Les internautes chinois raillent les résultats « d’une enquête publique » favorables à la politique de censure de Pékin

Des clients dans un cybercafé de Pékin le 12 mai 2011. Les internautes chinois se désolidarisent des résultats d’un récent sondage en ligne, qui ne les représente pas.
Photo: Gou Yige/AFP/Getty Images
Les autorités chinoises ont récemment procédé à une enquête en ligne, récoltant des avis largement favorables des internautes du pays, vis-à-vis des mesures répressives du régime chinois sur le web et l’environnement de l’Internet chinois – ce qui a agacé les internautes chinois.
D’après le sondage conduit fin janvier, plus de 9 internautes chinois sur 10 auraient affirmé soutenir sept différentes mesures de censure ou des actions « d’amélioration de l’environnement en ligne », menées par le régime chinois en 2015. Ainsi 96,2 % des internautes chinois soutiendraient l’action du gouvernement « de mener des investigations pour identifier et punir ceux qui répandent des rumeurs sur internet, conformément à la loi ».
Quant à l’environnement du web chinois, 80,7 % des sondés reconnaissaient avoir remarqué une augmentation de « l’énergie positive » dans le cyberespace chinois, alors que seulement 64,9 % déclaraient avoir constaté une augmentation de la réglementation de l’Internet.
Global Times, le média d’État nationaliste, a affirmé que l’enquête avait été conduite par Horizon Research Consultancy Group, la plus grande société de recherche et de consultation privée en Chine. La totalité des 12 600 sondés proviendrait de 50 grandes villes du pays, disposant d’au moins un établissement universitaire.
Pendant ce temps, sur Sina Weibo, un service de microblogging populaire chinois, les internautes de l’empire du milieu contestaient l’exactitude et la légitimité du scrutin. L’internaute « Soft Rose 575 » a écrit : « Comme le dit un dicton ‘c’est un viol de l’opinion publique’ ». Un internaute du Xinjiang moqueur écrivait : « Mon Dieu, je suis a nouveau ‘représenté’ », tandis qu’un autre de Pékin faisait écho : « Je ne fais surement pas parti des électeurs ».
D’autres internautes ont raillé les taux d’approbation risiblement élevés des politiques de censure du web qui frappent les internautes chinois depuis belle lurette. « Puisque c’est l’Internet du Parti communiste, le taux d’approbation ne devrait-il pas être de 100 % ? », interroge sarcastique un internaute du Guangxi. Un autre de Shanghai dont le pseudo est « Looking at the sky (Le regard tourné vers le ciel), a écrit : « Le résultat avec dix Centres 50 centimes interrogés, serait de 100 %. »
Les Centres 50 centimes appartiennent à un grand groupe d’agitateurs indépendants en ligne (l’armée des 50 Cent), engagé par le Parti communiste chinois pour scruter le web, harceler les dissidents et « orienter l’opinion publique » en faveur du pouvoir de Pékin. Comme leur nom l’indique, les « cinquante centimes » sont payés 0,5 yuans pour chaque poste publié défendant les positions du régime ou pour attaquer ses détracteurs.
Les internautes chinois ont une bonne raison de soupçonner que les membres du 50 Cent ont biaisé les résultats de la récente « enquête publique ». Une grande partie de ces jeunes vient des universités et collèges – selon les documents publiés en 2015 par la Ligue de la jeunesse communiste, environ 4 millions – et l’une de leurs principales tâches en tant qu’agents idéologiques est de promouvoir « une énergie positive en ligne », un item du questionnaire en ligne qui a recueilli 8 réponses favorables sur 10.

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