Climat: l’accord de Paris encore loin de prendre vie

10 mai 2018 22:40 Mis à jour: 10 mai 2018 22:51

Près de 200 pays réunis à Bonn se sont séparés jeudi 10 mai sans avancée majeure vers l’objectif de donner vie à l’accord de Paris sur le climat, se fixant même une séance de rattrapage en septembre.

Le pacte climatique de 2015 vise à contenir le réchauffement mondial sous les 2°C, voire 1,5°C, par rapport à l’ère préindustrielle. Mais pour pouvoir entrer en application en 2020, il a encore besoin d’un mode d’emploi: les règles pour mesurer et évaluer les engagements des Etats à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Que comptabiliser dans les actions climat? Comment en rendre compte? Les pays du Nord doivent-ils offrir plus de « prévisibilité » à ceux du Sud qui ont besoin des milliards promis pour mettre en place leurs politiques climat? Ces questions sensibles doivent être résolues au plus tard lors de la 24e Conférence climat de l’ONU (COP24) en décembre à Katowice en Pologne.

Mais en onze jours de lentes négociations à Bonn, « nous n’avons pas été à la hauteur de ce qui était espéré », a commenté la négociatrice de l’UE, Elina Bardram. « Nous sommes déçus », a renchéri l’Ethiopien Gebru Jember Endalew, soulignant que le groupe des pays les moins avancés qu’il représente s’inquiétait d’une « l’absence de sentiment d’urgence » alors que les effets du changement climatique se font déjà sentir.

Pour augmenter les chances de faire de cette année cruciale un succès, une session additionnelle a été programmée début septembre à Bangkok. « Nous devons améliorer le rythme des progrès pour parvenir à une conclusion positive à Katowice », a plaidé la responsable climat de l’ONU, Patricia Espinosa.

L’apparente technicité des discussions ramène en réalité le plus souvent aux tensions récurrentes entre pays du Nord et du Sud et au nerf de la guerre, l’argent.

Les pays développés se sont engagés à porter d’ici à 2020 à 100 milliards de dollars par an le soutien aux politiques climatiques des plus pauvres, pour qu’ils puissent s’adapter aux impacts dévastateurs du changement climatique et eux-aussi réduire leurs émissions de CO2.

« Si certains progrès ont été faits à Bonn sur plusieurs sujets techniques, des différences politiques majeures demeurent sur quelques questions, en particulier la finance climat et le degré de différenciation entre les pays à divers stades de développement », a souligné Alden Meyer, observateur de longue date des négociations.

En parallèle aux travaux sur le mode d’emploi de l’accord, un dialogue politique a été lancé par la présidence fidjienne pour encourager les pays à présenter d’ici 2020 des engagements de réduction des émissions révisées. « Avec le temps, des milliards de personnes supplémentaires vont se retrouver en première ligne (…). Le temps presse: s’il vous plaît, faites preuve du leadership dont le monde a désespérément besoin », a plaidé mercredi devant les délégués le Premier ministre fidjien, Franck Bainimarama.

Les engagements nationaux actuels conduiraient à un monde à +3°C, avec son lot annoncé de sécheresses, d’ouragans et de territoires submergés par l’augmentation du niveau de la mer.

Alors que certains observateurs s’inquiètent du fait que cette cruciale COP24 soit présidée par un pays où le charbon est la base de la production électrique, la Pologne a invité pour le début de la réunion le 3 décembre les chefs d’Etats et de gouvernement pour envoyer « un signal fort ».

HS avec AFP

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