Au Portugal, la crise politique suscite inquiétude et amertume

Par Epoch Times avec AFP
28 octobre 2021 22:10 Mis à jour: 28 octobre 2021 22:18

Au lendemain du rejet par le Parlement du projet de budget du gouvernement socialiste qui a ouvert une crise politique inattendue, les Portugais ont exprimé jeudi amertume et inquiétude en attendant la convocation d’élections anticipées dont le résultat risque de ne « rien changer ».

Mercredi, les partis de la gauche radicale ont voté aux côtés de l’opposition de droite pour rejeter le projet de loi de finances soumis par le gouvernement socialiste d’Antonio Costa, scellant la fin d’une alliance qui lui avait permis de diriger le pays depuis fin 2015.

La convocation d’élections législatives, qui normalement devaient avoir lieu à l’automne 2023, ne semble à ce stade plus qu’une question de calendrier.

Avant de dissoudre le Parlement, comme il a promis de le faire en cas de rejet du budget, le président conservateur Marcelo Rebelo de Sousa est tenu de mener plusieurs consultations prévues par la constitution. Ainsi, il recevra samedi les différents partis politiques avant une « réunion spéciale » du conseil d’Etat prévue mercredi prochain.

Le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa prend la parole lors de la 67e session annuelle de l’assemblée parlementaire de l’OTAN à Lisbonne, le 11 octobre 2021. (Photo : CARLOS COSTA/AFP via Getty Images)

Le pays sera privé de budget jusqu’au printemps

Alors que les élections se tiendront environ deux mois après la prévisible dissolution du Parlement, le pays sera privé de budget jusqu’au printemps et ce retard « risque de compromettre les délais du plan de relance » post-Covid qui devait permettre au Portugal de toucher des fonds européens à hauteur de 8,4% de son PIB, relève également la banque d’affaires américaine Morgan Stanley dans une note d’analyse.

Par ailleurs, les électeurs comme les observateurs de tous bords se montraient inquiets devant la perspective d’un scrutin qui n’apportera pas forcément la clarification souhaitée.

« Le président de la République pressent une crise durable, nourrie par l’impossibilité d’une majorité absolue post-électorale et par une radicalisation des positions qui rendra difficile la formation de coalitions, surtout à gauche », avance le directeur adjoint du quotidien économique Jornal de Negocios, Celso Filipe, dans un éditorial.

Le Premier ministre Antonio Costa, qui a refusé d’aborder la situation politique interne lors de son déplacement en Espagne jeudi, a pourtant émis l’espoir de remporter ces élections afin d’obtenir « une majorité renforcée, stable et durable ».

Des grèves annoncées

Ses anciens partenaires, eux, risquent de revenir « à une position qu’ils n’avaient jamais quittée: la protestation », commente pour sa part le directeur du journal de référence Publico, Manuel Carvalho, alors que plusieurs mouvements sociaux menacent de prendre de l’ampleur.

Dès jeudi après-midi, des centaines d’infirmiers ont manifesté devant le Parlement pour réclamer de meilleures conditions de travail après avoir été en première ligne pendant la pandémie de Covid-19.

Les médecins, les enseignants et l’ensemble de la fonction publique ont eux aussi annoncé des grèves pour le mois prochain, tandis que la principale confédération syndicale, proche du Parti communiste, a convoqué une manifestation nationale pour le 20 novembre.

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