En France, les petites communes rurales sont-elles portées à disparaître ?

1 septembre 2015 11:36 Mis à jour: 3 avril 2016 02:58

En France, dans l’Allier, région Auvergne, et dans la montagne Bourbonnaise, deux maires Monsieur Lazzerini de la commune de Ferrières-sur-Sichon et Monsieur Barraud de la commune de Lavoine, se sentent de plus en plus abandonnés et ne perçoivent pratiquement plus d’aides de l’État. La situation devient inquiétante pour ces communes rurales profondes : elles enregistrent la perte de leurs habitants et avec eux bien sûr disparaissent les cafés, les épiceries, la poste, l’école et les médecins de campagne.

Étouffement financier et paralysie de l’action

À l’heure actuelle, les petites communes rurales essaient de maintenir leur tête hors de l’eau pour survivre avec toutes les difficultés que cela représente. Les ressources sont insuffisantes, pour soutenir les travaux de maintenance des voiries et des bâtiments importants, tels que l’église, les écoles, la mairie qui coûtent tous très chers à l’entretien.

Rencontre avec deux maires de petites communes fortement touchées par cette situation, ils partagent leurs visions et inquiétudes.

Messieurs Lazzerini et Barraud, maires des communes de Ferrières-sur-Sichon et de Lavoine dans l’Allier. (Zoomz’Imâges)
Messieurs Lazzerini et Barraud, maires des communes de Ferrières-sur-Sichon et de Lavoine dans l’Allier. (Zoomz’Imâges)

Monsieur Lazzerini, maire de la commune de Ferrières-sur-Sichon

Percevez-vous des aides de l’État et du département ?

« Nous avons de moins en moins d’aides de l’État, du département. De la région… on n’en parle pas c’est quasi inexistant. De l’Europe… très difficile à obtenir sauf pour des projets importants que l’on ne peut pas se permettre de réaliser, vu le peu de moyens que l’on a. Vous savez la politique du gouvernement on la subit, les aides sont différentes, elles vont surtout aux grandes agglomérations, au milieu urbain, le rural est de plus en plus ignoré. »

Que deviennent vos services publics à l’heure actuelle ?

« Dans une petite commune les services publics sont indispensables, à partir du moment où tout sera centralisé dans les villes, ils disparaîtront. »

En rentrant dans votre commune des slogans concernant l’école sont affichés, de quoi s’agit-il ?

« Et bien, on nous supprime un poste d’enseignant. On essaie, nous, petite commune de maintenir au maximum ce poste. Finalement si on comptabilise tous les élèves qui sont inscrits à l’heure actuelle, on en a plus que l’an dernier ! Mais la décision est prise au niveau départemental, alors va t-elle être maintenue ? Je ne sais pas. »

On ressent un abandon, un découragement, vous ne croyez plus à un nouvel essor de vies dans les campagnes ?

« Il y a déjà plusieurs années que nous nous sentons abandonnés, aujourd’hui c’est l’école, demain ce sera la poste, la perception ou le chef de canton. Je pense que les communes rurales comme les nôtres sont les fondations d’un pays et les gens qui sont dans leurs « monastères » à Paris s’ils sortaient un peu et venaient dans la France profonde, visiter et voir comment cela se passe, les textes qu’ils écrivent ne seraient certainement pas les mêmes et seraient adaptés en fonction des milieux urbains et des milieux ruraux qui existent. Je pense que dans quelques années malheureusement si on continue comme cela à tout centraliser, les communes rurales seront inaccessibles, ce sera le déclin du rural. »

Monsieur Barraud, maire de la commune de Lavoine

« Comme le dit le monsieur Lazzerini, cela devient de plus en plus compliqué et j’ai plus l’impression que l’on est en train de déménager le territoire au lieu de l’aménager. On veut amener le monde dans les villes ou en faire les banlieues des villes, ou encore l’intérieur des villes. Les gens une fois qu’ils seront partis pour la périphérie urbaine, les zones de campagnes deviendront inexistantes, mettre les gens dans des cités ok, ce qui me fait un peu sourire, et après on va en faire quoi de ces personnes ? C’est bien beau d’amener les gens des campagnes dans les HLM et ensuite ? Ils vont pleurer ! Quelle sera leur vie ? Ils auront d’un côté un psy parce qu’ils n’iront pas trop bien et de l’autre un avocat parce qu’ils vont se quereller : à mon avis il vaudrait mieux les laisser respirer librement et vivre chez eux normalement. Même pour les jeunes, il n’ y a pas de travail en ville, alors… que voulez-vous faire de ces gens ? »

Les réformes territoriales, de graves dangers pour nos communes

Les fragilités et la dévitalisation des communes qui peu à peu se vident de leurs compétences n’ont plus réellement les moyens financiers et politiques d’exercer. La commune de demain pourrait devenir comme une coquille vide, voire en disparition. Le constat bien que réel est désolant, nos communes s’éteignent et deviennent lentement des villages dortoirs. Si les communes disparaissent ce serait comme couper le pays de ses racines et détruirait également ce qui est encore le plus démocratique dans notre pays.

À l’heure actuelle, un nouveau souffle serait opportun en relocalisant le plus possible des services de proximité, afin d’éviter l’abandon des territoires et de toutes vies concrètes, redonner de l’activité et de la communication. Car, il fait encore bon vivre dans les campagnes.

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