaires d’une vingtaine de pays, est située juste à côté de Griffintown]

  • Griffintown en 1896. Le quartier doit son nom à Mary Griffin, la femme d’affaires qui a participé à son développement. Au XIXe siècle, il est devenu l’un des centres industriels et commerciaux les plus importants de Montréal grâce à son emplacement stratégique, près du canal de Lachine et du centre-ville. Il était principalement peuplé d’Irlandais qui avaient fui la famine de 1847 dans leur pays. (Ville de Montréal)

E.T. : Qu’en est-il des transports en commun?

L.G. : On travaille en ce moment avec la Société de transport de Montréal, la STM, qui est responsable de desservir le territoire en transport en commun, pour définir l’offre en transport en commun qui va être établi dans Griffintown. C’est important parce qu’en réaménageant les rues de cette façon, on souhaite que les gens auront leur voiture s’ils le veulent, mais qu’ils la laissent à la maison, et qu’ils utilisent le transport collectif pour les déplacements domicile-travail. Au fur et à mesure que les logements se construisent, au fur et à mesure que les résidents sont de plus en plus nombreux, il y a un intérêt de la STM à bonifier son offre de transport collectif, et on vient bonifier cette offre avec eux. On parle d’autobus. [Note : les stations de métro Georges-Vanier, Lucien-L’Allier et Bonaventure se situent à distance de marche de Griffintown.]

E.T. : De quelle manière l’histoire de Griffintown sera-t-elle préservée?

L.G. : C’est un passé qui est encore très présent. On n’a qu’à passer sur certaines rues, il y a des bâtiments industriels qui persistent. Notre préoccupation, c’est d’intégrer l’histoire de Griffintown à travers l’architecture des nouveaux bâtiments. Alors lorsque c’est possible de le faire, lorsque le bâtiment existant sur un terrain présente un potentiel patrimonial suffisamment intéressant, lorsque le projet est revu par le comité consultatif d’urbanisme (CCU), les architectes et les citoyens qui sont sur le CCU s’assurent de faire des recommandations aux architectes du projet pour qu’on y intègre des éléments du patrimoine bâti présents sur le site.

On a des exemples actuellement au coin de la rue Wellington et de la rue Peel, où on a maintenu des façades de bâtiment pour les intégrer à des développements plus contemporains. On aura bientôt au coin des rues Wellington et de la Montagne un projet intéressant qui va aussi intégrer un élément important du patrimoine de Griffintown.

E.T. : Qu’est-ce que le corridor culturel?

L.G. : Le corridor culturel est un concept intéressant qui a été proposé par des citoyens lors de la consultation sur le PPU de Griffintown. Ces gens-là nous faisaient remarquer qu’à une extrémité de la rue Ottawa, on avait la galerie d’art l’Arsenal et à l’autre extrémité, dans l’arrondissement Ville-Marie, la fonderie Darling, qui sont deux équipements culturels majeurs. Ils nous ont proposé de trouver une façon de donner une vocation à la rue Ottawa qui relierait ces deux pôles majeurs de culture. On a pensé de travailler d’abord au niveau de l’aménagement de la rue. On n’est pas responsable de l’offre culturelle. On n’ouvre pas des galeries d’art, on n’ouvre pas des musées, mais on peut faire en sorte que les lieux et que la rue Ottawa soit intéressants.

Quand vous regardez la carte, on a un premier parc, le parc du Horse Palace, qui se trouve au sud de la rue Ottawa, près de la rue de la Montagne. C’est le premier parc qui a été acquis et aménagé. Quand on parle de culture, on parle de patrimoine également, donc de profiter du patrimoine culturel qu’offre cette ancienne écurie qui est encore bien vivante dans Griffintown.

Si on continue plus loin, on a un autre parc d’importance qui est prévu à l’intersection de la rue Peel et de la rue Ottawa. Ces parcs vont pouvoir être des places où on va avoir l’occasion de tenir des manifestations culturelles, des expositions spontanées, des événements artistiques qui vont donner corps au concept de corridor culturel.

On traverse la rue Peel, on s’en va plus près de New City Gas, là on aura le plus grand parc de Griffintown, qui va accueillir des équipements de jeux pour les enfants, des équipements pour les gens de tous les âges, mais qui pourra également participer à la vocation culturelle du corridor culturel en lien avec la présence de New City Gas qui est un lieu de diffusion de spectacles. C’est comme ça que la Ville intervient pour le soutien de la vocation culturelle du corridor culturel.


•    2600 logements construits depuis 2011

•    6300 nouveaux logements en chantier ou en prévision

•    93 millions investis par la Ville pour la création de parcs et le réaménagement du domaine public

 

 

 

   

 

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