Un campus scientifique et économique de rayonnement mondial, nommé Paris-Saclay, est sur le point d’émerger à vingt kilomètres au sud de Paris, sur le territoire de l’Essonne et des Yvelines, près de la vallée de Chevreuse. Il sera l’un des éléments déterminants du Grand Paris et porte l’espoir que ce lieu puisse rivaliser avec les plus grands technopôles du monde, comme Cambridge, Boston ou la Silicon Valley. Le projet entre actuellement dans sa phase de construction.

Depuis les années 1970, les plus grandes écoles se sont installées dans cette région exceptionnellement verdoyante: Polytechnique, HEC, Centrale, ENS Cachan, l’Inserm, l’Institut mines-télécom, le CEA, le CNRS et l’université d’Orsay. De grandes sociétés ont également profité de ce cadre si attirant pour y installer leurs entreprises: EDF, Danone, Thales et bien d’autres encore… Des transports relieront les différentes grandes écoles et faciliteront leur collaboration, une ligne de métro (la 18) raccordera Versailles à Orly, aidant au fonctionnement en réseau.

Un projet scientifique et économique exceptionnel

Paris-Saclay sera un centre scientifique de rayonnement mondial qui permettra la compétitivité et facilitera l’appareil industriel national, devenant un lieu du ferment de développement économique local. C’est un projet majeur d’aménagement du territoire.

Le 30 octobre 2012, lors du 7e Forum de la Recherche et de l’Innovation, Jean-Marc Ayrault disait dans son discours: «Paris-Saclay est un projet scientifique et économique exceptionnel, exemple national du redressement de notre compétitivité et de notre appareil industriel. Sur le plan scientifique, c’est inédit en France. C’est le regroupement de 2 universités, de 11 grandes écoles et 6 organismes de recherche. Soit plus de 10.000 chercheurs et enseignants-chercheurs, près de 50.000 étudiants, dont 30.000 en master et en doctorat. C’est remarquable comme regroupement, c’est remarquable sur le plan quantitatif mais bien sûr vous le voyez sur le plan qualitatif. L’une des deux universités, Paris Sud, est celle dont la notoriété internationale est la plus forte; les grandes écoles concernées sont considérées comme les meilleures, et quasiment tous les grands organismes y sont implantés.»

Polytechnique choisit les architectes de son nouveau bâtiment

Le 16 mars 2015, l’École Polytechnique a désigné Sou Fujimoto et ses associés Manal Rachdi Oxo Architectes et Nicolas Laisné, lauréats du concours pour la conception d’un bâtiment d’enseignements mutualisés sur le campus Paris-Saclay. L’équipe multidisciplinaire a été choisie pour réaliser à Palaiseau, à l’ouest du quartier de l’École Polytechnique, un bâtiment de 10.000 m² où seront hébergés des programmes pédagogiques mutualisés entre les établissements d’enseignement supérieur et de recherche de l’École Polytechnique, de l’Institut des Mines-Télécom, d’AgroParisTech, de l’ENSTA (École nationale supérieure de techniques avancées), de l’ENSAE (École nationale de la statistique et de l’administration économique) et de l’Institut d’Optique (IOGS).

Cette nouvelle construction devra ouvrir ses portes en septembre 2018. «Le projet porté par le groupement Oxo architecte a séduit par son ouverture sur le quartier, sa grande transparence et sa porosité avec un jeu sur les limites grâce à la présence de la toiture en débord, d’une grande façade vitrée et de végétation intérieure.» Ce projet symbolise le rapprochement de six établissements d’enseignement supérieur, tous membres de l’université Paris-Saclay, il est un point de convergence, pensé comme un prolongement des qualités du projet paysager qui l’entoure.

Caractéristiques du nouveau bâtiment

Le bâtiment d’une surface d’environ 10.000 m² se laisse envahir par la nature du parc linéaire voisin. Un large espace abrite une végétation légère et un jeu de passerelles et d’escaliers qui sont autant d’espaces informels permettant aux enseignants, aux étudiants et aux visiteurs de se retrouver ou de travailler. Ces plates-formes, «amphithéâtres spontanés» et salles de classes, sont réunies sous un même toit offrant promiscuité et intimité, dans une relation privilégiée avec la nature. On se croise ainsi non plus dans des couloirs mais dans des lieux de vie, au milieu d’un espace baigné de lumière douce aux vues surprenantes et changeantes. Sa large façade transparente ouvrira à l’Est sur de vastes espaces publics couverts de pelouses et partiellement boisés. Le bâtiment se lit comme un espace ouvert dévoilant les activités se déroulant en son cœur et se veut un emblème architectural et académique du futur quartier.

Le bâtiment hébergera 150 personnes et accueillera 2.000 étudiants au sein de ses locaux à la typologie variée. Des salles de télé-enseignement, de visioconférence et des espaces de travail collaboratif tels que des boxes de travail ou des salles projets permettront d’optimiser l’environnement pour une offre pédagogique centrée sur l’interactivité et les outils numériques. Le bâtiment accueillera également une cafétéria et des espaces de détente favorisant la sérénité, elle-même encouragée par la proximité immédiate des laboratoires de recherche de l’École polytechnique.

Paris-Saclay voit grand

Des étudiants issus de 19 grandes écoles se retrouveront sur le campus de la nouvelle université dès la rentrée prochaine. Après trois ans de tractations menées par la Communauté d’universités et établissements, le décret de sa création a été publié le 31 décembre 2014 au Journal officiel. Il mentionne l’un des futurs fleurons de l’enseignement supérieur français, qui impressionne par ses dimensions. Le campus de la taille d’une ville – 12.000 logements y sont construits – sera divisé en quatre grands quartiers situés à Palaiseau, Gif-sur-Yvette, Orsay (Essonne) et Jouy-en-Josas (Yvelines). Il accueillera 60.000 étudiants à la rentrée prochaine, soit le double de l’université de Jussieu (Paris VI).

Parmi les 19 grandes écoles, on compte Polytechnique, l’ENS Cachan, Supélec et l’université Paris-Sud, rassemblés sous la même bannière. Sept organismes de recherche sont également associés au projet. Parmi eux, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ou encore l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).

Selon Dominique Vernay, président de la fondation de coopération scientifique, à l’origine de la création de l’université, «nous allons pouvoir coordonner une stratégie de recherches, une belle opportunité pour travailler sur des enjeux interdisciplinaires comme la modélisation de la cellule, cruciale pour comprendre les mécanismes du vivant et anticiper quels pourraient être les médicaments du futur». Mais la physique, la chimie, la biologie et les mathématiques ne seront pas les seuls enseignements dispensés: Paris-Saclay possédera aussi ses départements de droit, d’économie et de sciences humaines.

L’importance du classement international de Shanghai

Le classement de Shanghai se concentre sur les performances de la recherche, surtout scientifique, sans considérer la qualité de l’enseignement. Il recense les lauréats Nobel et Fields parmi les enseignants (20% de la note) et les anciens diplômés (10%), fait la part belle au nombre de publications, dans l’année passée, dans deux revues anglophones, Nature et Science (20%), aux citations de ces articles (20%), aux chercheurs cités au cours des cinq années précédentes (20%) et à la performance académique, rapportée au nombre d’enseignants-chercheurs (10%). La première université classée se voit attribuer la note 100 et les suivantes vont en diminuant.

Pour la France, Shanghai est une humiliation: les universités françaises sont mal placées. Le pays réagit: on réforme les structures, on finance des projets, on regroupe les établissements… Selon Geneviève Fioraso, secrétaire d’État à l’enseignement supérieur, «on ne fonde pas une politique sur le classement de Shanghai.» On n’y croit pas, mais on s’y réfère. Avec ce nouveau campus, on espère un nouveau classement.