Empoisonnement de Navalny : « Je savais que j’étais en train de mourir »

Par Epoch Times avec AFP
1 octobre 2020 10:19 Mis à jour: 1 octobre 2020 13:14

« J’ai été empoisonné. Je suis en train de mourir! ». L’opposant russe Alexeï Navalny détaille dans une interview jeudi au Spiegel pour la première fois le récit de son empoisonnement fin août et comment il en a réchappé.

L’infatigable militant de la lutte contre la corruption et critique féroce du Kremlin raconte s’être senti terriblement mal le 20 août à bord d’un avion parti de Tomsk en Sibérie et à destination de Moscou.

« C’est juste difficile à décrire, parce qu’on ne peut pas le comparer à quoi que ce soit (…) Je sens que quelque chose ne va pas, j’ai des sueurs froides », explique-t-il.

Il demande alors à sa conseillère Kira, assise à ses côtés, de lui donner un mouchoir et de lui parler : « J’ai besoin d’entendre une voix, quelque chose ne va pas chez moi. Elle me regarde comme si j’étais fou et se met à parler ».

Se sentant de plus en plus mal, il rejoint les toilettes pour se rafraîchir mais les quitte rapidement pour demander de l’aide.

« Vous ne ressentez pas la douleur, mais vous savez que vous êtes en train de mourir. Et vous êtes en train de mourir », souligne l’homme de 44 ans.

« Je quitte les toilettes, me tourne vers le steward – et au lieu de demander de l’aide, je dis à ma propre surprise : ‘J’ai été empoisonné. Je suis en train de mourir’. Et puis je me couche par terre devant lui pour mourir », dit-il.

« Je savais que j’étais mort »

M. Navalny raconte ensuite comment il a perdu peu à peu connaissance, expliquant avoir entendu des voix « de plus en plus étouffées », notamment celle d’une femme lui demandant de ne pas s’évanouir : « Et c’est tout. Je savais que j’étais mort. Je ne me suis rendu compte que plus tard que j’avais tort ».

En tout, 30 minutes se seraient écoulées entre ses premiers symptômes, survenus après le décollage, et son évanouissement.

Il explique avoir plus tard visionné une vidéo filmée par un passager dans laquelle on l’entend crier de douleur. « Mais ce n’était pas de la douleur, c’était autre chose, pire. La douleur vous donne l’impression d’être en vie. Ici, vous comprenez simplement que c’est votre fin ».

Les pilotes de l’avion ont ensuite effectué un atterrissage d’urgence à Omsk, en Sibérie, où l’opposant russe a été immédiatement traité dans un hôpital avant d’être transféré deux jours plus tard à Berlin pour être soigné à l’hôpital de la Charité.

« Le plan était astucieux : j’aurais décollé, je serais mort dans l’avion et j’aurais fini dans une morgue d’Omsk ou de Moscou. Et puis personne n’aurait trouvé du Novichok, car il n’y a pas de spectromètre de masse à la morgue », avance-t-il.

M. Navalny soupçonne avoir été empoisonné par une surface dans sa chambre d’hôtel ou par les vêtements qu’il portait mais qui lui ont été retirés à son arrivée à l’hôpital d’Omsk.

Des traces d’un agent neurotoxique de type Novitchok, conçu à des fins militaires à l’époque soviétique, avaient été retrouvées sur une bouteille d’eau qu’il avait bu à l’hôtel.

Questionné sur le fait qu’il ait été la seule personne contaminée, il suppose que le Kremlin, qu’il accuse d’être derrière cette tentative d’assassinat, a tiré les leçons de l’affaire Skripal, du nom d’un ex-agent double russe victime d’un empoisonnement au Novitchok en 2018 en Angleterre. Plusieurs dizaines de personnes de son entourage avaient été contaminées.

« Le poison n’a donc probablement pas été appliqué sur un objet comme le lavabo ou la douche, que je n’aurais peut-être même pas utilisé. Ou à mon téléphone portable, que j’aurais pu donner à Kira car alors il y aurait eu deux morts suspectes au lieu d’une », assène-t-il, « il a été appliqué sur un objet que je suis le seul à toucher ».

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