« Calmez-vous madame, ça va bien se passer » : échange musclé entre Gérald Darmanin et la journaliste Apolline de Malherbe

Par Epoch Times avec AFP
9 février 2022 07:13 Mis à jour: 9 février 2022 11:29

Dans un échange très tendu mardi 8 février, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a accusé une journaliste de BFMTV de présentation « populiste » des chiffres de l’insécurité, provoquant de vives critiques de l’opposition en pleine campagne présidentielle.

Tout est parti d’une question de la journaliste Apolline de Malherbe qui demandait dans sa matinale à Gérald Darmanin si l’exécutif ne s’était pas « réveillé un peu tard », avec l’annonce par Emmanuel Macron d’une loi sur la sécurité intérieure dans les derniers mois du quinquennat.

« Est-ce que sur les questions de sécurité, vous ne vous êtes pas réveillés un peu tard ? », interroge la journaliste Apolline de Malherbe. « Emmanuel Macron vient d’annoncer une grande loi d’orientation sur la sécurité. C’était à trois mois de la fin du quinquennat. Est-ce que vous ne vous êtes pas réveillés un peu tard sur ces questions de sécurité ?  J’en veux pour preuve les chiffres qui viennent de votre propre ministère : des atteintes aux personnes tellement en hausse qu’on parle même d’explosion, en l’occurrence », souligne la journaliste.

Le ministre de l’Intérieur avec un air ironique déclare : « J’ai regardé votre logo, je pensais qu’on était sur Cnews mais en fait on est bien sur BFM ».

« Je ne vois pas le rapport (…). Je vous parle, en l’occurrence, des atteintes aux personnes », indique la journaliste de BFMTV. « Non mais votre présentation est très rapide et un peu populiste », répond Gérald Darmanin.

« Mon discours est populiste ? Ce sont vos chiffres, ils sont tirés du site du ministère de l’Intérieur », précise Mme de Malherbe.

« Non mais ne vous vexez pas, calmez vous. Calmez vous, madame, ça va bien se passer », enchaîne le ministre.

« Je vous demande pardon, comment vous me parlez ? C’est quoi le problème ? lui demande la journaliste.

« Ça va bien se passer, madame, vous allez voir. Il y a 30% de baisse sur les biens. Moi, j’en ai marre des discours populistes toute la journée », rétorque Gérald Darmanin.

« 69% des Français jugent votre bilan négatif »

Le ministre lui reproche alors de « n’évoquer même pas la baisse des (actes commis contre les) biens » et poursuit : « Ce qui est sûr », indique-t-il, « c’est que dans l’augmentation générale et continue des populistes depuis de très nombreuses années », notamment, « par la présentation fallacieuse, comme vous l’avez fait et je le pense profondément, des chiffres de la délinquance », approuvant par la suite qu’« il y a des augmentations très fortes d’atteintes contre les personnes ».

« C’est vraiment très difficile, c’est très difficile de travailler ainsi », déclare alors Gérald Darmanin.

« C’est très difficile, je le comprends bien, d’être ministre de l’Intérieur quand 69% des Français jugent votre bilan négatif. Ça je comprends que ce soit difficile », lance la journaliste Apolline de Malherbe.

Vives réactions de l’opposition

La candidate du RN Marine Le Pen a immédiatement réagi sur Twitter : « Manifestement, G. Darmanin n’assume pas le lourd échec de sa politique et y répond par une agressivité déplacée ».

« Confronté au naufrage abyssal de la politique sécuritaire d’Emmanuel Macron, son ministre perd son sang-froid avec Apolline de Malherbe », a abondé Eric Zemmour.

Le compte Pécresse2022, soutien de la candidate LR, a préféré l’ironie : « Ne parlez surtout pas de l’explosion des violences et des agressions à Gérald Darmanin et de l’échec d’Emmanuel Macron en matière de sécurité, ils paraît qu’ils sont très susceptibles ! »

Le parti Les Républicains (LR) a vu dans la séquence la preuve du « mépris macroniste épisode 852 » et dénoncé le fait que « pour écarter toute critique de son triste bilan, Gérald Darmanin vous colle l’étiquette de populiste ».

À gauche, le secrétaire national d’Europe Écologie Les Verts (EELV) Julien Bayou a dénoncé le « sexisme crasse » du ministre, qui ne fait pas « oublier la pertinence de la remarque de la journaliste : oui le gouvernement a échoué ou renoncé sur la sécurité des personnes et en particulier des femmes ».

L’ancienne ministre Laurence Rossignol a pointé « la vieille combine misogyne qui consiste à déstabiliser les femmes en sous-entendant qu’elles ne tiennent pas leurs nerfs et sont hystériques ».

Pour sa part, la société de journalistes de BFMTV rappelle sur twitter que « les journalistes sont libres de poser les questions qui leur semblent pertinentes » et « s’étonne du ton et des propos employés par le ministre ».

Les indicateurs du ministère de l’Intérieur communiqués début février montrent pour 2021 une augmentation des atteintes aux personnes de 12% et une stabilité des atteintes aux biens après une forte baisse en 2020 sur fond de pandémie.

 

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