France: une clinique 5 étoiles pour chevaux aux portes de Lyon

11 janvier 2019 10:05 Mis à jour: 11 janvier 2019 10:12

Ici, on veille sur des stars mais… dans des box. Et dans le bloc opératoire de ce centre hospitalier universitaire (CHU) français pour chevaux, tout est surdimensionné: table supportant une tonne, sondes et cathéters géants, champs stériles et poches de perfusion XXL.

« Nous sommes l’un des rares centres d’urgence pour chevaux en Europe », explique à l’AFP le professeur Olivier Lepage, au cœur de la Clinéquine à Marcy-l’Etoile, près de Lyon (centre-est de la France). D’autres pôles universitaires vétérinaires spécialisés dans le cheval existent notamment à Gand en Belgique, à Zurich en Suisse ou encore à Utrecht aux Pays-Bas.

A Marcy-l’Etoile, « quelque 1.500 chevaux sont hospitalisés chaque année, auxquels s’ajoutent ceux en ambulatoire », dans cette clinique créée en 1998 sur le campus vétérinaire de 44 hectares de l’école Vetagro Sup, précise le Pr Lepage. « Nous avons des patients qui valent de 3 à 4 millions d’euros », dit-il. Mais stars des hippodromes ou anonymes, « le traitement est le même », relève ce chirurgien de renommée internationale.

En moyenne, sur l’année, « nous recevons une urgence par jour », dans un pays qui compte plus d’un million de chevaux. Plusieurs professionnels sont de garde chaque nuit pour les accueillir, dans cette structure qui fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.  Des moniteurs vidéo permettent de surveiller chaque « chambre ». Le centre dispose également de box doubles de néonatalogie, pour la mère et son petit.

Vetagro Sup, l’une des quatre écoles vétérinaires françaises, toutes publiques, est la première en nombre de cas traités et de spécialités. « Ici, nous avons la volonté de ne pas diviser enseignement, recherche et clinique », renchérit Isabelle Desjardins, spécialiste en médecine interne équine, lors d’un TP. Étudiants, internes et résidents sont tout ouïe.

Au bloc, les gestes chirurgicaux ne diffèrent guère de ceux d’une opération humaine. Si ce n’est par le nombre d’intervenants et la position du patient, les quatre jambes en l’air ! On dit « jambes » pour le meilleur ami de l’homme.  Quant à l’anesthésie d’animaux frôlant ou dépassant les 800 kilos, c’est une séquence spectaculaire. Ainsi, cet hongre (mâle castré) de 8 ans, anesthésié avant une intervention par arthroscopie, est installé debout dans une salle aux murs capitonnés. Caresses, mots doux l’encouragent.

Six personnes le tiennent contre le mur afin d’amortir sa chute quand il s’endormira. Soulevé alors avec un treuil, il est transporté sur une table roulante jusqu’au bloc opératoire voisin.  Le chirurgien s’affaire sur une articulation antérieure tandis qu’à la tête de l’animal veillent les anesthésistes.

Cet hôpital dispose d’un plateau technique de pointe, avec IRM, échographie, scanner… Seul bémol, un déficit de spécialistes en imagerie. « Le public paye beaucoup moins que le privé ! », reconnaît le Pr Lepage. « Nous manquons aussi en France d’infirmières vétérinaires, pourtant indispensables ».

La clientèle, parfois très riche, « vient de 400 kilomètres à la ronde », notamment de Suisse, d’Italie ou d’Espagne. Et les patients sont très divers: « du cheval de trait au cheval, tondeuse à gazon, d’obstacle, de course mais aussi, des poneys, des ânes… ». Et même récemment un ours du zoo de Lyon ! En France, la région Auvergne-Rhône-Alpes qui comprend Lyon, Grenoble et Clermont-Ferrand, est la deuxième région équine derrière la Normandie, où dominent les chevaux de course.

« On a connu ces 25 dernières années des avancées formidables. Avant, on euthanasiait les chevaux blessés », relève le chirurgien, devant un animal au bassin fracturé. « On a une médecine aussi pointue que celle des humains », assure-t-il. Arthrose, maladies musculaires, chirurgie, médecine régénérative, cellules souches… Vétérinaires et médecins, « on a plein de choses à s’apprendre » en recherche appliquée. « Le cheval est un modèle très intéressant ».

La France doit toutefois rattraper son retard par rapport aux États-Unis ou au Canada. Vetagro a d’ailleurs « des liens avec leurs grandes universités », souligne le Pr Lepage, formé notamment à Montréal. Parmi les pathologies les plus fréquentes aux urgences, les coliques, mortelles chez le cheval. « On a six heures maximum devant soi ».

Puis viennent traumatologie, hémorragie aiguë, chirurgie néovasculaire, Marcy en est le centre de référence , mais aussi dermatologie, cardiologie… La formation ici se déroule aussi en anglais. En 2018, 77% des 160 élèves de première année sont des filles. Dix-huit étudiants venant de 13 pays ont également suivi la « Summer School » équine cet été. Certains, telle la Mexicaine Andrea Villanueva, prolongent l’aventure comme interne.

D.C avec AFP

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