Espagne : polémique autour de l’interdiction des fêtes musulmanes dans la ville de Jumilla

Un musulman prie au Centre culturel islamique de Madrid (Espagne) le 30 janvier 2015.
Photo: Crédit photo Pablo Blazquez Dominguez/Getty Images
En interdisant la tenue de fêtes musulmanes dans ses infrastructures sportives, la municipalité de Jumilla (Espagne), située dans la région de Murcie, a provoqué une réaction du gouvernement espagnol qui lui a demandé d’annuler cette décision.
Ce lundi 11 août, au nom de la liberté de culte, le gouvernement socialiste a exhorté le Parti populaire (conservateur) de Jumilla à annuler la mesure récemment adoptée, laquelle interdisant les fêtes « étrangères » à l’identité espagnole dans les installations sportives municipales.
Une menace directe pour la liberté de culte
« Grâce à Vox, la première mesure interdisant la célébration des fêtes islamiques dans les espaces publics a été approuvée. L’Espagne est et restera à jamais la terre aux racines chrétiennes », s’est réjoui sur X le parti nationaliste Vox.
Pour Madrid, cette interdiction constitue une menace directe pour la liberté de culte. Le ministre espagnol des Politiques territoriales, Ángel Víctor Torres, a indiqué dans un tweet qu’une mise en demeure avait été envoyée à la mairie de Jumilla « afin qu’elle annule la motion qui empêche la célébration d’événements que la communauté musulmane organisait depuis des années », comme l’Aïd ou le Ramadan.
La gauche espagnole a, elle aussi, rapidement réagi. Sur X, Francisco Lucas, dirigeant socialiste de la région de Murcie, a accusé le Parti populaire de violer la Constitution et de mettre en péril la cohésion sociale dans sa seule quête du pouvoir.
« Une réglementation discriminatoire »
De son côté, Mounir Benjelloun Andaloussi Azhari, président de la Fédération espagnole des organisations islamiques, a qualifié auprès du média El País cette mesure « islamophobe et discriminatoire », dans une commune d’environ 27.000 habitants, dont près de 1500 sont de confession musulmane. « Ils ne s’en prennent pas aux autres religions, mais à la nôtre. Il s’agit d’une proposition islamophobe. C’est une réglementation discriminatoire qui empêche uniquement les musulmans de profiter de leurs fêtes », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Nous sommes surpris par ce qui se passe en Espagne. Pour la première fois depuis 30 ans, j’ai peur. »
L’Église catholique a également dénoncé cette interdiction. Une prise de position qui a aussitôt fait réagir Santiago Abascal, le leader de Vox, se disant « perplexe » auprès de Bipartidismo Stream, une chaîne YouTube : « Je ne sais pas si cela est dû aux revenus publics que perçoit l’Église et qui l’empêchent de lutter contre certaines politiques gouvernementales » ou « aux cas de pédophilie au sein de l’Église, qui la musellent complètement », a-t-il pointé.

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