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Emmanuel, l’auteur de l’incendie de la cathédrale de Nantes « soulagé » d’avoir avoué – sûrement « à cause de frustrations »

juillet 30, 2020 9:33, Last Updated: juillet 30, 2020 13:56
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« Marqué » par l’histoire de son pays d’origine, le Rwanda, Emmanuel A., le bénévole du diocèse qui a avoué avoir mis le feu à la cathédrale de Nantes, avait gagné la confiance de tous jusqu’à son acte. Depuis ces révélations, hommes d’église et fidèles qui le fréquentaient au quotidien sont sous le choc.

« Je suis désarmé, je suis désolé » devant ce qui « s’est passé, dans la tête et dans l’attitude d’Emmanuel », confie le recteur de la cathédrale, Hubert Champenois, en apprenant les aveux de cet homme de 39 ans mis en examen dimanche pour « destructions et dégradations par incendie ».

Lorsque ce bénévole chargé de fermer la cathédrale avait été placé en garde à vue avant d’être relâché faute de preuves le 19 juillet, le père Champenois avait assuré avoir « confiance en lui comme en tous les collaborateurs ».

Arrêté une seconde fois après que les enquêteurs aient notamment identifié des « traces d’un produit inflammable » dans l’édifice, le bénévole a été « soulagé » d’avouer, selon son avocat Quentin Chabert. Il a certainement été « marqué par les événements qui ont marqué son pays », estime Hubert Champenois.

L’homme -qui « ne s’est pas étendu en détails sur ses motivations »- avait reçu en novembre 2019 une « obligation de quitter le territoire », selon le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès, précisant qu’une « expertise psychiatrique sera ordonnée ».

De criminel à victime

Sa situation administrative pourrait être à l’origine de frustrations d’après le contenu d’un mail dont le quotidien Presse-Océan a publié des extraits. Emmanuel A. y explique se trouver dans « un cercle vicieux déplorable ». « Le 29/01/2019, j’ai poussé un cri de détresse mais en vain (…) pour qu’ils viennent à mon aide auprès du préfet en vue d’être régularisé », indique encore ce courrier envoyé notamment à des membres du diocèse peu avant l’incendie, selon le quotidien.

Le diocèse de Nantes confirme l’existence d’un mail, sans préciser ni les destinataires, ni le contenu.

Emmanuel A. habitait dans un foyer avec des membres du clergé à Nantes. Beaucoup le connaissaient car il était bénévole depuis plusieurs années. « Il avait déjà toute la culture religieuse et il n’a pas débarqué là par hasard » mais « l’Église est soumise à la loi, elle ne peut pas faire plus que ce la loi permet », souligne une paroissienne de l’église Sainte-Croix, où il participait aux messes. « A force d’avoir des espoirs qui se ferment, ça a créé en lui une désespérance », pense-t-elle.

Cette quinquagénaire, qui a souhaité garder l’anonymat, explique ressentir un « mélange de compassion et de trahison » à l’égard de ce célibataire avec qui elle échangeait depuis plusieurs années et qu’elle trouvait « à la fois doux et souffrant ». « Souffrant par rapport à son parcours de vie et ce qu’il avait dû vivre au Rwanda », explique-t-elle.

Il était « doux, calme, très discret, il avait même du mal à chanter fort, c’est un homme qui était beaucoup renfermé sur lui-même », explique Marie, une autre paroissienne de cette église toute proche de la cathédrale, avant la messe mercredi.

Michel Boursier, l’un des organistes du grand orgue détruit par les flammes, croisait parfois Emmanuel A. sans pour autant connaître « ni sa situation, ni son pays d’origine ». Lui se souvient de quelqu’un « de charmant, de calme, apparemment très raisonnable, courtois et sympathique ».

Les servants d’autel sont « forcément des gens dignes de confiance », explique M. Boursier, car il faut être « initié ». « C’est une pratique, il y a des choses à savoir faire pour ne pas hésiter pendant la liturgie ».

Dans le cas d’Emmanuel A., « il n’y avait jamais eu aucun problème, il était digne de la confiance qu’on lui attribuait », estime-t-il.

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