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Entre magie et vérité : repenser le mythe du père Noël
Entre enchantement de l’enfance et quête de vérité, une mère s’interroge : faut-il perpétuer le mythe du père Noël ou repenser Noël avec authenticité et transmission consciente ?

Le Père Noël et Mère Noël lors de l’illumination de l’arbre à Port Jervis, dans l’État de New York, le 28 novembre 2015.
Photo: Yvonne Marcotte/Epoch Times
Dans le monde où j’ai grandi, le père Noël était magique. Ce n’était pas seulement une histoire, une décoration ou un personnage de livre. Il incarnait l’attente, le mystère. C’était cette sensation d’aller se coucher le cœur battant, certain que quelque chose d’extraordinaire allait se produire.
Ma mère a entretenu cette croyance aussi longtemps qu’elle le pouvait. J’ai sûrement été la dernière de ma classe à le défendre avec une conviction absolue. Je me souviens d’avoir argumenté dans la cour de récréation comme s’il s’agissait d’une affaire d’honneur, comme si fidélité au père Noël et fidélité à l’enfance ne faisaient qu’un.
Lorsque la vérité est enfin arrivée, elle ne m’a pas détruite. Ma mère ne l’a ni présentée comme une trahison ni comme une déception. Elle m’a ouvert la porte vers l’autre côté de l’histoire. Au lieu de m’arracher la magie, elle m’en a confié la création. J’ai aidé à emballer les cadeaux, remplir les chaussettes, observer mes petits cousins et mon frère s’émerveiller. La joie n’a pas disparu : elle s’est simplement transformée.
Alors, une fois devenue mère, je n’ai pas douté un instant que le père Noël ferait partie de notre histoire familiale. C’était comme une évidence. Noël signifiait la chaleur, le lien, l’odeur du sapin frais, les flocons de papier collés aux fenêtres, le feu crépitant, les journées en pyjama et la famille réunie sans autre obligation. C’était la douceur et la mémoire. J’ai cousu à la main une chaussette pour chacun de mes enfants, comme ma mère l’avait fait pour nous. Nous les accrochions près de la cheminée avec le même cérémonial. C’était bon. C’était la continuité. C’était offrir à mes enfants un morceau de l’enfance que j’avais aimée.
L’expérience de mon mari est tout autre. Il a grandi au Mexique, dans une communauté indigène où le père Noël n’existait pas. Noël était famille, foi, cuisine, traditions, simplicité. Pas d’homme qui descend par les cheminées, pas de visite secrète déposant des cadeaux dans la nuit.
La première fois qu’il a découvert cette histoire avec un regard de père, il m’a observée avec perplexité plutôt qu’avec amusement. Il m’a demandé si nous allions réellement dire à nos enfants qu’un inconnu entrerait dans notre maison pendant notre sommeil, et que plutôt que de protéger notre foyer, nous célébrerions cela. Pour lui, cette histoire sonnait moins magique que saugrenue. Cela m’a rappelé que notre culture détermine ce qui nous paraît naturel ou absurde.
Pendant longtemps, j’ai balayé ses réticences : le père Noël me semblait inoffensif, tendre, partie intégrante du tissu de l’enfance. Mais quelque chose a changé. Peut-être l’état du monde. Peut-être de voir à quelle vitesse on accepte des idées déconnectées du réel. Peut-être la pression à croire parce qu’on nous dit de croire. Peut-être le silence autour de ceux qui questionnent. Peut-être l’érosion discrète du discernement.
Je me suis surprise à me demander si la tradition du père Noël relève seulement du jeu, ou si elle est la première fois où l’enfant apprend que les adultes qu’il aime lui affirment comme réel quelque chose qui ne l’est pas. Je n’avais jamais envisagé cette perspective.
Quand les enfants découvrent un jour que le père Noël n’existe pas, la plupart ne s’effondrent pas. Beaucoup l’acceptent, certains rient, et d’autres rejoignent le « club secret » de ceux qui perpétuent la magie pour les petits. Pourtant, quelque chose se joue en profondeur. C’est le moment où l’enfant réalise qu’il a cru de tout son cœur à quelque chose que tous les adultes savaient faux. Le moment où il découvre que ceux en qui il avait placé toute sa confiance ont laissé cette croyance vivre durant des années.
Je ne dis pas cela pour juger. Je dis cela parce que je me retrouve désormais prise entre deux valeurs : la douceur de l’émerveillement enfantin et l’importance de la vérité. Si la vérité compte, elle compte toujours. Si je veux que mes enfants développent leur discernement, suis-je en train de l’encourager ou de l’émousser ?
Un souvenir m’a marquée : lorsque mon père a retrouvé un vieux journal de décembre 1930 en rénovant une maison. Pas une seule mention de Noël. Aucun encart publicitaire, aucune promotion, aucun rappel. Noël existait, mais pas comme la période commerciale que nous connaissons. Moins d’un siècle plus tard, cette fête est devenue une industrie. Le père Noël a grandi avec elle. Un saint lié à la générosité est devenu symbole de marketing, de consommation, de fiction.
Aujourd’hui, mes enfants ont entre 2 et 10 ans. Aucun n’a encore découvert l’envers du décor. Ils sont encore dans la féerie. Un jour, ils en sortiront. Je ne sais pas s’il faut laisser la croyance s’éteindre d’elle-même ou la guider vers quelque chose de plus vrai. Je ne sais pas si perpétuer cette tradition honore mon enfance ou s’éloigne des valeurs que je porte aujourd’hui.
J’aime toujours la magie de Noël. J’aime la lenteur, la chaleur, l’union. Mais je commence à croire que la magie n’a pas besoin d’être construite sur l’illusion. L’émerveillement ne demande pas la tromperie. La tradition n’a pas besoin d’empiéter sur l’intégrité. Si je pouvais revenir en arrière, je ne suis pas certaine que je commencerais par une histoire que je devrai un jour défaire. Je ne regrette ni les souvenirs ni la joie. Mais je regarde plus attentivement, et cela ressemble au début d’une autre façon de vivre Noël dans notre maison.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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