Attentat sanglant sur un marché de Bagdad à la veille de l’Aïd

Par Epoch Times avec AFP
20 juillet 2021 06:11 Mis à jour: 20 juillet 2021 22:20

Une trentaine de personnes dont des femmes et des enfants ont été tuées et des dizaines blessées lundi dans un attentat sur un marché populaire d’une proche banlieue chiite de Bagdad, à la veille de l’Aïd al-Adha, la plus importante des fêtes musulmanes.

« Une attaque terroriste au moyen d’un engin artisanal s’est produite sur le marché d’al-Woheilat et a fait des morts », a indiqué le ministère de l’Intérieur sans fournir de bilan global.

Mais selon des sources sécuritaires et médicales, le bilan oscille entre 28 et 30 morts, dont une quinzaine de femmes et d’enfants, et entre 30 et 50 blessés.

Par ailleurs, deux sources de sécurité ont indiqué à l’AFP qu’il s’agissait d’un attentat-suicide.

L’explosion s’est produite en fin d’après-midi sur un des marchés populaires de Sadr City, immense quartier chiite déshérité de l’est de Bagdad, où de nombreuses personnes se pressaient pour faire des courses à la veille de la fête musulmane du Sacrifice.

L’attentat n’a pas été revendiqué dans l’immédiat et une enquête a été ouverte par le commandement opérationnel des forces de sécurité de Bagdad.

Des traces de sang et des morceaux de corps étaient éparpillés sur le sol, sandales et fruits et légumes jonchaient le sol, et des étals étaient totalement détruits, a constaté un photographe de l’AFP.

Les policiers et les équipes médico-légales étaient sur place et interrogeaient des témoins.

-Des Irakiens inspectent le site de l’explosion dans un marché populaire du quartier majoritairement chiite de Sadr City, à l’est de Bagdad, le 19 juillet 2021. Photo par AHMAD AL-RUBAYE / AFP via Getty Images.

Auparavant, une vidéo postée sur les réseaux sociaux avait montré le chaos régnant quelques minutes après l’explosion: femmes et enfants s’enfuyant en criant, étals ravagés et commerçants sidérés.

« Chaque fête de l’Aïd est une tragédie à Bagdad »

Le président irakien Barham Saleh a dénoncé sur Twitter « un crime haineux et d’une cruauté sans précédent ». « Ils ciblent nos civils à Sadr City à la veille de l’Aïd. Ils n’acceptent pas que les gens se réjouissent, même un instant », a-t-il condamné.

« Triste nuit de l’Aïd en Irak », a tweeté de son côté la délégation du Comité international de la Croix rouge (CICR) en Irak. Le leader chiite modéré Ammar al-Hakim a pour sa part condamné l’attentat et demandé aux autorités d’« agir pour protéger la vie des citoyens ».

Des Irakiens anonymes ont également exprimé leur douleur sur les réseaux sociaux. « Chaque fête de l’Aïd est une tragédie à Bagdad. Il nous est impossible de célébrer comme le reste de l’humanité », écrivait ainsi l’un d’entre eux.

Il s’agit du premier attentat à Bagdad depuis janvier, où 32 personnes avaient été tuées sur un marché du centre de la capitale. Un premier homme avait déclenché sa ceinture explosive et un deuxième avait fait détoner ses explosifs alors qu’un attroupement se formait pour tenter de venir en aide aux victimes.

Cet attentat avait été revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

En mai, quatre attaques non revendiquées mais attribuées à l’EI avaient visé des militaires irakiens dans des villes proches de la capitale, faisant 18 morts.

Des Irakiens allument des bougies sur le site de l’explosion dans un marché populaire du quartier majoritairement chiite de Sadr City, à l’est de Bagdad, le 19 juillet 2021. Photo par AHMAD AL-RUBAYE / AFP via Getty Images.

L’EI, qui a contrôlé de vastes portions du territoire irakien entre 2014 et 2017, a été défait par les troupes irakiennes appuyées par une coalition internationale antijihadiste dirigée par les Etats-Unis.

Défaillance des pouvoirs publics

Des cellules de cette organisation sont cependant toujours présentes dans le pays notamment dans les zones montagneuses et désertiques, et revendiquent des attaques ponctuelles.

Quelque 3.500 soldats étrangers sont toujours stationnés en Irak, dont 2.500 Américains.

Sadr City, proche banlieue populaire de Bagdad, est le fief des partisans du turbulent leader chiite Moqtada al-Sadr, dont l’influence est souvent déterminante dans la politique irakienne.

Il y a quelques jours, Moqtada al-Sadr a annoncé qu’il entendait boycotter les élections législatives prévues en octobre dans un pays miné par la gabegie et la défaillance des pouvoirs publics.

Cet attentat survient également quelques jours avant la prochaine visite aux Etats-Unis du Premier ministre Moustafa al-Kazimi, qui sera reçu par le président américain Joe Biden le 26 juillet.

 

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