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Créée en 1750, la plus vieille fabrique de chaussures de France s’apprête à fermer : « la mondialisation a eu raison de nous »

décembre 21, 2021 14:54, Last Updated: décembre 21, 2021 14:54
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Le 31 décembre prochain, c’est une page entière de l’histoire de la chaussure française qui se tournera. Face à des difficultés financières encore accrues par les fermetures liées au Covid-19, les Chaussures Marco, entreprise fondée il y a 271 ans à Pont-de-l’Arche dans l’Eure, doit fermer définitivement ses portes.

C’est en 1750 que les Chaussures Marco ont vu le jour. L’entreprise a d’abord  été une fabrique de chaussons. Elle a aussi produit des chaussures pour l’armée françaises pendant la Première guerre mondiale. Elle a survécu à la fermeture pendant la guerre suivante, allant jusqu’à produire des chaussures sur semelles de bois faute de caoutchouc après celle-ci, rapporte France Bleu. Cependant, elle n’aura pas survécu à une nouvelle épreuve qui n’a fait qu’exacerber les problèmes existant.

« La grande difficulté rencontrée depuis quelques années concernait la diminution du nombre de points de vente et du nombre de paires vendues. Déjà en 2010 nous avions connu une grande difficulté financière », raconte la directrice de l’entreprise, Viviane Tassel, à La Dépêche de Louviers. « La mondialisation a eu raison de nous », résume-t-elle.

Fermetures pendant les confinements

Celle qui admet qu’elle aurait dû fermer l’usine en 2020 a été contrainte de prendre la décision de dissoudre la société début décembre lors de l’assemblée générale, au vu d’une année 2021 catastrophique. « Cette année, hélas, nous n’avons pas eu les commandes espérées. Pendant six mois, l’entreprise a été fermée. Comment voulez-vous que les clients reviennent ? Nous avons ainsi perdu 630 000 € de chiffre d’affaires sur un an », détaille la directrice générale, amère.

À cela s’ajoute le fait que Chaussures Marco a connu une baisse de commandes depuis la début de l’année. Puis, en octobre, alors que la fabrique s’attendait à des commandes pour la saison suivante, la catastrophe est arrivée : « On a eu zéro commandes », s’attriste Viviane Tassel, qui explique que ses clients, après avoir « été considérés magasins non-essentiels », se retrouvaient avec trop de stocks.

À ces difficultés s’est ajouté l’augmentation des matières premières. « On utilise le caoutchouc pour les semelles. C’est passé de huit à dix euros, la peau est passée de trente-trois à quarante-trois », ajoute Viviane Tassel.

Jusqu’à 43 ans d’ancienneté

Du côté des 25 employés, dont certains ont jusqu’à 43 ans d’ancienneté, « tout le monde en a gros sur le cœur ». Ils ont tous été prévenus dès le mois d’octobre que l’entreprise risquait une cessation d’activité, puis ils ont été avertis légalement dès la décision de l’assemblée générale le 3 décembre, avant d’être rencontrés un à un par la dirigeante de chaussures Marco.

« Ça va de 17 à 43 ans d’ancienneté », détaille Nathalie, qui travaille là depuis 35 ans. « Quatre salariés partent dans les six mois à la retraite. Neuf autres salariés ont 35 ans d’ancienneté et sept autres sont plus jeunes », ajoute la directrice.

Chaussures bradées

Afin de trouver l’argent pour payer les licenciements, le magasin d’usine est ouvert au public jusqu’au 22 décembre afin d’écouler le stock aux particuliers. La vente aux professionnels se fait par lot : « On brade les chaussures non vendues par lot à des prix très attractifs », précise celle qui a hérité de l’entreprise familiale, dirigée par son père puis par sa mère avant elle.

Les machines, quant à elles, sont vendues à des professionnels. Toutefois, cela ne suffit pas encore. « On a ainsi déjà récupéré en trésorerie 100 000 € pour payer une partie de la cessation d’activité mais il en manque encore », s’inquiète Viviane Tassel, qui rouvrira la boutique seule ou peut-être avec sa mère début janvier 2022 pour continuer à vendre ce qu’il reste.


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