Gilets jaunes – une avocate empêche la destruction d’un campement : « Vous ne pouvez pas expulser ces gens-là »

3 janvier 2019 11:29 Mis à jour: 3 janvier 2019 11:29

Relayée lundi dernier sur les réseaux sociaux, la vidéo d’une avocate venue prêter main-forte aux gilets jaunes afin d’empêcher les gendarmes de démanteler leur installation sur un rond-point d’Avignon est devenue virale.

Le 31 décembre, en fin de matinée, un groupement de gendarmerie entreprend le démantèlement du campement de « gilets jaunes » installés sur un terrain privé situé à environ 50 mètres du rond-point d’accès à Avignon Nord, à hauteur de la commune du Pontet.

« Nous nous étions installés sur ce terrain la veille, après avoir été délogés du rond-point le 26 décembre», a expliqué un des manifestants aux journalistes du Parisien.

Au bon endroit, au bon moment

Équipés d’une tractopelle et d’un camion-benne, les militaires commencent à démonter un chapiteau sous les invectives des « gilets jaunes » présents qui leur reprochent d’intervenir sans autorisation.

Des échanges houleux qui finissent par être interrompus par l’arrivée de maître Sophia Albert-Salmeron, une avocate locale qui soutient le mouvement depuis le début et défend bénévolement plusieurs « gilets jaunes » interpellés en marge des barrages.

Elle fournit également des conseils juridiques aux manifestants et les informe régulièrement de leurs droits.

Mme Sophia Albert-Salmeron a expliqué aux journalistes qu’elle était tombée sur la vidéo de l’évacuation en direct sur Facebook.

« Quand j’ai compris que je n’étais pas loin, je me suis aussitôt rendue sur place.»

Une fois sur le terrain, elle a immédiatement expliqué aux fonctionnaires qu’ils ne pouvaient pas continuer à démanteler le campement, leur action étant dépourvue de toute base légale.

« Sur un terrain privé, tant que vous n’avez pas une plainte du propriétaire, vous ne pouvez pas expulser ces gens-là », a rappelé cette spécialiste du droit pénal aux gendarmes.

« Si un arrêté [préfectoral, ndlr] est pris, je peux faire appel et il est suspensif», a-t-elle poursuivi avec fermeté.

« Pour faire appel d’une décision, il faut qu’il y ait une décision », a d’ailleurs souligné Me Albert-Salmeron pointant l’absence de fondement de l’intervention des gendarmes.

Une victoire des « gilets jaunes »

Penauds et manifestement quelque peu échaudés par ce rappel à la loi, les forces de l’ordre finissent par battre en retraite pendant que les « gilets jaunes » commencent à remonter leur campement.

« Vous le savez ça, on ne vous l’apprend pas. Vous avez des ordres. Dites au préfet de venir nous parler », assène un des membres des « gilets jaunes » à l’intention des gendarmes.

« Devant eux, il faut montrer de la détermination, sinon ils nous prennent pour des cons », confie-t-il quelques instants plus tard à la caméra.

« Ce qui est dommage, c’est que si l’avocate n’est pas là, ça peut dégénérer. Et l’avocate ne peut pas être là tout le temps », explique-t-il ensuite aux fonctionnaires avant qu’ils ne quittent le terrain dans la foulée.

Le soir même, les « gilets jaunes » de la zone ont pu célébrer le Nouvel An sous le chapiteau qu’ils venaient de redéployer.

Déni de la préfecture

Contactée par Le Parisien, la préfecture du Vaucluse assure pour sa part que l’opération du groupement de gendarmerie a été interrompue pour des raisons de sécurité :

« Cette intervention a suscité un attroupement conséquent et soudain qui ne pouvait être anticipé ni géré par les forces de l’ordre départementales en l’absence de renforts mobiles ce jour-là dans le département. Afin de ne pas créer un trouble supérieur d’ordre public, qu’aurait pu susciter une intervention des forces de l’ordre, il a été décidé de surseoir à l’opération », a ainsi expliqué le cabinet du préfet.

Celui-ci a également précisé que le propriétaire du terrain sur lequel les « gilets jaunes » se sont installés avait annoncé aux gendarmes sa volonté de porter plainte pour occupation illicite de son bien.

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