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Le nord de l’Épire, le visage rustique de la Grèce

Écrit par Christiane Goor et Charles Mahaux, Epoch Times
17.05.2015
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  • Plaisir de randonner le long des sentiers muletiers jalonnés de ponts de pierre élancés à deux ou trois arches. (Charles Mahaux)

De la verdure à perte de vue, une nature foisonnante, des paysages escarpés, des gorges profondes, des torrents d’eau limpide, de vieux ponts de pierre et des villages intemporels humblement adossés aux collines vertes, tel se découvre l’arrière-pays de l’Épire. Une aubaine pour les amoureux de la nature et ceux qui apprécient un mode de vie ancestral.

Quand le soleil est au zénith, ses rayons percent la voûte feuillue que dessinent les branches des arbres au-dessus de la source qui jaillit du sol avec une puissance inouïe de 330 litres à la seconde. Heure précieuse qui permet d’admirer le ballet des libellules bleues dont les couleurs s’électrisent dans la lumière dorée. Mana Nerou, tel est le nom de cette source, nourricière pour toute la région. Il suffit de suivre à pied le torrent bouillonnant jusqu’au moulin proche de Bourazani pour comprendre comment la force de l’eau ingénieusement utilisée par les hommes depuis des siècles a permis d’alimenter toute une économie locale.

Tout comme jadis

Moulin à farine, moulin à marteaux, scierie à eau, autant d’utilisations sur le même site, dont les plus spectaculaires sont les deux cuves en bois dans lesquelles se déverse l’eau de la source avec la pression d’une chute de 8 mètres. Pour quelques euros, le meunier y plonge des tapis et couvertures entraînés dans un tourbillon d’eau vive, tout comme dans une machine à lessiver. Un quart d’heure plus tard, il les sort et les tend dans le pré, sur des fils à linge métalliques où ils sécheront la journée durant en attendant que leurs propriétaires viennent les récupérer. Cette activité très particulière pour le voyageur de passage répond à une longue tradition propre aux Balkans mais elle a disparu dans les pays soumis au régime communiste, celui-ci préférant utiliser la force de l’eau pour produire de l’électricité. Les cuves servaient également à fouler les tissus de laine qui étaient ensuite battus durant plusieurs heures au moyen de maillets de bois mus par la roue. Ainsi feutrée et assouplie par le foulage, la laine offrait une meilleure protection contre le froid.

Au-delà du moulin, l’eau est distribuée dans des petits canaux qui irriguent la plaine cultivée avant de rejoindre la rivière Aoös dont le cours sinueux trace la frontière avec l’Albanie. Depuis le village voisin de Aïdonochori, on découvre le site enchanteur du monastère des Archanges de Goura, construit au sommet d’un mamelon qui ouvre la vue sur un panorama qui évoque les tableaux paisibles de jadis: en arrière-plan la montagne albanaise dont les flancs s’évasent vers les méandres d’une rivière enjambée par un pont dont chaque entrée est un bureau de douane entre la Grèce et l’Albanie; en avant-plan, la plaine quadrillée de petits champs de céréales blondes parsemées de fleurs sauvages.

  • Rien de tel que le kayak ou le rafting pour découvrir le cœur vert de l’Epire. (Charles Mahaux)

Le parc national du Vikos-Aoos

Le Pinde est l’un des plus vastes massifs montagneux de la Grèce, il s’étire depuis la frontière albanaise jusqu’au cœur de la Grèce centrale et englobe presque la totalité de l’Épire. La richesse exceptionnelle de la faune et de la flore de la région a amené le gouvernement à protéger le site en y créant un parc naturel traversé par l’Aoös mais aussi par la Voïdomatis, une rivière à truites bien connue des pêcheurs à la mouche. L’impressionnant pont muletier qui enjambe l’Aoös à Konitsa ouvre en quelque sorte la porte des gorges. Construit en 1870 par un artisan local, il témoigne du génie de son créateur car l’arche atteint une hauteur de 20 mètres qui permet de découvrir le canyon de l’Aoös qui invite à une balade au cœur d’une végétation dense tout en suivant les eaux turquoise de la rivière.

Plus impressionnants, les douze kilomètres des gorges de Vikos creusées au fil des millénaires par la rivière Voïdomatis avec un dénivelé de près de mille mètres, elles seraient les plus longues d’Europe. Des dimensions qui en font une attraction incontournable pour les randonneurs mais aussi pour les amateurs de rafting. Pas besoin d’être un as de ce sport car les cascades peu nombreuses ne sont guère tourbillonnantes.

À la fois réserve zoologique et jardin naturel, le parc abrite de multiples écosystèmes, entre maquis denses, forêts de conifères, prairies préalpines et zones lacustres, de quoi offrir un petit paradis à une flore très variée. On y trouve ainsi une cinquantaine d’orchidées différentes, certaines endémiques, une centaine de variétés de papillons tandis que sangliers, chevreuils, daims, chamois, chats sauvages, ours bruns et chacals hantent les sous-bois et les parois rocheuses. L’eau du fleuve Voïdomatis y est si pure et si préservée de l’homme qu’on peut la boire tout au long de la randonnée ou d’une escapade en rafting.

Les villages des Zagoria

Pas moins de 46 villages de pierre aux toitures couvertes de lauze surplombent les gorges. Autrefois, cette région gagna sous la domination ottomane le droit à l’autonomie à condition de s’engager à rester fidèles au sultan et à lui fournir régulièrement des garçons d’écurie. Ces privilèges vont les autoriser à commercer librement dans l’empire ottoman, ce qui assurera une certaine prospérité à la région. Les maisons, même de dimensions modestes, sont cossues pour des habitations montagnardes traditionnelles et un superbe réseau de sentiers muletiers jalonnés de ponts de pierre élancés à deux ou trois arches relient encore aujourd’hui les villages entre eux.

  • Le Nord de l’Epire, de la verdure à perte de vue…(Charles Mahaux)

De nombreux villages qui opposaient une résistance farouche à l’envahisseur allemand ont été détruits. Ils se sont alors vidés peu à peu. La crise que connaît la Grèce depuis quelques années a encouragé des familles à quitter les villes pour retourner dans l’arrière-pays et certains villages connaissent un vrai regain de vie. Des maisons sont restaurées, on y a ouvert des pensions de famille et chaque soir, le kafeneion réunit les uns et les autres qui ne se lassent pas d’admirer le coucher de soleil sur les gorges. À Monodendri, il faut gagner à pied le monastère d’Agia Paraskevi accroché à la falaise tel un bastion de pierres grises. Les moines avaient creusé un étroit chemin dans la roche qui leur permettait de s’échapper dans une grotte en cas d’invasion. Le sentier longe le précipice en épousant les flancs escarpés de la falaise et offre un point de vue exceptionnel sur les gorges de Vikos. Camaïeu de verts et de bleus, un tableau envoûtant qui invite à emprunter les sentiers qui zigzaguent d’un village à l’autre, en passant par le creux du canyon.

Christiane Goor, journaliste. Charles Mahaux, photographe. Un couple, deux expressions complémentaires, ils fixent l’instant et le racontent. Leur passion, ils la mettent au service du voyage, de la rencontre avec l’autre.  

Infos pratiques

Un site incontournable:

www.visitgreece.gr

Pour mieux comprendre la flore et la faune de la région, une visite au parc d’éducation environnementale de Bourazani, 350 ha peuplés de près d’un millier de mammifères qui se découvrent lors d’un circuit en voiture. Le musée d’histoire naturelle locale y est également très intéressant.

Quand y aller?

L’Epire est une destination verte toute saison contrairement à la plupart des sites de vacances grecs. Le rafting est possible dès le printemps jusqu’en automne, les couleurs y sont flamboyantes. La vie déjà ralentie dans cette région poursuit son rythme pour les autochtones et il y aura toujours une pension ou un hôtel pour recevoir les voyageurs.

Y aller:

En été le plus rapide est de passer par Corfou via les low cost de vacances. Y louer une voiture, prendre le ferry vers Igoumenitsa, en Épire. deux heures de traversée paisible. Il faut compter ensuite une heure de voiture pour joindre Bourazani et 20 minutes en plus vers les villages des Zagoria. La voiture est essentielle sur place pour se rendre d’un coin à l’autre mais les distances sont courtes. En dehors de l’été, il faut passer par Thessalonique, en Macédoine. Il faut alors compter trois heures de route pour franchir quelque 250 km.

Se loger:

À Bourazani, dans un ancien relais de chasse dont les 20 chambres ont une petite touche Liberty, www.bourazani.gr Le propriétaire qui parle français et anglais est d’excellents conseils pour découvrir la région. Dans les Zagoria, le charmant village de Aristi est un bon point de départ pour les randonnées vers Vikos, Micro Papingo et Megalo Papingo. Le Taxiarches Hotel est un trois étoiles avec une très belle vue sur la montagne. Le propriétaire propose ses services pour visiter la région et pratiquer du rafting: www.taxiarches.gr

La gastronomie:

Elle se veut simple mais goûteuse, à base des produits de la région: des légumes frais, du mouton, du gibier, des yaourts onctueux, des pitas maison, des fruits confits… À découvrir entre autres au restaurant de l’hôtel Bourazani dont la table servie sur la terrasse est particulièrement raffinée. Autre belle étape, à Vikos, un hameau qui réunit à peine une vingtaine de personnes, l’unique taverne de la place fait l’unanimité entre les villages voisins. Le sud de l’Épire produit du vin que l’on retrouve sur toutes les tables. Dans la montagne, on apprécie le tsipouro, un alcool fort réalisé en distillant le jus de raisin dans des petits alambics au cœur même des communautés villageoises.

 

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