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La modernisation de la rue Notre-Dame fait craindre le pire aux citoyens

Écrit par Patrice-Hans Perrier, La Grande Époque-Montréal
28.01.2008
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  • Dessin du boulevard urbain envisagé sur la rue Notre-Dame(攝影: / 大紀元)

C’est une véritable guerre de tranchée qui oppose actuellement le ministère des Transports du Québec (MTQ) et un groupe de citoyens du sud-est de Montréal. La nouvelle mouture du projet de modernisation de la rue Notre-Dame est loin de faire l’unanimité. Même la Direction de la santé publique de Montréal s’oppose à l’augmentation de la capacité de circulation de ce qui constituera le prolongement en bonne et due forme de l’autoroute Ville-Marie.

Voilà que les autorités municipales, de concert avec le MTQ, viennent de donner le feu vert à ce projet qui tarde à se réaliser depuis plus de trois décennies. Si l’ensemble de la population reconnaît qu’il faudra mener à bien cette grande entreprise de raccordement, plusieurs citoyens auraient préféré que l’on s’entende pour implanter un boulevard urbain.

Dans le sillage des audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), nos édiles s’étaient rangés derrière le concept d’un boulevard urbain, histoire de profiter de cette mise à niveau des infrastructures routières pour retisser une trame urbaine mise à mal par un demi-siècle d’incurie. Mais, depuis 2002, il faut croire que le développement de la couronne nord de Montréal aura eu raison des velléités de l’administration Tremblay de développer les transports en commun dans une ville gangrenée par les stationnements et l’absence d’un développement urbain concerté.

Un déni de démocratie

Un collectif de citoyens réunis sous la bannière de la Coalition pour humaniser la rue Notre-Dame vient de passer en mode riposte dans un contexte où les élus ignorent la volonté populaire et semblent disposés à sacrifier le développement urbain des anciens faubourgs ouvriers de l’Est au profit de l’ouverture anticipé du pont de la 25, dans le nord-est de la métropole.

Gaétan Legault, fondateur et coordonnateur de cette coalition, nous rappelait en entrevue que «la ville avait présenté un mémoire devant le BAPE qui faisait la part belle au développement d’un boulevard multimodal, en lieu et place d’une véritable autoroute. Il faut croire que la ville aurait marchandé certaines subventions de la part de Québec, et je pense au Quartier des Spectacles, en échange de la construction d’un véritable pipeline pour automobiles».

On pourrait donc se retrouver avec une autoroute en bonne et due forme tout au long d’un parcours de neuf kilomètres qui transformera les abords des quartiers Sainte-Marie, Hochelaga-Maisonneuve et Mercier en véritable zone sinistrée. Bien entendu, les ingénieurs du MTQ veulent consolider le parc linéaire qui a été aménagé en bordure de ce secteur de Notre-Dame et y ajouter, au besoin, des murs anti-bruit.

Quelques consultations publiques ont été organisées en janvier 2008, histoire de calmer le jeu et de faire acte de conciliation auprès des populations riveraines. Toutefois, les principaux intéressés ne veulent pas être consultés à propos des mesures «correctrices» à apporter à l’autoroute, mais bien plutôt sur le projet lui-même. Et c’est ici que le bât blesse.

Le MTQ argue que son projet autoroutier viendra aider à désengorger des quartiers aux prises avec une circulation de transit qui cause bien des nuisances à l’heure actuelle. Mais selon M. Legault, «s’il y avait des bouchons causés par des accidents ou des travaux, les nombreux accès prévus permettront à la circulation automobile de se déverser dans le quartier». Et, alors que de nombreuses études font état d’une augmentation de 50 000 véhicules par jour, on ne voit pas très bien comment cette autoroute pourrait parvenir à canaliser une circulation de transit qui cause bien des accidents dans ce secteur.

C’est ce qui avait amené la population à opter pour la transformation de cette artère désuète en véritable boulevard urbain, lors des audiences du BAPE en 2002. Les urbanistes de la ville, ainsi que de nombreux spécialistes dans le domaine des transports urbains, affirmaient qu’un boulevard urbain permettrait de retisser la trame urbaine, de déployer une nouvelle offre de transports en commun et de désengorger la circulation de transit des quartiers limitrophes en se connectant tout naturellement au réseau artériel en présence.

Un développement urbain compromis

En outre, la Direction de la santé publique de Montréal n’a pas hésité à affirmer qu’une augmentation de 50 000 véhicules par jour sera une atteinte à la santé publique, engendrant des coûts sociaux énormes pour les décennies à venir. Plusieurs études attestent que les femmes enceintes qui demeurent en bordure d’une autoroute courent le risque de donner naissance à des enfants qui éprouveront des troubles de croissance par la suite.

Par ailleurs, Gaétan Legault nous faisait remarquer que c’est dans les quartiers centraux de Montréal (Plateau Mont-Royal, Hochelaga-Maisonneuve ou Sainte-Marie) que l’on retrouve le plus grand nombre d’accidents impliquant des piétons, des cyclistes et des automobilistes. Curieux paradoxe, puisqu’il s’agit de quartiers où le taux de propriétaires d’automobiles est parmi les plus bas sur l’île de Montréal.

Les membres de la Coalition pour humaniser la rue Notre-Dame ne voient pas d’un très bon œil ce projet coup-de-poing qui viendra implanter une autoroute à grand débit à deux pas de ce qui constitue les têtes d’îlots des quartiers limitrophes. En effet, la grande majorité des immeubles résidentiels au nord de la rue Notre-Dame a été construite à des fins de logements collectifs. Des familles monoparentales, des personnes âgées et des assistés sociaux en constituent l’essentiel des occupants. C’est ce qui fait dire à M. Legault que «l’on se servira des pauvres et des vieux comme murs anti-bruit… ce qui est scandaleux en définitive».

Les instigateurs de ce projet controversé devront probablement retourner à leurs tables à dessin. L’ensemble des organismes communautaires, une partie des élus locaux et plusieurs spécialistes refusent que «ce secteur du centre de la métropole soit sacrifié pour l’ouverture d’une nouvelle voie express pour les banlieusards», pour reprendre une expression de Gaétan Legault.

Certains politiciens municipaux, à l’instar du chef du parti Projet Montréal, estiment que la modernisation de la rue Notre-Dame pourrait favoriser une véritable renaissance des quartiers en friche de ce secteur. Le développement d’un boulevard urbain ferait en sorte de profiter de la proximité du fleuve Saint-Laurent pour implanter l’équivalent d’une promenade riveraine. Le chef de Projet Montréal cite en exemple des villes comme Portland, Barcelone ou Sydney, lesquelles ont su profiter de la réhabilitation de leurs friches industrielles pour ouvrir des fenêtres sur l’eau et les grands espaces.

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