Espagne: le ministre de l’Intérieur dans la tourmente après l’annulation de l’éviction d’un haut gradé

Par Epoch Times avec AFP
29 mars 2023 16:28 Mis à jour: 29 mars 2023 19:35

Le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, faisait face mercredi aux appels à la démission de l’opposition de droite après l’annulation par la Cour suprême de la destitution en 2020 d’un haut responsable de la Garde Civile ayant provoqué une tempête politique en pleine pandémie de Covid-19. 

Alors chef de la Garde civile (équivalent de la gendarmerie française) à Madrid, le colonel Diego Pérez de los Cobos avait été destitué en mai 2020, quelques jours après l’envoi à une juge enquêtant sur la gestion de la pandémie par les autorités d’un rapport accablant rédigé sous son autorité, sans que son ministère de tutelle en soit informé. Dans ce rapport, la Garde civile affirmait que le délégué du gouvernement (préfet) pour la région de Madrid avait « conscience du danger que représentait » pour la santé publique la tenue d’une manifestation de masse le 8 mars 2020 à Madrid à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.

De nombreux membres du gouvernement de gauche de Pedro Sánchez y avaient participé. Trois avaient été testés positifs au Covid-19 peu après. Six jours après ce rassemblement, l’Espagne, très durement frappée par la première vague de la pandémie de Covid-19, avait décrété le 14 mars l’un des confinements les plus stricts au monde. M. Grande-Marlaska avait alors affirmé que la destitution du colonel était liée à un renouvellement prévu de la direction de la Garde civile et avait assuré qu’il n’avait pas eu accès au rapport envoyé à la juge.

« Il n’y pas eu d’ingérence (de l’exécutif) dans un autre pouvoir de l’État, et il n’y en aura pas tant que je serai ministre de l’Intérieur », avait-il lancé devant les députés. Il avait toutefois reconnu par la suite une perte de confiance à l’égard du colonel, qui décida alors de porter l’affaire devant la justice et a finalement obtenu gain de cause avec l’annulation mardi de son limogeage par la Cour suprême.

Remontée par cette décision judiciaire, l’opposition a immédiatement réclamé la démission du ministre, déjà fragilisé par la tragédie de Melilla, le 24 juin dernier, lorsqu’au moins 23 migrants, selon les autorités marocaines, étaient morts en tentant d’entrer par la force dans l’enclave espagnole.

« Marlaska est encore ministre » malgré « un abus de pouvoir indécent » à l’encontre du colonel Pérez de los Cobos, a dénoncé sur Twitter Cuca Gamarra, la numéro deux du Parti Populaire (PP), principale formation de l’opposition de droite. « Les Espagnols pourront bientôt le limoger dans les urnes », a-t-elle ajouté, en référence aux législatives prévues en fin d’année. « Le ministre de l’Intérieur n’a plus la confiance des gardes civils » et « doit démissionner », a indiqué, pour sa part, l’Association unifiée des Gardes civils (AUGC), organisation qui se dit « majoritaire » au sein de ce corps.

Dès l’annonce de l’arrêt de la Cour suprême, le ministre avait répété qu’il excluait de démissionner.

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