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Étudiante en médecine tuée à Saint-Ouen : son ex-compagnon Rifat Abbas condamné à 20 ans de réclusion

février 7, 2022 7:30, Last Updated: février 7, 2022 8:23
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Vendredi 4 février, la cour d’assises de Seine-Saint-Denis a condamné à 20 ans de réclusion criminelle l’ex-compagnon d’une étudiante en médecine âgée de 27 ans pour l’avoir tuée de vingt coups de couteaux à Saint-Ouen en 2019.

Après trois heures de délibération, la cour a reconnu Rifat Abbas, Soudanais aujourd’hui âgé de 34 ans, coupable du meurtre d’Audrey Coignard en septembre 2019, avec la circonstance aggravante d’avoir été son concubin.

L’avocat général avait requis 30 ans de prison vendredi matin. « Monsieur Abbas ne l’a pas tuée parce qu’il l’aimait. Il l’a tuée parce qu’il perdait sa situation », avait affirmé ce magistrat, Bertrand Macle.

« La rencontre de deux personnes que tout sépare » s’est conclue par « la sauvagerie d’un acte meurtrier », a déclaré M. Macle pendant son réquisitoire.

Une femme qui « apportait du bien aux autres »

Très investie dans l’aide aux migrants, c’est par ce biais que l’interne de l’hôpital Jean-Verdier à Bondy originaire de Normandie avait rencontré l’accusé. Le couple avait entretenu une relation à laquelle elle avait mis un terme quelques mois avant le drame.

Elle continuait d’héberger son ex-compagnon, en situation irrégulière, mais lui avait demandé de lui rendre les clés le soir de sa mort.

« L’aide qu’elle apportait (aux migrants) se transformait en amitié et on la respectait pour ça », a témoigné l’un des migrants à qui elle était venue en aide et désormais proche de la famille.

« Elle apportait du bien aux autres donc elle ne voyait pas pourquoi on lui ferait du mal », a rapporté mercredi à la barre la mère de la victime, partie civile aux côtés d’autres membres de la famille.

« Très fier » de sa fille, le père, ancien agriculteur, a loué sa « force physique et mentale » et son caractère « passionné ».

C’était « une femme qui avait confiance en l’humain et ne voulait pas se laisser aller à la peur de l’inconnu », a résumé sa sœur aînée et confidente, enceinte au moment des faits, qui confie avoir « été incapable » depuis la mort de sa sœur de retourner à son travail.

« Forte, sensible, douce, protectrice », « avec un sens de l’amitié incroyable » et « pleinement épanouie » dans son travail : c’est le portrait qu’a dressé à la barre une amie proche de la victime l’ayant vu deux jours avant sa mort.

Même les animaux, « on ne les tue pas comme ça »

Reconstruire les derniers moments de la jeune femme étudiante en médecine et comprendre ce qui a poussé l’accusé à passer à l’acte ont été au cœur du procès.

Rifat Abbas, à la personnalité « immature » selon les différentes parties, a conservé une attitude prostrée pendant les quatre jours d’audience.

Lors de son interrogatoire jeudi, il a reconnu avoir asséné le premier coup lors d’une dispute pour « faire taire » la victime « de peur » que les cris n’attirent la police, sans donner plus d’explication sur son geste.

Son avocate, Me Chloé Arnoux, a appelé la cour à juger son client à l’aune de sa vie et des traumatismes subis lors de son parcours migratoire chaotique passé notamment par la Libye où il a été torturé.

Même les animaux, « on ne les tue pas comme ça. On les tue en les respectant », avait déploré mercredi à la barre le frère agriculteur de la victime, partie civile aux côtés de la famille venue à l’audience avec des portraits de la jeune femme.

« Pour la faire taire »

Affirmant avoir peu de souvenir des faits, Rifat Abbas avait reconnu lors de son interrogatoire jeudi avoir « poignardé » la victime, « pour la faire taire ». « J’avais peur que les voisins entendent et que la police vienne », a-t-il dit.

Il n’a pas donné d’explications supplémentaires à son geste meurtrier, s’excusant à plusieurs reprises auprès de la famille.

Le procès a « libéré d’un poids » la famille, a déclaré ému le père d’Audrey Coignard : même si « ce n’est peut-être pas assez, on va de l’avant ».

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