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Spécial Griffintown

Vivre dans un quartier en transformation (Griffintown)

Écrit par Nathalie Dieul, Epoch Times
12.05.2015
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  • Sur la rue Notre-Dame, parmi les nombreux commerces et restaurants, L'Allumeur est un lampiste très connu pour avoir fourni le tournage du film Henri Henri. (Nathalie Dieul/Epoch Times)

 

Avec tous les chantiers présents dans Griffintown à Montréal, il peut être un peu effrayant d’aller vivre dans ce quartier en pleine restructuration sans savoir à quoi il va ressembler lorsque les gros travaux seront exécutés. À la fois habitant de Griffintown depuis mai 2013 et urbanologue, Jonathan Cha nous partage ses impressions sur ce territoire que presque personne ne connaissait il y a seulement une dizaine d’années.

Coup de cœur pour un quartier dynamique en métamorphose

Tous deux très urbains, Jonathan Cha et sa conjointe vivaient à Outremont avant de devenir propriétaires de leur condo de Griffintown. C’est là qu’ils ont trouvé une unité de rez-de-chaussée qui convient à leurs besoins, à la fois en ce qui concerne les dimensions, le prix et l’emplacement.

«Nous aimions beaucoup le quartier, la proximité du centre-ville, le fait que c’était un peu une friche urbaine, un quartier à la fois historique et un peu abandonné. On aimait voir un quartier dynamique qui allait se transformer, qui allait changer de visage dans les années suivantes», explique le jeune professionnel.

Même s’il trouve qu’Outremont est un quartier «tout à fait magnifique», M. Cha n’a jamais envisagé d’y devenir propriétaire parce que tout est trop cher pour un jeune couple. Et puis, c’est un quartier qui ne va pas changer, ce qui implique un certain confort lié à la qualité du milieu architectural et social, alors que venir s’installer dans un quartier au tout début de son développement, «c’était quand même quelque chose d’excitant».

Le couple apprécie particulièrement la proximité des quartiers limitrophes où il se rend en quelques minutes à pied ou à vélo : le centre-ville, le Vieux-Montréal, les quartiers anciens populaires tels que la Petite-Bourgogne, Saint-Henri ou Pointe-Saint-Charles, sans oublier le canal de Lachine et le marché Atwater.

  • Des restaurants branchés, comme le Grinder, attirent une clientèle métropolitaine avec leur design soigné et leur service de valet. (Nathalie Dieul/Epoch Times)

Évolution dans les deux dernières années

Témoin privilégié de l’évolution de Griffintown, à la fois parce qu’il en est résident, mais aussi par sa formation d’urbaniste et son métier d’urbanologue, Jonathan Cha a déjà vu le quartier se transformer totalement depuis les deux dernières années.

Du point de vue du domaine public, à cause de tous les chantiers, aucune amélioration n’a encore eu lieu pour ce qui est de plantations d’arbres, de trottoirs ou de parcs près de son immeuble situé à la limite ouest de Griffintown. Par contre, beaucoup de commerces ont ouvert leurs portes, soit pour remplacer des entreprises un peu vieillottes ou encore dans des locaux vacants. Il constate avec plaisir qu’il y a généralement une ouverture chaque mois ou aux deux mois. C’est surtout sur la rue Notre-Dame, à quelques pas de chez lui, que des épiceries, des bars, des cafés et beaucoup de restaurants se sont ajoutés pour dynamiser le quartier.

«Ça coïncide avec le fait qu’il y a toujours de plus en plus d’habitants. Plus les projets avancent, plus il y a d’unités vendues et plus il y a d’unités qui sont habitées. Donc, dans un quartier où il y avait à peine quelques centaines ou quelques milliers d’habitants, on ajoute 1000, 2000, 5000, 10 000… le nombre d’habitants est en constante croissance, donc ça se transforme bien», analyse-t-il.

Parmi les nouveaux commerces, l’urbanologue voit deux tendances. D’une part, des restaurants et bars «un peu huppés, branchés» qui attirent une clientèle métropolitaine non résidente du quartier ou des environs immédiats, des gens qui ont délaissé le boulevard Saint-Laurent par exemple pour sortir dans ces nouveaux lieux à la mode. Ils sont souvent bien aménagés par de bons designers.

Tous ces gens qui fréquentent le quartier le soir, débarquant de leurs véhicules luxueux qu’ils laissent au soin d’un service de valet, contrastent avec les trentenaires qui vivent dans Griffintown. «Ce genre d’endroit c’est quand même coûteux, il y a un certain standing aussi, ce qui fait que tu y vas une fois ou deux, mais quand tu habites dans le quartier, ce sont des endroits finalement que tu fréquentes assez peu», constate M. Cha.

  • Avec la piste cyclable le long du canal de Lachine, il est facile et agréable de se déplacer à vélo lorsqu’on habite Griffintown. (Nathalie Dieul/Epoch Times)

L’autre tendance, beaucoup plus intéressante pour les habitants du quartier, c’est l’ouverture de petits commerces de proximité dont se réjouit le résident : «une petite épicerie bio, un petit resto japonais, un petit café, il paraît qu’il va y avoir une petite boucherie qui va ouvrir».

Griffintown : pour les familles?

Lui-même père d’un petit garçon depuis l’été dernier, Jonathan Cha est toujours suffisamment heureux là où il habite pour affirmer que sa famille va y rester au moins à court et à moyen terme : «on est content de l’unité qu’on a choisie, on est content d’être là où on est. On apprécie le quartier.»

Toutefois, d’ici une dizaine d’années tout au plus, il sera probablement difficile pour la famille de rester dans ce condo où elle n’aura pas assez de place pour avoir plus que deux enfants. «À long terme, ça risque d’être plus difficile. Dans ces condos, il manque toujours une chambre.» Déménager à Griffintown? «On aimerait bien rester ici, mais tout est ouvert», convient le père de famille.

Il remarque qu’une grande part de la population du quartier est composée de trentenaires, des jeunes professionnels qui auront probablement des enfants. «Est-ce que les gens vont élever leurs enfants ici? On verra. On est à se questionner sur l’offre pour ce qui est des garderies, des lieux.»

C’est la critique dont fait l’objet Griffintown : la Ville a cédé des terrains les uns après les autres à des promoteurs avant même d’avoir fait de planification urbaine du secteur. Aujourd’hui, elle doit acheter des terrains parce que les nouveaux résidents désirent avoir des parcs, des terrains de jeux, des écoles. «C’est comme si la Ville n’avait pas réalisé assez vite que tout à coup ça allait devenir un milieu de vie.»

Évolution future?

Un quartier industriel qui a subi d’immenses démolitions et des projets de rénovation urbaine assez importants ne deviendra jamais l’équivalent de Rosemont ou du Plateau, avec «l’ambiance des rues de triplex bordées d’arbres et le dépanneur de coin de rue».

La force de Griffintown? Le canal de Lachine, sa proximité avec les quartiers limitrophes ainsi que la rue Notre-Dame qui sert d’axe pour les relier. Tout le potentiel qu’a ce territoire à se distinguer des autres dépend principalement de l’aménagement que la Ville fera du domaine public et de la voirie. L’urbanologue pense que la municipalité doit sortir des sentiers battus pour trouver «des solutions originales pour créer des parcours, pour créer un caractère, une ambiance dans les rues».

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