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Édito

Quotas d’accostage

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
19.05.2015
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La situation en Méditerranée évoque maintenant certains films d’anticipation dans lesquels des pays riches se murent pour empêcher tout contact avec des masses extérieures, pauvres, sales et malades. Dans les scénarios hollywoodiens habituels, un de ces persécutés – héros ordinaire ou « élu » – réussit à entrer dans la citadelle et à finalement faire exploser un centre de commandement quelconque pour permettre la destruction des barrières entre les deux mondes. Combien en rêvent hors de nos frontières? Quand des milliers de morts noyés en Méditerranée occupent moins l’actualité et nos esprits qu’une tentative d’attentat déjouée ou un match de football, nous ressemblons effectivement aux nantis égoïstes de ces productions américaines.

Arrivé à ce point, l’empathie mène certains à prôner une ouverture complète des frontières, à rêver d’un monde sans nations. Cet idéal se heurte à une réalité plus profonde: ces frontières et ces nations marquent le fait que si nous partageons tous le fait d’être humains, venus sur la même planète et pour la même raison, notre passage ici nous a ancrés à une terre, à une histoire et à une culture. Que peut produire le déracinement massif de populations et une tentative d’absorption de ce qu’ils sont dans un autre peuple, une autre culture, d’autres valeurs? Pour les migrants, des générations perdues et le sentiment d’être toujours étranger; pour les accueillants, une fragilisation de leur propre culture et héritage.

Ces considérations générales se heurtent à la violence du besoin des populations de Syrie, d’Érythrée, de Libye et d’ailleurs: aujourd’hui, ne pas leur offrir un asile au moins provisoire équivaut à les condamner à mort. Le leur offrir signifie par contre créer un appel d’air pour plus de migrants encore, que l’Europe pense n’avoir vocation ni à accueillir, ni à intégrer, et qui font perdre à leur pays d’origine les forces qui devraient permettre leur développement. Pour résoudre cette difficile équation, la Commission européenne a proposé le 13 mai le résultat d’un travail d’équilibriste imposant un quota d’accueil de migrants à chaque pays de l’Union, pour faire face à l’urgence humanitaire du pourtour méditerranéen tout en continuant de lutter contre les réseaux d’immigration clandestine. Si la proposition est validée, chaque pays devra offrir asile à un nombre de migrants proportionnel à la taille de son pays, pondérée par la mesure de son taux de chômage.

Voilà pour le court-terme, mais… Manuel Valls a rejeté la proposition européenne en considérant que la France a déjà fourni suffisamment d’efforts ; les pays d’Europe centrale, très peu ouverts à l’immigration, s’opposant aussi à cette mesure, celle-ci va au mieux être longuement discutée, et peut-être même enterrée. Le long-terme reste donc encore plus dans les nimbes: la Commission ne propose pas mieux que l’organisation d’un Sommet de l’Union et la création de postes d’officiers de liaison à l’immigration, dont l’impact avoisinera le zéro parfait si aucun investissement n’est fait pour le développement des pays qui les accueilleront. Il est certainement juste de ne pas accepter d’accueillir tous les migrants qui le souhaitent en Europe simplement parce que la vie y est meilleure; cette position n’est par contre tenable que quand nous n’avons pas, comme dans le cas de la Libye, directement provoqué la situation qu’ils subissent – et que si nous marquons les valeurs de l’Union en convertissant les moyens que nous aurions dû investir pour les accueillir en ressources pour le développement de leurs pays.

 

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