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De grandes marques liées au travail forcé des Ouïghours en Chine, selon une ONG

mars 2, 2020 21:25, Last Updated: mars 2, 2020 21:40
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La Chine a transféré des dizaines de milliers de membres de la minorité musulmane ouïghoure, détenus dans des camps d’internement, vers des usines fournissant au moins 80 des plus grandes marques mondiales, affirme lundi un centre de réflexion australien dans un rapport détaillé.

Entre 2017 et 2019, plus de 80.000 Ouïghours ainsi emprisonnés dans la région du Xinjiang (nord-ouest) ont été transférés ailleurs en Chine dans des usines « appartenant aux chaînes d’approvisionnement de 83 marques connues mondialement dans la technologie, le textile et l’automobile », affirme l’Institut australien de stratégie politique (ASPI).

« Des usines recourent au travail forcé des Ouïghours dans le cadre d’un mécanisme de transfert encadré par l’Etat (chinois) », explique-t-il dans un volumineux rapport.

Parmi les marques épinglées se trouvent de grands noms de l’électronique (Apple, Sony, Samsung, Microsoft, Nokia, etc.), du textile (Adidas, Lacoste, Gap, Nike, Puma, Uniqlo, H&M, etc.) et de l’automobile (BMW, Volkswagen, Mercedes-Benz, Land Rover, Jaguar, etc.). Le groupe français Alstom est aussi cité.

Des groupes chinois sont également recensés, dont les fleurons technologiques Haier (électroménager), Huaweï et Oppo (smartphones).

Une politique de sécurité maximale

Les autorités chinoises ont engagé au Xinjiang une politique de sécurité maximale en réponse aux violences inter-ethniques ayant ensanglanté cette région, souvent officiellement imputées à des séparatistes ouïghours.

Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme accusent la Chine d’avoir interné au Xinjiang au moins un million de musulmans dans des « camps de rééducation ». Pékin dément ce chiffre et parle de « centres de formation professionnelle » destinés à combattre l’extrémisme religieux.

Or, selon le groupe de réflexion australien, les ouvriers ouïghours transférés restent privés de liberté et subissent parfois un endoctrinement politique.

« Dans ces usines, ils vivent habituellement dans des dortoirs séparés, suivent des cours de mandarin et d’idéologie en-dehors des heures de travail et sont sujets à une surveillance constante; ils ne sont pas autorisés à observer leurs pratiques religieuses », insiste l’ASPI.

Sur une trentaine d’usines identifiées, le rapport évoque notamment en détail un établissement de Qingdao (est) produisant des baskets Nike et la « rééducation » d’ouvriers ouïghours dans des usines de plusieurs sous-traitants du géant américain Apple.

Les entreprises épinglées

Les entreprises épinglées « enfreignent les lois qui interdisent l’importation de biens produits en ayant recours au travail forcé », estime l’ASPI. Les auteurs du rapport les appellent à « faire des enquêtes immédiates et approfondies sur les droits humains » via des « inspections et des audits indépendants et rigoureux ».

Volkswagen et Daimler font valoir que les entreprises mises en cause ne font pas partie de leurs fournisseurs directs.

BMW, qui « ne peux pas commenter le contenu » du rapport, indique que des « questions de droits humains » font partie des critères de sélection des partenaires et assure que ses sous-traitants directs doivent « appliquer la même politique avec leurs propres fournisseurs ».

Apple renvoie à un engagement qu’il a pris par le passé à « ce que tous dans les chaînes de production soient traités avec la dignité et le respect qu’ils méritent », disant « travailler étroitement » avec ses fournisseurs pour que « les normes les plus élevées soient appliquées ».

« Des entreprises, comme Adidas, Bosch et Panasonic, assurent n’avoir aucune relation directe avec les sous-traitants impliqués (….) mais aucune marque n’était en mesure d’exclure un lien plus haut dans la chaîne de production », relève l’ASPI.

« Les standards d’Adidas interdisent toute forme de travail forcé » et ceci « est valable pour toutes les entreprises de la chaine d’approvisionnement », a expliqué un porte-parole du groupe allemand.

Puma doit avoir « évoqué la question avec nos partenaires » dont « nous dépendons pour la surveillance » des fournisseurs plus éloignés dans la chaine d’approvisionnement.

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