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De nombreux pays renvoient leurs pandas géants en Chine: la « diplomatie du panda » touche à sa fin

mars 17, 2023 13:21, Last Updated: mars 17, 2023 13:21
By Shawn Lin et Ellen Wan

Le Japon, la Finlande, le Royaume-Uni et les États-Unis ont récemment annoncé qu’ils allaient restituer les pandas géants qu’ils louent à la Chine. Deux pandas confiés aux États-Unis et à Taïwan sont décédés suite à des maladies.

Le Japon a déjà restitué quatre pandas géants

Selon l’agence de presse japonaise Kyodo News, le panda mâle Eimei, âgé de 30 ans, et ses filles jumelles Ouhin et Touhin, âgées de huit ans, ont quitté le Japon par avion dans la soirée du 22 février pour rejoindre la Chine. La veille, le Wakayama Adventure World avait organisé une cérémonie d’adieu à leur intention.

Eimei a intégré un centre de recherche sur la conservation et la reproduction des pandas en Chine, tandis que ses filles jumelles retournent au pays pour s’y reproduire, selon le communiqué de presse.

Eimei est né à Pékin en 1992 et est arrivé au Japon en 1994. C’est un « super papa » qui a eu six petits avec la femelle panda Meimei, décédée en 2008, et dix avec Rauhin, ce qui fait de lui le père de 16 petits pandas. 

Des pandas nouveau-nés sont présentés sur un lit lors d’une conférence de presse à la base de recherche et d’élevage du panda géant à Chengdu, dans la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine), le 23 septembre 2013. (STR/AFP/Getty Images)

Le 21 février, un autre panda géant japonais, XiangXiang, a également fait son retour en Chine. XiangXiang est né au Japon en juin 2017, et selon l’accord entre la Chine et le Japon, il demeure la seule propriété de la Chine, comme tous les autres pandas nés à l’étranger. En raison de l’épidémie de Covid-19, la date de son retour a dû être reportée à quatre reprises. 

Finlande : La Finlande n’a pas les moyens de financer ses pandas

Fin janvier, un zoo privé en Finlande a déclaré qu’il se préparait à renvoyer ses deux pandas géants en Chine ne pouvant plus assurer les coûts occasionnés.

Les pandas, Lumi et Pyry, sont arrivés en Finlande en janvier 2018, à la suite de la signature d’un contrat de location de 15 ans entre la Finlande et le gouvernement chinois, Xi Jinping ayant signé le contrat lors d’une visite d’État en 2017.

Le zoo d’Ahtari, en plein cœur de la Finlande, y voyait initialement une véritable opportunité touristique, mais la pandémie et son impact sur le tourisme ne lui ayant pas permis d’engranger suffisamment de recettes, le zoo se retrouve maintenant face à des dettes insurmontables. 

En 2021, le gouvernement finlandais avait proposé une aide exceptionnelle de 200.000 euros, très loin des 5 millions d’euros de subvention demandés par le zoo.

Le zoo paie un loyer annuel à la Chine dont le montant n’a jamais été divulgué, mais qui est estimé à environ un million d’euros par an. En outre, il est tenu de prendre en charge les frais d’entretien du couple de pandas.

Royaume-Uni : reproduction difficile

Le Royaume-Uni a également annoncé le retour de ses pandas géants en janvier. Le 4 janvier, le zoo d’Édimbourg, en Écosse, a déclaré qu’il prévoyait de renvoyer son couple de pandas d’ici la fin du mois d’octobre de cette année.

Yang Guang et TianTian sont arrivés à Édimbourg en décembre 2011. Le zoo d’Édimbourg paie 750.000 livres sterling (environ 855.000 euros) par an à la Chine pour ses deux pandas.

Seuls pandas géants au Royaume-Uni, ils ont été incroyablement populaires auprès des visiteurs, selon David Field, directeur général de la Royal Zoological Society of Scotland.

Malheureusement, très vite, il est devenu évident que les deux pandas n’étaient pas intéressés par l’idée de se reproduire. Le personnel a tenté à huit reprises des inséminations artificielles, mais toutes se sont soldées par des échecs. Yang Guang a également développé un cancer des testicules et a dû subir une castration chirurgicale.

Le bail de dix ans devait initialement expirer en 2021 mais a été prolongé de deux ans en raison de la pandémie. Cette année, le bail ne sera pas renouvelé.

Mort accidentelle aux États-Unis

Les États-Unis ont été le premier pays à annoncer la restitution des pandas géants à la Chine.

Le 21 décembre dernier, le zoo de Memphis, dans le Tennessee, a déclaré qu’il restituait YaYa et LeLe, mettant ainsi fin à leur bail de 20 ans.

La fin du bail était prévue pour le 7 avril. De manière inattendue, LeLe a été retrouvé morte dans son sommeil au début du mois de février, à l’âge de 25 ans.

A l’époque, le zoo de Memphis n’a pas été en mesure d’identifier la cause du décès. Matt Thompson, président-directeur général du zoo, avait déclaré lors d’une conférence de presse qu’aucun élément ne permettait de penser que LeLe était malade, les séquences vidéo des jours précédant sa mort ne faisant état d’aucun symptôme visible.

Après l’annonce de cette nouvelle, les médias chinois se sont montrés critiques à l’égard des États-Unis, et de nombreux internautes chinois ont demandé instamment que YaYa soit ramené avant la date prévue.

Les tensions entre la Chine et les États-Unis s’étendent à de nombreux domaines, et la mort inattendue de LeLe ne semble pas avoir apaisé les relations entre les deux pays.

Toutefois, après l’envoi par la Chine d’un expert en panda géant aux États-Unis, il a été établi à titre préliminaire que LeLe a succombé à une crise cardiaque. Parallèlement, l’observation de YaYa a permis de conclure qu’à l’exception d’une perte de poils due à une affection cutanée, YaYa avait un bon appétit et son poids était stable.

Le panda de Taïwan mort d’une épilepsie

La mort d’un autre panda géant l’année dernière a eu des répercussions politiques plus importantes.

À la fin du mois d’août de l’année dernière, TuanTuan, un panda géant offert à Taïwan, a montré des signes d’épilepsie. Plus tard, une lésion cérébrale a été diagnostiquée et son état s’est rapidement détérioré. Comme il n’existe aucun précédent de craniotomie pratiquée sur des pandas, les vétérinaires ont préféré renoncer à toute intervention chirurgicale. Le 19 novembre, TuanTuan a eu trois crises consécutives. L’équipe médicale a alors jugé que son état était irréversible et a décidé de provoquer la mort sous anesthésie. TuanTuan n’avait que 18 ans, soit environ 55 ans en années humaines.

Le régime chinois ne donne pratiquement plus de pandas géants à des pays étrangers depuis 1982, mais il a voulu faire un effort particulier pour Taiwan en 2006 et c’est ainsi que TuanTuan et YuanYuan ont pu y être envoyés.

Les deux pandas portaient un autre nom à l’origine, mais le Parti communiste chinois (PCC) a délibérément changé leurs noms, qui veulent dire « réunion » et « unité ».

Beaucoup d’internautes chinois ont vu une certaine ironie dans la mort de TuanTuan, et un mauvais présage pour la réunification de Taïwan à la Chine tant voulue par Pékin.

L’échec de la diplomatie du panda

Le panda géant est une espèce unique en Chine et l’animal est aimé dans le monde entier qui apprécie son image sympathique et sa nature douce. Le PCC en était bien conscient. Entre 1957 et 1982, le régime a donné 23 pandas géants à neuf pays. Les États-Unis, l’Union soviétique, la Grande-Bretagne, la France, le Japon et l’Allemagne ont tous reçu des pandas comme cadeau spécial.

Après 1982, sous la pression mondiale, et afin de protéger ces animaux en voie d’extinction, le PCC a cessé ces pratiques et ne les a plus envoyés à l’étranger que pour participer à des événements exceptionnels. Plus tard, le PCC a changé d’approche et a décidé d’envoyer des couples de pandas adultes à l’étranger. Ces pandas resteraient dans un pays d’accueil pendant dix ans de « recherche coopérative » et, pendant toute cette période, les pays d’accueil paieraient des millions d’euros en frais de location annuels.

Depuis des décennies, les pandas géants sont traités comme des stars partout où ils vont. Dans le même temps, ils ont permis au PCC de redorer son blason.

Ji Lin, un commentateur de l’actualité vivant au Japon, a déclaré à Epoch Times le 7 mars dernier que les pandas géants étaient devenus une sorte de soft power pour le PCC. En accueillant des pandas prêtés par la Chine, ces pays valident la politique du PCC. Mais aujourd’hui, nombreux sont les pays qui ne souhaitent plus être associés à cette « diplomatie du panda », soit pour des raisons politiques, soit pour des raisons financières, a expliqué M. Ji Lin.

Dans un post Facebook du 24 février, Akio Yaba, directeur du journal japonais Sankei Shimbun pour Taipei, voit dans ce retour des pandas en Chine le symbole de la fin d’une époque, et la fin progressive de la « diplomatie du panda » du PCC.

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