Australie : les « Neuf de Bali » déclenchent un débat sur la peine de mort

Écrit par Andrew Owens, La Grande Époque Sydney
22.09.2006

Quatre membres supplémentaires des « neuf de Bali », ces Australiens jugés en Indonésie pour trafic de drogue, ont été condamnés a mort la semaine dernière. Cette nouvelle a déclenché un débat sur la cohérence de l’attitude de l’Australie vis-à-vis de la peine de mort. L’émotion est d’autant plus vive que le verdict initial ne condamnait ces quatre personnes qu’à de longues peines de prison ferme. Leur choix de faire appel leur coûte la vie.

  • Les u00ab neuf de Bali »(Staff: JEWEL SAMAD / 2006 AFP)

Le Premier ministre John Howard a affirmé la semaine dernière qu’il interviendrait au niveau présidentiel, une fois toutes les autres possibilités épuisées, pour aider à faire casser les condamnations à mort des trafiquants d’héroïne.

« Je parlerai au président Yudhoyono et je parlerai très fermement car nous ne croyons pas à la peine de mort », a dit M. Howard.

Toutefois, le Conseil pour les Libertés Civiles du New South Wales en Australie a déclaré dans un document publié en juin cette année, « qu’il y a eu un affaiblissement dramatique des politiques australiennes contre la peine de mort. » D’après le groupe qui cite des documents gouvernementaux obtenus grâce à la législation sur la liberté de l’information, le ministre de la Justice, le Sénateur Chris Ellison a « donné le feu vert à la police fédérale australienne (PFA) pour continuer a coopérer avec la police indonésienne qui enquête sur les attentats de Bali d’octobre 2002 – malgré le fait qu’il savait que des gens seraient exécutés. »

Pour le Dr Michael Fullilove, Directeur du Programme pour les Questions Mondiales à l’Institut Lowly de politique internationale, les Indonésiens considèrent de plus en plus les hommes politiques australiens comme des hypocrites, qui soutiennent publiquement la peine de mort dans certains cas et s’y opposent dans d’autres.

« Il est très possible que les trafiquants de drogue de Bali et les terroristes de Bali soient exécutés à peu près au même moment, et cela montrera clairement à la fois aux politiciens et au public qu’il est très difficile d’être d’un côté en faveur des exécutions quand c’est lié à des gens qui ont fait du mal aux Australiens, et de l’autre côté contre quand cela concerne des Australiens qui ont fait du mal à d’autres personnes », a dit le Dr Fullilove à la chaîne ABC la semaine dernière.

Le Conseil légal australien a de son côté vertement critiqué le rôle tenu par la police fédérale australienne, qui d’après le Conseil a aidé les autorités indonésiennes à enquêter sur les neuf de Bali, alors qu’elle savait très bien que la peine de mort les attendait.

En Indonésie, le climat politique actuel n’est pas favorable aux neuf de Bali car une explosion de la consommation de drogue parmi la jeunesse de la classe moyenne a poussé le gouvernement et le système judiciaire à adopter une attitude extrêmement sévère vis-à-vis des trafiquants.

« Si nous ne sommes pas sérieux dans le combat contre les trafiquants, notre pays deviendra un paradis pour la drogue », justifie le chef de la police indonésienne, le Général Sutanto, défendant la décision de la cour d’appel.

Soixante-cinq personnes attendent en Indonésie d’être exécutées, la plupart pour des crimes en rapport avec le marché des stupéfiants.