Sénat/Élysée: Édouard Philippe boude volontairement les questions au gouvernement pour protester contre la saisie en justice de l’affaire Benalla

21 mars 2019 14:49 Mis à jour: 21 mars 2019 18:52

Fait rarissime: le Premier ministre Édouard Philippe a volontairement « décidé de ne pas aller » jeudi aux questions au gouvernement au Sénat, en signe de désaccord avec la décision de la chambre haute de saisir la justice du cas d’Alexandre Benalla, mais également de proches d’Emmanuel Macron, a indiqué son entourage à l’AFP.

« Le Premier ministre a décidé de ne pas y aller et il vient de parler (au président du Sénat) Gérard Larcher pour lui en donner les raisons », a déclaré un conseiller à Matignon.

Les cas d’Alexandre Benalla, de son acolyte Vincent Crase et de Patrick Strzoda, directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, ont en effet été transmis à la justice pour suspicion de faux témoignage devant la commission d’enquête sénatoriale, un délit passible de cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende.

Le bureau du Sénat a également décidé de transmettre au parquet les déclarations sous serment d’autres collaborateurs d’Emmanuel Macron, son bras droit, le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler, et le général Lionel Lavergne, chef du groupe de sécurité de la présidence. A partir des « incohérences » et « contradictions » relevées par la commission d’enquête présidée par Philippe Bas (LR), qui a rendu le 20 février un rapport d’enquête accablant, il reviendra au parquet de voir quelles suites donner.

Juste avant la séance, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux avait dénoncé devant les journalistes un acte « politiquement bas et moralement très grave », en fustigeant « un tribunal politique ».

« Je ne suis en guerre contre personne. Pas contre l’Élysée et personne d’autre », a assuré le président du Sénat Gérard Larcher à l’AFP.

« Il n’y a aucune déclaration de guerre; ce n’est pas nous qui avons demandé aux collaborateurs de l’Elysée de mentir, nous en étions même très gênés », a répondu le sénateur Les Républicains François Grosdidier, membre de la commission d’enquête, sur BFMTV.

Le corapporteur PS Jean-Pierre Sueur a jugé « étrange » le boycott du Sénat d’Édouard Philippe, dans un rappel au règlement à la reprise de la séance, « eu égard aux propos tenus par le Premier ministre naguère sur la séparation des pouvoirs ».

« Ils boudent ? On joue dans une cour d’école ? », a raillé la sénatrice écologiste Esther Benbassa dans les couloirs du Sénat.

Si ces signalements à la justice ne valent pas condamnation, le Sénat frappe fort, dans un contexte de défiance de l’opinion publique vis-à-vis des politiques, et d’un rapport de force entre l’Élysée et la chambre haute, dominée par l’opposition, sur l’avenir des institutions.

« Savoir que le Sénat n’est pas à la botte du pouvoir devrait plutôt rassurer nos concitoyens », s’est félicité sur RTL le chef de file des sénateurs PS, Patrick Kanner.

Epochtimes.fr avec AFP

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