Crise en Israël : des voix juives s’élèvent en France

Par Epoch Times avec AFP
28 mars 2023 20:15 Mis à jour: 29 mars 2023 09:48

Certains évoquent une « brisure », d’autres une « déchirure ». Au sein de la communauté juive française, la plus importante d’Europe, les angoisses et les interrogations face à la crise en Israël s’expriment de plus en plus ouvertement – et publiquement.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a certes annoncé lundi une « pause » dans le processus d’adoption de la réforme de la justice, qui a jeté des centaines de milliers d’Israéliens dans la rue depuis trois mois. Mais la crise est loin d’être résolue. « Où va Israël ? », « Judaïsme et démocratie », « La démocratie est en danger en Israël »: les titres des émissions, des débats, ou des tribunes qui fleurissent dans la presse française depuis quelques semaines sont révélateurs.

Au sein de la diaspora juive française, souvent classée à droite bien que très hétérogène, et traditionnellement prudente de peur d’être accusée de « double allégeance », ou de déchaîner l’antisémitisme, des voix s’élèvent pour critiquer la politique du gouvernement Netanyahu, le plus à droite de l’histoire du pays. Réputé pour son soutien inconditionnel à Israël, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), avait appelé lundi à « suspendre » la réforme judiciaire et à « rétablir au plus vite le calme et le dialogue avec toute la société ».

« Israël a plus que jamais besoin d’entendre les voix de la diaspora juive », martèle à l’AFP la rabbin Delphine Horvilleur, pour qui ce qui se joue actuellement touche fondamentalement au caractère juif et démocratique de l’État hébreu. L’argument « ça ne te regarde pas, tu ne vis pas en Israël » est irrecevable, s’insurge cette figure de la mouvance libérale. Elle parle de « brisure » et dénonce le « kidnapping idéologique » du judaïsme par les « nationalistes messianiques » désormais en poste dans le gouvernement Netanyahu.

 « Tous les Juifs de France sont un peu aux aguets »

« La diaspora anglo-saxonne avait déjà pris les devants, mais la communauté juive française, qui s’est longtemps refusée à critiquer le gouvernement israélien, se l’autorise aujourd’hui. Quelque chose a bougé, beaucoup se sentent le devoir de parler », estime Mme Horvilleur. Dans une tribune publiée il y a quelques jours dans le Monde, l’homme d’affaires Maurice Lévy, président du conseil de surveillance du groupe Publicis, exhortait Benjamin Netanyahu, à « ne pas fracturer la communauté juive à travers le monde » et à « préserver la démocratie israélienne ».

La diaspora entretient des relations compliquées avec l’État hébreu, souvent passionnelles. « On a tous un lien avec Israël, et tous les Juifs de France sont un peu aux aguets, tellement tout bouge tout le temps là-bas », sourit Vanessa, enseignante dans une école juive à Nice (sud-est), qui, « très religieuse », admet toutefois ne pas suivre la crise entraînée par la réforme judiciaire.

Sur la radio France Culture samedi, l’historien Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, estimait que, même si la question palestinienne n’est pas prioritaire pour les manifestants en Israël, « derrière la réforme judiciaire, il y a tout un tas de questions qui étaient dormantes et qui font surface. Rien ne sera plus pareil ».

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