ARTS ET CULTURE

Entre le Paradis et l’Enfer : une ascension morale

Le travail intérieur : ce que l'art traditionnel nous enseigne
janvier 6, 2022 16:59, Last Updated: janvier 6, 2022 17:03
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La vie est remplie de nombreux moments, chaque jour, où nous devons faire un choix entre le bien et le mal. Lorsque le mal est amené à paraître bon et le bien semble mauvais, il est difficile de déterminer si nos choix sont justes. Nous sommes ballotés entre le Paradis et l’Enfer. En réalité, nos décisions exigent examen attentif et approfondi.

Le Paradis et l’Enfer

Au 19e siècle, dans son tableau intitulé Le Paradis et l’Enfer, le peintre français Octave Tassaert représente une femme tiraillée entre le bien et le mal. Vêtue de vert et de blanc, la femme se situe dans la partie centrale supérieure de la composition. Elle couvre sa poitrine de ses deux bras, croise ses jambes et nous lance un regard saisissant.

Élévation ou chute dans Le Paradis et l’Enfer, 1859, Octave Tassaert. Huile sur toile, 100 cm par 69,5 cm. Musée Cleveland Museum of Art. (Domaine public)

D’en haut, un ange descend pour l’attraper par la taille et la tirer vers le ciel. L’ange pointe vers les cieux, comme pour lui rappeler de rester ferme dans sa droiture.

Sous la protagoniste, cependant, un démon – identifié comme Satan par le musée Cleveland Museum of Art – tente de souiller sa pureté. Une belle figure féminine, les cheveux parés des fleurs, s’accroche à la jambe de Satan pour tendre un miroir devant le visage de la protagoniste. Il s’agit de la détourner du ciel avec son propre reflet. À la gauche de Satan, deux femmes en retiennent une troisième qui fixe la protagoniste avec rage et jalousie.

La protagoniste, en blanc et vert, semble soulevée par un ange et malmenée par Satan. (Domaine public)

En bas à gauche, les flammes de l’Enfer, suggérées par des reflets rouges, vont bientôt engloutir une femme ivre, allongée inconsciente une coupe à la main. Derrière elle se tient une femme plus âgée en robe noire, les traits du visage tendus, le corps crispé. Ces deux femmes sont assises sur un monstre à trois têtes dont la queue serpentueuse se faufile entre tous les personnages situés sous le diable et en retient certains.

Des âmes perdues en Enfer. Détail,  Le paradis et l’enfer, 1859, par Octave Tassaert. Huile sur toile, 100 cm pouces par 69,5 cm. Musée Cleveland Museum of Art. (Domaine public)

En bas à droite, quelques personnages enveloppés d’ombre vont bientôt chuter en Enfer. Certains d’entre eux pleurent et d’autres se tournent vers le ciel, mais il semble qu’il soit trop tard.

Parmi le groupe qui descend en Enfer, un personnage reste cependant éclairé et fait un geste vers le ciel. Il s’adresse à l’ivrogne et à la femme crispée. Mais la femme ivrogne n’entend plus son message quant à l’autre femme, elle a l’air de ne pas le comprendre, au contraire, cela semble la contrarier davantage. Une queue dépassant de son derrière, les ongles pointus et les doigts noueux de sa main pointue suggèrent qu’il s’agit d’un démon.

Homme et femme avec un enfant sans vie. Détail, Le paradis et l’enfer, 1859, par Octave Tassaert. Huile sur toile, 100 cm pouces par 69,5 cm. Musée Cleveland Museum of Art. (Domaine public)

Au-dessus du groupe qui glisse en Enfer se trouve un autre ensemble de personnages qui se préparent à enterrer un enfant. L’homme à gauche appuie sa pioche contre une épaisse branche d’arbre, tandis que la femme à côté de lui porte le corps sans vie de l’enfant dans ses bras.

De là, nous sommes conduits vers le haut, vers une femme et un petit enfant qui sont accueillis par un ange dans leur ascension vers le ciel. Deux anges dans les cieux font leur descente, et l’un d’eux fait un geste vers la mère et l’enfant.

Personnes montant au ciel. Détail, Le paradis et l’enfer, 1859, par Octave Tassaert. Huile sur toile, 100 cm pouces par 69,5 cm. Musée Cleveland Museum of Art. (Domaine public)

Au Paradis, à gauche de la composition, saint Michel tient un livre dans une main, la balance du jugement dans l’autre, et admet les personnes justes.

Ce qui nous conduit en enfer

De nombreuses questions émergent à l’examen du tableau concernant le combat moral du personnage principal. Pourquoi est-elle attirée vers l’Enfer ? Comment peut-elle remonter ? Quelle est la signification des personnes qui enterrent leur enfant ou de la figure qui sort de l’Enfer pour indiquer le paradis ? Et pourquoi la protagoniste nous regarde-t-elle ?

Les représentations du mal semblent être assez simples. Satan, par exemple, tient sa main sous la jupe de la protagoniste, ce qui suggère le péché de luxure. C’est ici un indice du degré de perversité de la luxure étant donné que c’est Satan lui-même qui commet cet acte.

La femme se tenant à la jambe de Satan miroir en main représente le péché d’orgueil (qui comprend la vanité, la suffisance, la mégalomanie). Cette femme – bien que parée d’atours et de fleurs – n’est qu’un serviteur de Satan.

Cela suggère que Satan peut faire surgir de superbes choses, mais que la beauté ne peut être considérée comme bonne en soi. Alors, la beauté n’est-elle qu’un contenant attrayant qui sert à magnifier son contenu ?

Cela suggère que Satan peut faire apparaître de magnifiques artifices et que la beauté n’est synonyme d’intégrité. La beauté n’est-elle qu’un attrayant mirage servant à valoriser un objet ?

Le miroir tenu par la femme accrochée à la jambe de Satan a pour but d’accroître la vanité et l’égocentrisme de la protagoniste, mais celle-ci ne s’y regarde pas. Au lieu de cela, c’est nous qu’elle regarde. Pourquoi ? Est-ce pour enjoindre le spectateur à partager son combat ? Est-ce pour signaler que son combat est semblable au nôtre ? Nous regarde-t-elle pour nous mettre en garde contre les péchés qui l’entourent ?

À la gauche de Satan, se trouve une femme qui représente le péché de la colère. Elle serre les poings et les dents et lance un regard enflammé vers la protagoniste, les sourcils froncés. Le motif de sa colère n’est pas clair. Nous pouvons supposer qu’elle fait également partie de la ligue de Satan et que son irritation provient du fait qu’un ange qui tente de sauver le personnage principal. Ou peut-être le péché de convoitise est-il associé à sa colère. En d’autres termes, elle est peut-être furieuse parce que l’ange ne vient pas la sauver, elle aussi.

La femme à la coupe vide, affalée en bas du tableau représente le péché de gourmandise. Sa consommation excessive d’alcool l’a rendue passive et la voilà elle assise au bord de l’Enfer. La tête de serpent de la bête chimérique la regarde droit dans les yeux, comme si elle l’avait, d’une manière ou d’une autre, incitée à boire, l’endormant et faisant d’elle une proie facile.

Étymologiquement l’humeur associée à la couleur noire est la mélancolie. Le noir est symbole de désespoir. Cela suggère quelque chose d’intéressant à propos de la femme âgée au châle noir, car elle fait également partie de l’équipage de Satan. Qu’est-ce que cela dit de la mélancolie ? La mélancolie est-elle un pêché tout comme la colère, la luxure, la vanité, l’avarice et la gourmandise ?

Bien sûr, il s’agit d’une question difficile, et il n’y a pas de réponse absolue. Beaucoup d’entre nous souffrent ou ont souffert de dépression pour diverses raisons. Mais pourquoi cette femme en particulier est-elle d’humeur sombre ?

Le démon à queue qui se hisse hors de la fosse infernale et pointe les cieux pourrait être en train de blasphémer, et il est possible qu’elle ait perdu la foi. Elle est toute seule, loin du ciel. La femme croise les bras et baisse la tête dans un isolement déprimant. Dans son cas, elle semble pécher par manque de foi.

Vers notre ascension

Mais comment la protagoniste pourrait-elle s’élever ? Comment pourrait-elle résister aux tentations de Satan ? Y a-t-il des indices cachés dans le langage corporel de ceux qui montent au ciel ?

Par exemple, le petit enfant qui monte au ciel regarde la scène funèbre. Ces deux enfants, celui qui doit être enterré et celui qui monte au ciel, sont-ils la même personne ? Il n’y a cependant aucune preuve de la mort d’une femme, et l’identité de la femme que l’enfant accompagne reste donc incertaine. Quoi qu’il en soit, un ange accepte l’enfant et la femme, qui joint les mains en prière, à monter au ciel.

L’archange au-dessus de l’enfant et de la femme les montre du doigt comme si les deux avaient une signification pour le sens global du tableau. La femme croise les mains en signe de prière, et typiquement, la foi est une condition préalable à la prière. Bien sûr, la plupart des enfants n’ont pas vécu assez longtemps pour être victimes de la tentation et perdre leur pureté. Le peintre suggère-t-il que la foi et la pureté enfantine sont nécessaires à l’ascension ?

Les personnages qui s’élèvent vers l’archange Michel pour être jugés inclinent également la tête en signe de prière. L’un d’eux lève même les mains en l’air, comme pour louer le divin. Louer le divin est-il une autre condition préalable à l’ascension au ciel ?

Enfin, nous revenons au personnage principal, qui représente la chasteté, lorsqu’elle se protège des tentatives de Satan. Elle représente également la tolérance, lorsqu’elle endure l’assaut furieux de la femme à sa gauche. Le fait qu’elle nous regarde au lieu de se regarder dans le miroir suggère qu’elle est modeste et compatissante.

Il est facile d’être victime des tentations de Satan dépeintes ici : la luxure, l’orgueil, la colère, la gourmandise et le manque de foi. Pouvons-nous résister à ces tentations si nous essayons de maintenir notre foi, notre pureté d’enfant, notre chasteté, notre modestie, notre compassion et notre tolérance ? faut-il renforcer ces vertus pour s’élever ?


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