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Le dépistage précoce des cancers par biopsie optique en temps réel, une avancée significative et prometteuse

Écrit par Hélène Panzera, Epoch Times
24.05.2015
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  • Le diagnostic se fait en temps réel en visualisant par microscopie confocale les lésions cancéreuses dès leur formation à l’état cellulaire. (Mauna Kea Technologie)

Avec le Cellvizio, le diagnostic se fait en temps réel en visualisant par microscopie confocale, les lésions cancéreuses dès leur formation à l’état cellulaire. Cet endomicroscope flexible passe par le canal opérateur de l’endoscope. L’unité de balayage laser (nouveau type de microscope compact) permet d’illuminer les tissus organiques et d’obtenir une vidéo tissulaire de 12 images par seconde au micron près. Le contraste des tissus est obtenu grâce à une injection de fluorescéine faite au patient.

Sacha Loiseau, fondateur et  directeur général de Mauna Kea Technologie à Paris et le docteur Bertrand Napoléon, gastro-entérologue à l’hôpital Jean-Mermoz à Lyon, partagent leurs expériences.

Monsieur Loiseau, parlez-nous du lien entre votre carrière d’astrophysicien à la NASA tourné vers l’infiniment grand et la création du plus petit microscope dédié à la médecine aujourd’hui.

Sacha Loiseau: C’est un chemin sinueux. Issu d’une famille d’entrepreneurs,  j’ai toujours eu envie d’entreprendre de créer quelque chose qui avait un sens à mes yeux.  Menant une carrière dans l’astrophysique, une passion depuis l’enfance, j’ai croisé des gens fantastiques, dès le début de ma carrière, et j’ai eu l’opportunité de travailler avec mon directeur de thèse, sur une recherche d’applications technologiques utilisées en astronomie, à des fins médicales. Puis j’ai développé un grand intérêt pour l’imagerie médicale. Je me suis naturellement investi dans ce projet en collaborant avec des médecins, étant encore en poste à la NASA, pour finalement, voir se concrétiser un projet d’entreprise; je suis revenu en France pour créer cette entreprise. 

Comment êtes-vous passé du concept à la concrétisation?

L’innovation est un long chemin. Apportant une vision multidisciplinaire par mon expérience en développement d’instruments d’astronomie, je me suis entouré de gens issus de différents domaines: optique, électronique, traitement d’images médicales. J’ai noué une collaboration avec Nicholas Ayache, directeur de recherche à l’INRIA et titulaire de la chaire d’informatique et sciences numériques au  Collège de France et François Lacombe, qui a été mon professeur d’astrophysique, devenu notre directeur de la science et de l’innovation. La concrétisation du Cellvizio est le fruit élaboré d’un mix de professionnels, aux profils très différents.

Docteur Napoléon, comment l’usage du Cellvizio est devenu incontournable?

Docteur Napoléon: Avant l’utilisation de cet outil, la réalité tissulaire que l’on voyait en endoscopie digestive ne donnait aucune certitude de diagnostic en temps réel. Selon les organes explorés, ou les configurations anatomiques, l’endoscope pouvait ne pas passer et le prélèvement ne renseignait pas sur la nature des lésions. Utiliser cet outil donnant une vision directe au niveau cellulaire, sans biopsie, a révolutionné le diagnostic. Par exemple, pour l’œsophage, les biopsies basiques restent aléatoires; l’endoscopie peut détecter des lésions cancéreuses en relief, mais pas des tumeurs débutantes au stade cellulaire. Grâce au Cellvizio, on visionne directement à l’échelle microscopique,  les biopsies sont ciblées sur les zones identifiées comme anormales. On peut également déterminer le contour d’une tumeur avant de la réséquer. Pour le pancréas, l’utilisation du Cellvizio va permettre d’orienter le traitement des kystes selon leur nature, en évitant des chirurgies inutiles, coûteuses et stressante pour le patient.

Comment s’est faite la synergie entre la technologie et l’utilisation expérimentale?

Des spécialistes en pathologies digestives ont eu une réflexion sur les applications  potentielles de ce nouvel outil, proposé par Mauna Kea Technologies. Pour le pancréas, on avait la  problématique clinique pour différencier la nature des kystes. Des études ont été menées, pour évaluer le potentiel de cet outil et des risques éventuels pour les patients. Se faisant, on a comparé la méthode conventionnelle avec celle du Cellvizio. Les applications se sont mises en place progressivement. Pour l’œsophage et les voies biliaires, le développement s’est fait aux États-Unis, et en France pour le pancréas.

Après cette phase, comment avez-vous croisé vos connaissances?

L’expertise et le développement des connaissances acquises au Cellvizio se sont faites par le biais de publications médicales successives. Par exemple, pour le pancréas, nous avons pu décrire, corroborer les images et les pathologies puis les publier dans des revues internationales. Les praticiens se sont formés par voyage de formation dans les centres hospitaliers. L’enseignement est problématique parce que les images sont totalement nouvelles pour nous. Nous avons eu besoin de la coopération de nos anatomopathologistes spécialistes des images cellulaires, images néanmoins différentes, car à la fois dynamiques et aux colorations limitées. 

De ce fait, vous avez dû constituer une galerie de photos?

Oui. Le processus initial constitue une galerie d’images et de vidéos, que l’on compare avec la pièce opératoire prélevée et analysée. On recherche  une logique entre les images en rapport avec l’étude des tissus. Puis, on évalue combien de fois,  les images typiques se retrouvent dans un groupe de patients, présentant la tumeur et si on la retrouve dans d’autres pathologies. Les images validées, on évalue la concordance des images avec un groupe de médecins non experts de la technique. Cette étape validée, les images et vidéos servent d’outils formateurs, créant une base d’apprentissage performant. Cette nouvelle spécialité est exigeante dans son apprentissage et complètement différente de ce qui était connu.

Aujourd’hui, quels domaines médicaux bénéficient de la biopsie optique? À l’avenir, quels autres progrès s’annoncent selon vous?

Actuellement c’est dans le domaine digestif que l’expertise est la plus aboutie. Les indications reconnues sont: le dépistage des cancers de l’œsophage, des voies biliaires, les kystes du pancréas; sont à l’étude, les polypes et cancers du côlon, les maladies inflammatoires de l’intestin. En pneumologie, urologie, neurologie et chirurgie cela reste encore à l’étude.

Qu’en est-il de la prise en charge de ce nouvel examen? Qu’elles seraient, les attentes des praticiens compte tenu des restrictions budgétaires de la santé?

Un nouvel examen passe par un processus de validation scientifique par la Haute Autorité de Santé (HAS) qui  va statuer sur sa nécessité pour des pathologies spécifiques; depuis  quatre mois, son intérêt est reconnu pour l’œsophage,  mais il ne bénéficie d’aucune rémunération ni pour le médecin ni pour l’établissement qui le pratique. Une fois validé par la  HAS, une cotation est  créée dans la nomenclature par la CPAM. Seulement alors, une rémunération est proposée pour l’établissement. Entre le moment où l’acte est créé et où il est rémunéré, le processus est extrêmement long, c’est une des problématiques françaises. Mauna Kea Technologies  a démontré par des études médico-économiques que l’utilisation de cet outil permettait en fin de compte  d’économiser de l’argent. Les  pays anglo-saxons ont compris l’importance de promouvoir et de rémunérer cet examen, mais en France l’approche est moins rationnelle. La tendance française vise l’économie d’aujourd’hui plutôt que celle des 5 ou 10 prochaines années. Pour le patient, la pénibilité économisée est rarement prise en compte dans ce domaine...

D’où viennent les fonds  pour développer cette innovation? 

Les fonds publics ont été accordés au stade de recherche, ce délai étant passé, ce sont uniquement des fonds privés. La biopsie optique est en  attente d’une cotation; elle est pratiquée aujourd’hui en même temps que l’exploration classique de l’organe sans être payée, sur le temps de travail du médecin et aux frais de l’établissement. La sonde d’endomicroscope Cellvizio coûte de 4 à 5.000€. Son utilisation est à usage limité pour éviter tous risques. Pour le pancréas par exemple, 10 usages, soit un coût moyen de 400€ par patient…

Selon Mauna Kea Technologies,  sur les trois dossiers (œsophage, voies biliaires et colon) déposés en 2010 à la HAS sur l’usage du Cellvizio, seul un dossier a été consulté et a obtenu un avis favorable en 2014. Aux États-Unis dans le même temps, l’Association Médicale Américaine a accepté et donné une cotation pour l’œsophage en treize mois et depuis 2015, pour les voies biliaires, versus en France, six, sept ans, voire encore plus, rien que pour la cotation pour le premier dossier de l’œsophage.

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.