Au Royaume-Uni, la popularité en berne du drapeau européen

17 février 2019 07:05 Mis à jour: 17 février 2019 07:08

A six semaines du Brexit, la demande de drapeaux européens s’est effondrée, dans l’atelier de fabrication Flying Colours à Knaresborough (nord de l’Angleterre), compensée par un regain de popularité de l’Union Jack, la bannière britannique.

« On a observé une sacrée baisse », confie à l’AFP Andy Ormrod, le directeur de l’atelier. Son entreprise a enregistré une diminution de 90% des ventes du drapeau aux douze étoiles dorées sur fond bleu depuis le référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE, en juin 2016. « Les temps ont changé, les attitudes ont changé, la demande n’est plus là », constate-t-il.

A l’inverse, les commandes d’Union Jack ont bondi de 75% depuis l’été dernier. « Les gens sentent un regain de passion pour le fait d’être britannique », juge Andy Ormrod.  L’entrepreneur, qui en avait « ras-le-bol de Bruxelles », a voté pour le Brexit. « J’ai le sentiment que nous voulons renforcer notre identité au sein du Royaume-Uni », ajoute-t-il.

Les Britanniques ont un rapport ancien et compliqué avec les drapeaux, explique Graham Bartram, vexillologue au Flag Institute, un centre de recherche londonien consacré aux drapeaux. Jusqu’à la dernière décennie, le Royaume-Uni s’est selon lui montré réticent à afficher  son propre drapeau. Et encore aujourd’hui, l’Union Jack n’est obligatoirement hissé sur les bâtiments officiels du gouvernement britannique que 21 jours par an, notamment pour les anniversaires des membres de la famille royale.

Il attribue cette modération à plusieurs causes, dont la volonté des Britanniques de minimiser les manifestations explicites de patriotisme dans un pays au passé impérialiste. « Nous avons un rapport distant avec les drapeaux », souligne-t-il, en incluant dans son jugement la bannière européenne. « Ce n’est pas un drapeau que l’on a tendance à voir au Royaume-Uni ».

De fait, jusqu’en 2007, il était illégal d’arborer un drapeau européen ou un drapeau national étranger sans autorisation préalable, l’initiative étant assimilée à de la publicité. Une modification de la loi a ensuite permis de rendre plus visible le symbole européen, qui s’est invité sur les bâtiments du parlement écossais, des assemblées de Londres ou du Pays de Galles et d’autres sites officiels.

Mais juste après le référendum de 2016, une pétition pour réclamer le retrait immédiat de tous les « drapeaux, emblèmes et logos » européens des bâtiments officiels britanniques avait réuni plus de 20.000 signatures.  Le texte avait été présenté au parlement, mais rejeté par le gouvernement, qui voulait que ces symboles restent visibles « tant que le Royaume-Uni demeurait membre de l’UE ». La situation devrait donc changer après le Brexit, prévu le 29 mars.

Un porte-parole du maire de Londres a annoncé que le drapeau européen serait retiré de la mairie. Mais aucune décision n’a encore été prise concernant le parlement écossais ou l’assemblée galloise. « Nous ferons le bilan en temps voulu », a déclaré un porte-parole de l’institution écossaise. En 2016, l’Ecosse avait voté à 62% pour le maintien dans l’UE, bien au-delà de la moyenne nationale, à 48%.

Le drapeau européen a été créé en 1955 par le Conseil de l’Europe, qui réunit 47 pays, dont 19 ne sont pas membres de l’UE. S’il est depuis devenu le symbole officielle des institutions de l’Union européenne, il reste utilisé par le Conseil, dont le Royaume-Uni restera membre après le Brexit.  Un double usage qui offre aux europhiles britanniques un argument pour continuer à brandir la bannière bleue et jaune, estime Graham Bartram.

Le drapeau européen deviendra-t-il un symbole de résistance au Brexit ? « C’est possible », juge le chercheur. « Ce serait intéressant ».

D.C avec AFP

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.