Logo Epoch Times

Opinion

Comment la transition énergétique privatise la sphère sociale - du bien commun à l’individualisme

La transition énergétique devrait être l'affaire de tous. Or, selon le Dr Stephan Kaula, médecin spécialiste à la retraite, elle a engendré une société à deux vitesses. Alors que beaucoup profitent des subventions, , un nombre encore plus important est victime de cette transition énergétique.

top-article-image

Le logo de la COP30, affiché lors de la réunion préparatoire pré-COP30 qui rassemble les ministres chargés des négociations sur le climat, à Brasilia, au Brésil, le 13 octobre 2025.

Photo: EVARISTO SA/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 6 Min.

L’énergie est le fondement de la civilisation moderne. Elle est déterminante pour la santé, l’éducation, la participation et la dignité. Une société qui ne considère pas son approvisionnement énergétique comme une responsabilité commune perd la cohésion interne qui fait d’elle une civilisation.
Mais c’est exactement ce qui se passe. La transition énergétique, autrefois conçue comme une responsabilité partagée, s’est transformée en son contraire : une politique de désolidarisation.

La division de la société énergétique

À première vue, la transition énergétique apparaît comme une réussite morale : « Nous sauvons le climat. » Mais au quotidien, elle a créé une profonde et silencieuse fracture sociale entre les gagnants et les perdants de cette même idée.
Il y a la retraitée dans sa petite maison qui, les jours de grand froid, se demande si elle doit allumer la cuisinière électrique ou le radiateur soufflant.
Et il y a l’électricien avec son installation photovoltaïque et son accumulateur, qui peut s’offrir un sauna électrique grâce aux subventions de l’État et la garantie d’alimentation, avec le sentiment agréable de vivre de manière « climatiquement neutre ».
Tous deux font partie de la même société, mais ils vivent désormais dans des réalités énergétiques différentes. Ce que l’un paie est la condition préalable au retour sur investissement de l’autre.

Du principe de solidarité à l’optimisation individuelle

La logique de la transition énergétique a remplacé l’esprit communautaire par l’individualisme. L’objectif politique de décarbonation de l’approvisionnement énergétique s’est transformé en une course à l’optimisation individuelle.
« Devenez indépendant », dit-on, mais l’indépendance qui repose sur la dépendance des autres n’est pas un progrès, mais une régression morale.
C’est ainsi qu’est née une culture de l’égoïsme énergétique : chacun veille sur soi-même, ceux qui le peuvent, avec leur toiture, leur capital et leur accès aux subventions. Les autres sont laissés pour compte, avec des frais de réseau, des taxes et des prix de l’électricité et du chauffage en hausse.
La transition énergétique récompense la propriété et pénalise le besoin. Elle ne redistribue pas de manière équitable, mais du bas vers le haut, du locataire au propriétaire, de l’artisan au développeur de projet, du contribuable à la grande entreprise.

Les nouvelles minorités

Parmi les victimes ignorées, on compte non seulement les riverains des parcs éoliens, qui souffrent physiquement et psychiquement des émissions, mais aussi des millions de ménages qui sont tombés silencieusement dans la précarité énergétique. Ces personnes constituent les nouvelles minorités d’une société qui se considère comme juste. Elles sont socialement invisibles, car elles ne protestent pas bruyamment, mais souffrent en silence.
Une société qui, au nom du climat, néglige ses membres les plus faibles, viole ses propres principes moraux. La protection du climat sans la protection des personnes n’est pas un progrès, mais du cynisme.
Dans une économie de marché libre mais sociale, certains domaines doivent échapper à la logique pure du marché : la santé, l’éducation, le logement, l’énergie. Ils sont l’expression d’une responsabilité collective. Mais la transition énergétique a privatisé ces fondements, les a moralement exagérés et économiquement fragmentés.
Aujourd’hui, l’énergie n’est plus un bien commun, mais un signe de distinction : elle divise au lieu de rassembler. Elle devient le symbole d’une « vie agréable » pour les uns et d’un renoncement quotidien pour les autres.
Le paradoxe de la morale
Comment en est-on arrivé là ? Parce que la transition énergétique n’a pas été organisée comme un mouvement technique, mais comme un mouvement moral.
Or, lorsqu’elle est instrumentalisée à des fins politiques, la morale est toujours exclusive : elle divise le monde entre les bons et les méchants, les croyants et les incroyants, les sauveurs du climat et les pollueurs. Elle détruit ainsi précisément la solidarité qu’elle prétend promouvoir.
C’est ainsi qu’est née une modernité paradoxale : nous nous qualifions d’éclairés, mais nous agissons à nouveau comme à l’époque féodale, avec une nouvelle élite qui peut se permettre d’avoir bonne conscience.

Conclusion

Une politique énergétique équitable commencerait là où commence le social : par la dignité de chaque individu. L’énergie n’est pas un privilège, mais une condition de vie. Ceux qui la rendent plus chère, la raréfient ou lui donnent une connotation morale portent atteinte à la substance même de la société.
La civilisation ne repose pas sur le béton, l’acier ou les pales d’éoliennes, mais sur la disponibilité silencieuse et invisible de la chaleur, de la lumière et de la confiance.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Le docteur Stephan Kaula est un médecin généraliste à la retraite. Depuis plusieurs années, il milite pour les personnes dont la santé est apparemment affectée par les éoliennes.

Articles actuels de l’auteur