Exercices militaires au Cambodge, nouvelle « Cour internationale », mainmise en Amérique latine, etc. : les derniers déplacements du PCC sur l’échiquier mondial

Par Germain de Lupiac
3 juin 2025 13:04 Mis à jour: 3 juin 2025 21:59

Dans la compétition internationale, la Chine est le premier adversaire des démocraties occidentales et ne cache pas ses ambitions de devenir la première puissance mondiale à l’horizon 2049, année du centenaire de la création du Parti communiste chinois (PCC).

Voici une vue d’ensemble sur les derniers pions avancés au niveau mondial par le PCC pour le mois de mai 2025. Retrouvez les articles de la série ici.

Washington accuse le PCC de se préparer à « utiliser la force » en Asie-Pacifique

Le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, a accusé le 31 mai la Chine de se préparer « à potentiellement utiliser la force militaire » en Asie-Pacifique, une région dont Washington fait son « théâtre prioritaire » dans un contexte de montée des tensions.

« La menace que représente la Chine est réelle et pourrait être imminente », a-t-il déclaré au Shangri-La Dialogue de Singapour, plus grand forum sur la sécurité et la défense en Asie, dans un contexte de tensions commerciales et géopolitiques.

Pete Hegseth a assuré que Pékin « souhaite dominer et contrôler » la région et « s’entraîne tous les jours » en vue d’une invasion de Taïwan, avec une multiplication des manœuvres chinoises autour de l’île.

Pékin se prépare ainsi « clairement et de manière crédible à potentiellement utiliser la force militaire pour modifier l’équilibre des forces » en Asie-Pacifique, a souligné le dirigeant américain.

Pékin crée un organe de médiation international à Hong Kong

Le PCC a signé le 30 mai une convention pour établir un organe de médiation international à Hong Kong, qui a pour but d’être comparable à des organisations telles que la Cour internationale de justice (CIJ).

Le PCC a adopté une approche plus proactive dans les affaires internationales ces dernières années, élargissant son influence dans des organismes mondiaux tels que les Nations unies et l’Organisation mondiale de la santé. Une investigation de 10 mois, intitulée China Targets et publiée le 28 avril 2025, a révélé comment Pékin déploie un nombre croissant d’organisations se faisant passer pour des ONG à l’ONU pour intimider et surveiller les militants défenseurs des droits de l’homme.

Cette initiative intervient malgré l’imposition par Pékin d’une vaste loi sur la sécurité nationale en 2020 à Hong Kong qui a ébranlé la confiance dans l’impartialité du système juridique de la ville.

Initiée par Pékin, la création de l’Organisation internationale de médiation (OIMed) a été cosignée par 31 autres pays « partageant les mêmes idées », allant de la Serbie au Pakistan en passant par la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Venezuela. Elle ouvrira vers la fin de l’année ou début 2026.

Prague convoque l’ambassadeur de Chine après une attaque informatique

L’ambassadeur de Chine en République tchèque a été convoqué le 28 mai suite à une attaque informatique ayant ciblé le ministère tchèque des Affaires étrangères, a indiqué le gouvernement à Prague.

Une enquête approfondie sur l’incident, qui a conduit à un haut degré de certitude concernant l’acteur responsable, a été menée par les renseignements tchèques, a précisé le gouvernement.

« L’activité malveillante a été perpétrée par l’acteur d’espionnage informatique APT31 qui est publiquement associé au ministère de la Sécurité de l’État chinois », a ajouté le ministère.

Le contre-espionnage tchèque avait désigné la Chine comme une menace pour la sécurité dans son rapport annuel de 2024, l’ambassade chinoise cherchant des « informations sur la scène politique » locale.

Les pays endettés auprès du PCC vont payer des montants record en 2025

Les pays en développement endettés auprès de la Chine vont lui verser des montants record en 2025, selon une étude de l’institut australien Lowy publiée le 27 mai qui évoque un « raz-de-marée » de remboursements et de paiements d’intérêts.

Ces prêts s’inscrivent dans le cadre du programme mondial d’infrastructures dit des « Nouvelles routes de la soie », lancé par la Chine en 2013 pour développer ses liens commerciaux avec le reste du monde et sécuriser ses approvisionnements.

L’institut Lowy a passé au crible les données de la Banque mondiale pour calculer les obligations de remboursement des pays en développement. Les 75 pays les plus pauvres de la planète vont ainsi honorer des « remboursements de dette record » à la Chine en 2025, pour un montant total évalué à 19 milliards d’euros. « La pression exercée par les prêts de l’État chinois, couplée à l’augmentation des remboursements à une série de créanciers privés internationaux, exercent une pression financière énorme sur les économies en développement », explique l’institut.

Des observateurs du programme des « Nouvelles routes de la soie » pointent le risque qu’il n’enferme certains pays membres dans la dette et dans une dépendance politique et économique avec le PCC.

Tokyo dénonce des « recherches maritimes » menées par la Chine dans sa ZEE

Le 27 mai, le Japon a accusé la Chine d’avoir mené des recherches scientifiques maritimes non autorisées dans sa zone économique exclusive (ZEE) autour de son île la plus méridionale dans l’océan Pacifique. Ces activités auraient eu lieu près de l’atoll isolé d’Okinotori, dans la mer des Philippines, situé à mi-chemin entre Taïwan et Guam.

Selon le droit international, un État côtier exerce des droits sur les ressources et activités économiques dans sa zone économique exclusive (ZEE), qui s’étend jusqu’à 370 km de ses côtes.

Des navires japonais et chinois ont par ailleurs été impliqués par le passé dans des incidents concernant des zones contestées, en particulier les îles Senkaku en mer de Chine orientale, appelées Diaoyu par Pékin, et dont les deux États se disputent la souveraineté.

L’Indonésie et la Chine s’engagent à renforcer leurs relations 

L’Indonésie et la Chine ont réaffirmé le 25 mai leur engagement à renforcer leurs relations bilatérales. Huit autres accords ont été signés dans des secteurs couvrant le tourisme, la santé, l’investissement et les médias.

« La Chine est prête à collaborer avec l’Indonésie et d’autres pays en développement […] pour défendre le multilatéralisme et le libre-échange, et promouvoir un monde multipolaire et une mondialisation inclusive », a déclaré le Premier ministre chinois Li Qiang.

Pékin et Jakarta sont des alliés économiques proches, et les entreprises chinoises ont largement investi dans les secteurs des ressources naturelles indonésiennes ces dernières années, en particulier dans le secteur du nickel.

Mais la question des voies navigables stratégiques de la mer de Chine méridionale et de ses territoires voisins ont pesé sur les relations bilatérales des deux pays ces dernières années.

La Chine a mené des exercices militaires près de Taïwan 

La Chine a mené des exercices amphibies dans certaines des eaux les plus proches de Taïwan, le jour du premier anniversaire de l’entrée en fonction du président taïwanais William Lai, a annoncé le 21 mai la télévision d’État chinoise CCTV.

Le président taïwanais Lai Ching-te, honni par Pékin, a déclaré le 20 mai qu’il fallait « se préparer à la guerre pour éviter la guerre » et a appelé à renforcer la résilience économique de l’archipel revendiqué par Pékin.

La Chine, qui considère la démocratie de Taïwan comme faisant partie de son territoire et menace de recourir à la force pour l’annexer, a mené ces dernières années plusieurs vagues de grandes manœuvres militaires autour de Taïwan.

La Chine dénonce les nouvelles mesures américaines sur les puces Huawei

Le régime chinois n’a pas apprécié le 21 mai les nouvelles recommandations de l’administration Trump sur l’utilisation de puces électroniques avancées, notamment du géant chinois Huawei, dénonçant une tentative d' »intimidation ».

Ces nouvelles règles, qui devaient s’ajouter, à partir du 15 mai, à des contrôles déjà mis en place en 2022 et 2023, avaient été annoncées par le gouvernement de Joe Biden mi-janvier, quelques jours seulement avant la fin de son mandat.

Parallèlement à leur annulation, le département américain du Commerce a dévoilé de nouvelles directives qui mettent en garde contre l’utilisation de semi-conducteurs d’IA chinois, et en particulier les puces Ascend du géant technologique Huawei, menaçant de « sanctions pénales et administratives importantes, pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement ».

Washington a renforcé ces dernières années ses efforts pour limiter les exportations de puces dernier cri vers la Chine, craignant qu’elles ne servent à l’armée chinoise et soucieux de conserver la domination américaine dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA).

Selon le rapport publié par l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire (Irsem), les entreprises chinoises comme Huawei offrent un aperçu du « techno-autoritarisme », ou de l’ « autoritarisme numérique » chinois, les smartphones et leurs applications servant à la surveillance et l’espionnage.

Le PCC affirme soutenir le Pakistan face à l’Inde

La Chine a affirmé le 20 mai soutenir le Pakistan « pour la défense de sa souveraineté et de son intégrité territoriale », selon un communiqué du ministre des Affaires étrangères.

Du 6 au 10 mai, le Pakistan et l’Inde ont été au bord d’une nouvelle guerre lors de leur plus grave confrontation militaire depuis 1999. Islamabad a affirmé que ses avions de chasse, construits par la Chine, avaient abattu plusieurs appareils indiens.

Le Pakistan est un « ami à toute épreuve » et nous allons renforcer notre partenariat « dans tous les domaines stratégiques », a assuré le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, après une rencontre à Pékin avec son homologue pakistanais Mohammad Ishaq Dar.

L’Inde et le Pakistan se disputent la souveraineté de l’ensemble du Cachemire depuis leur partition sanglante à leur indépendance en 1947. Le Pakistan représente environ 63 % des exportations d’armes chinoises, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

Le PCC appelle la France à un climat d’affaires « plus équitable » 

Le vice-Premier ministre chinois He Lifeng a appelé le 15 mai la France à proposer un climat des affaires « plus équitable, plus juste et plus prévisible », à l’occasion d’une visite à Paris, au moment où plusieurs dossiers affectent la relation économique entre les deux pays, notamment la filière française du cognac et de la viande bovine.

Des mesures antidumping temporaires de Pékin imposent depuis mi-novembre aux importateurs de brandys européens (eaux-de-vie de vin, essentiellement du cognac) de déposer auprès des douanes chinoises une caution, en représailles à une procédure européenne visant les subventions d’État dont bénéficient les véhicules électriques fabriqués en Chine.

Ces mesures ont porté un coup à la filière cognac en France, qui affirme perdre 50 millions d’euros par mois depuis leur instauration.

La Chine dit vouloir « élargir la coopération » avec l’armée russe

La Chine a indiqué le 15 mai vouloir « élargir la coopération pragmatique » avec l’armée russe, après la récente visite à Moscou du leader chinois Xi Jinping pour le grand défilé commémorant la victoire de la Seconde Guerre mondiale.

La Chine et son voisin russe ont renforcé leur coopération économique, politique et militaire durant la dernière décennie. Cette tendance s’est encore accélérée après l’invasion du territoire ukrainien lancée par Moscou en 2022. Xi Jinping n’a jamais condamné la Russie pour son opération en Ukraine.

« L’armée chinoise est disposée à œuvrer de concert avec la partie russe afin de renforcer davantage la confiance stratégique mutuelle, intensifier la communication stratégique, élargir la coopération pragmatique et consolider la dynamique positive du développement des relations entre les deux armées », a indiqué Jiang Bin, un porte-parole du ministère chinois de la Défense.

La Chine affirme être partie neutre dans le conflit russo-ukrainien, offre ses services comme médiatrice, mais est régulièrement accusée par les Occidentaux de fournir à Moscou un soutien économique et politique crucial pour mener son opération militaire.

Lors de sa rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine à Moscou, Xi Jinping avait assuré que l’entente Pékin-Moscou injectait de « l’énergie positive » dans un monde en crise.

Le PCC étend son influence à l’Amérique latine

Le président chinois Xi Jinping a promis le 13 mai aux dirigeants d’Amérique latine de renforcer ses liens avec la région. Il s’exprimait lors de la cérémonie d’ouverture d’une importante réunion ministérielle entre la Chine et des pays membres de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (Celac), qui regroupe 33 nations, à laquelle participait notamment le président brésilien Lula.

Le géant asiatique a intensifié ces dernières années sa coopération avec les pays d’Amérique latine. La région est devenue un champ de bataille diplomatique entre Pékin et Washington.

Signe du poids grandissant de la Chine en Amérique latine: dans plusieurs pays de la région comme le Brésil, le Pérou ou le Chili, le géant asiatique a supplanté les États-Unis comme premier partenaire commercial.

La Chine rallie la Colombie à ses « Routes de la soie » 

La Colombie s’est engagée le 14 mai à rejoindre le grand projet chinois d’infrastructures des « Nouvelles routes de la soie », un signe de l’ancrage croissant du géant asiatique en Amérique latine. La région est devenue ces dernières années un champ de bataille diplomatique entre Pékin et Washington.

Symbole de l’influence croissante de la Chine en Amérique latine : elle a dépassé les États-Unis en tant que premier partenaire commercial du Brésil, du Pérou, du Chili et les deux tiers des pays y ont adhéré aux « Nouvelles routes de la soie ».

La Colombie est devenue le dernier pays en date à rejoindre cette vaste initiative – portée depuis une décennie par le leader chinois Xi Jinping.

Axe central de la stratégie de Pékin depuis 2013 pour accroître son influence à l’étranger, l’initiative des « Nouvelles routes de la soie » (de son nom officiel « La Ceinture et la Route ») vise notamment à construire des infrastructures maritimes, routières et ferroviaires – en particulier dans les pays en développement, avec pour la plupart d’entre eux une facture colossale à rembourser, ce qui les rend dépendant politiquement et économiquement au PCC.

La Chine et le Cambodge entament les plus grands exercices militaires conjoints de leur histoire

La Chine et le Cambodge ont commencé le 14 mai les plus grandes manœuvres militaires conjointes jamais opérées entre les deux pays, impliquant du matériel militaire chinois de pointe, dont de l’artillerie, des navires de guerre et des chiens de combat robotisés. L’objectif est de « développer des liens et une coopération plus profonde » entre les deux armées.

« La Chine veut montrer ses muscles » et envoyer le message qu’ « elle est une superpuissance » par le biais de ces exercices, baptisés « Golden Dragon », a avancé Ou Virak, un expert politique cambodgien.

En dehors de cette démonstration de force, la Chine doit aussi « donner confiance à ses partenaires en leur disant que la Chine grandit, se développe et devient plus forte, à la fois en termes de taille, de progrès technologique et de puissance militaire », a ajouté Ou Virak.

Il est attendu que le Cambodge reçoive également deux navires de guerre de la Chine. Les relations entre Phnom Penh et Washington se sont détériorées ces dernières années à mesure que l’influence de Pékin s’est renforcée grâce à des milliards de dollars d’investissements dans des infrastructures.

La Chine s’attaque à la contrebande pour faire respecter les contrôles sur les exportations de terres rares

La Chine a annoncé le 9 mai qu’elle allait sévir contre la contrebande de minerais stratégiques, essentiels à la fabrication de semi-conducteurs et d’armes, et qui font l’objet de restrictions à l’exportation.

Le mois dernier, Pékin a restreint les exportations de tungstène et de sept catégories de terres rares dans le cadre de sa riposte aux nouveaux droits de douane imposés par le président américain Donald Trump sur les produits chinois.

En 2024, la Chine a interdit les exportations vers les États-Unis de gallium, d’antimoine et de germanium – des composants clés des semi-conducteurs – ainsi que de certains types de graphite utilisés dans les batteries des véhicules électriques.

La Chine domine les chaînes d’approvisionnement mondiales en terres rares, essentielles à la fabrication de smartphones, de turbines éoliennes, d’équipements militaires et de nombreux autres biens.

TikTok lourdement sanctionné pour ses failles de sécurité

TikTok a écopé le 2 mai d’une amende de 530 millions d’euros dans l’Union européenne pour avoir échoué à garantir une protection suffisante des données personnelles des Européens en Chine, d’où elles sont accessibles.

Le puissant réseau social, qui compte 1,5 milliard de membres, est la propriété de ByteDance, un groupe chinois. Il est depuis des années dans le viseur des gouvernements occidentaux, qui redoutent son lien avec Pékin et un possible usage des données de ses utilisateurs à des fins d’espionnage ou de propagande.

Selon Graham Doyle, responsable de la communication du régulateur irlandais, la plateforme a enfreint les règles européennes de protection des données (RGPD) car elle n’est pas parvenue à « démontrer que les données personnelles » des Européens, « accessibles à distance par son personnel en Chine », bénéficient là-bas d’un niveau de protection équivalent à celui de l’UE.

L’Autorité irlandaise de protection des données reproche aussi à TikTok de n’avoir pas indiqué à ses utilisateurs, entre 2020 et 2022, vers quels pays les données étaient transférées, ni qu’elles pouvaient être consultées depuis la Chine. Sur les 530 millions d’euros d’amende, 45 millions sont prononcés pour cette infraction.

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