Honduras : « justice » pour les défenseurs de l’environnement assassinés
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Des membres du Conseil civique des organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH) bloquent l'autoroute CA-5 qui relie la capitale à la partie nord du Honduras, à Amarateca, à 20 km au nord de Tegucigalpa, le 23 septembre 2024. Le COPINH demande justice pour les meurtres des écologistes Berta Caceres -en mars 2016 à La Esperanza, département d'Intibuca- et Juan Lopez, abattu au début du mois, dans la municipalité de Tocoa, département de Colon.
Des centaines de manifestants ont bloqué lundi la principale autoroute du Honduras, réclamant « justice » pour les défenseurs de l’environnement assassinés Berta Caceres, en 2016, et Juan Lopez, le 14 septembre, a constaté l’AFP.
« Justice pour Berta », « Justice pour Juan Lopez » ont scandé les manifestants à l’appel du Conseil des organisations populaires et indigènes du Honduras (Copinh), bloquant de l’aube jusqu’à la mi-journée l’axe routier reliant la capitale Tegucigalpa à la deuxième ville du pays, San Pedro Sula (nord).
« Plus de huit ans après le cruel assassinat » de Berta Caceres, 44 ans, « on constate toujours la fragilité et la corruption du système judiciaire au Honduras », a déclaré le Copinh dans un communiqué.
« L’impunité dans cette affaire est un rappel constant des injustices auxquelles sont confrontés ceux qui défendent les droits de l’Homme et les territoires ancestraux », est-il ajouté.
« Ils ont cru que l’impunité était éternelle, ils se trompent. » (Photo Orlando SIERRA / AFP)
Abattu dans sa voiture alors qu’il quittait une église
« Aujourd’hui, cette même impunité menace de se répéter avec l’assassinat de Juan Lopez, nouveau martyr de la lutte pour la défense des territoires », ajoute l’organisation.
M. Lopez, 46 ans, a été abattu dans sa voiture alors qu’il quittait une église dans la municipalité de Tocoa, à 220 km au nord-est de Tegucigalpa.
Le pape François a condamné dimanche cet assassinat. « J’ai appris avec douleur que Juan Antonio Lopez, délégué de la parole de Dieu, coordinateur de la pastorale sociale du diocèse de Trujillo et membre fondateur de la pastorale de l’écologie intégrale au Honduras, a été assassiné au Honduras », a déclaré le souverain pontife argentin.
Menacé du même sort que Berta Caceres, il se savait en danger de mort
M. Lopez accusait un groupe minier d’exploiter une mine à ciel ouvert dans des conditions portant atteinte à une réserve forestière près de Tocoa. Il avait confié à l’AFP en 2021 craindre pour sa vie, expliquant qu’on l’avait averti qu’il lui arriverait la même chose qu’à Berta Caceres, abattue le 2 mars 2016 parce qu’elle s’opposait à la construction d’un barrage hydroélectrique dans l’ouest du pays.
Une femme tient une banderole avec le portrait de Berta Caceres, leader indigène assassinée au Honduras, alors qu’elle participe à une manifestation pour demander justice pour les femmes assassinées, devant le siège du ministère public à Tegucigalpa, le 25 novembre 2022, lors de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. (Photo ORLANDO SIERRA/AFP via Getty Images)
Le Copinh a demandé à la Cour suprême de « confirmer » la peine prononcée à l’encontre de huit personnes condamnées en première instance pour l’assassinat de la militante. Le Honduras est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les défenseurs de l’environnement, avec 18 meurtres en 2023, selon l’ONG Global Witness.