Jumelage de Strasbourg avec un camp palestinien : la maire écologiste critiquée de toutes parts

Par Emmanuelle Bourdy
28 mai 2025 12:39 Mis à jour: 28 mai 2025 12:39

Depuis que la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (EELV) a annoncé sa volonté de nouer un jumelage avec le camp palestinien d’Aïda « en soutien au peuple palestinien », de nombreuses personnalités politiques, tous bords confondus, ont critiqué cette décision.

En vue d’un jumelage entre Strasbourg et le camp palestinien d’Aïda, une délégation du camp composée de quatre représentants, dont le président du comité populaire d’Aïda, s’est rendue dans la capitale alsacienne le 25 mai dernier, comme le rapporte Dernières Nouvelles d’Alsace. À cette occasion, le sujet de la guerre entre le Hamas et Israël a été évoqué et la maire EELV a reçu plusieurs cadeaux, dont un keffieh, ce qui a contribué à raviver la polémique.

Une « carte d’Israël » barrée de drapeaux palestinien en cadeau

Alors que Jeanne Barseghian prévoit de faire adopter la décision de jumelage entre sa ville et le camp palestinien d’Aïda le 23 juin prochain lors du prochain conseil municipal, des voix discordantes s’élèvent. Ce choix politique est d’autant plus vivement contesté qu’en parallèle, le jumelage noué depuis plus de trente ans avec Ramat Gan – ville israélienne située à l’est de Tel-Aviv – est quant à lui gelé. Un « gel » dont la maire de Strasbourg a d’ailleurs pris acte.

Des photos, prises le 25 mai dernier lors de l’accueil de la délégation palestinienne au sein de la capitale alsacienne, montrent l’édile écologiste drapée du keffieh ou arborant une « carte d’Israël » barrée de drapeaux palestinien offerte à l’édile à cette occasion. Publiée sur les réseaux sociaux, ces clichés ont encore intensifié la controverse.

Interrogée à ce sujet, la maire de Strasbourg a déploré ce qu’elle qualifie d’« instrumentalisation politique » et s’est défendue en expliquant : « Le keffieh et la carte sont des cadeaux protocolaires, il est donc normal que je les accepte et que je les montre. Ce que mes opposants oublient de dire, par ailleurs, c’est que mon cadeau était un pavé de la paix, avec le mot paix écrit dans toutes les langues du monde. »

« L’effacement même d’Israël »

Plusieurs voix se sont élevées pour contester ce jumelage et parmi elles, des représentants de la communauté juive et des élus. Sur X ce 25 mai, l’élue socialiste de Strasbourg Pernelle Ricardot a déclaré en s’adressant à l’édile que par « ce geste symbolique » elle affiche « l’effacement même d’Israël ». « Ce n’est pas un appel à deux États, ni même un compromis difficile. C’est l’adhésion implicite à un projet de destruction, celui d’une vision où le peuple juif serait à nouveau nié, déplacé, effacé », a-t-elle écrit, soulignant par ailleurs que l’élue d’Europe Écologie les Verts n’a « pas le pouvoir de changer les cartes du Proche-Orient depuis Strasbourg » mais celui de « blesser ».

Dans une lettre adressée à la maire de Strasbourg et publiée le 26 mai sur X, Pierre Jakubowicz, conseiller municipal Horizons, Jean-Philippe Vetter, conseiller municipal LR, et l’ancienne députée européenne Catherine Trautmann ont dénoncé l’attitude de Jeanne Barseghian, soulignant qu’elle avait provoqué l’incompréhension et l’indignation de nombreux Strasbourgeois « de toutes origines et de toutes convictions ». Ils ont également demandé le « dégel immédiat » du jumelage avec Ramat Gan.

Fabrice Leggeri, député européen RN et ancien directeur de Frontex – agence de l’Union européenne chargée du contrôle et de la gestion des frontières extérieures de l’espace Schengen – a de son côté dénoncé une « obsession islamo-gauchiste d’effacer l’Histoire ». « Ce que montre cette carte, ce n’est pas la paix, c’est la guerre, l’appel à la destruction d’un État », s’est-il agacé.

Des représentants de la communauté juive s’indignent

Bruno Benjamin, l’ancien président du Crif (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) de Marseille, a déclaré sur X que le positionnement de la maire écologiste était « plus qu’une provocation ». « C’est une prise de position politique assumée, un alignement idéologique dangereux », a-t-il martelé.

Pierre Haas, le président du Crif Alsace, ainsi que sa vice-présidente Sophie Cohen-Elbaz, se sont eux aussi indignés. « Oser mettre sur le même plan des prisonniers accusés de terrorisme détenus dans le cadre de procédures et des otages arrachés à leur foyer un matin d’horreur est une insulte à la vérité, à la justice et surtout aux victimes », ont-ils dénoncé, ainsi que le rapporte le JDD.

Estimant que ce jumelage sera « l’occasion pour la ville de Strasbourg de réitérer son attachement profond à une paix juste et durable, qui passe nécessairement par le cessez-le-feu immédiat et la fin du siège de Gaza, ainsi que la libération des otages et prisonniers détenus de façon arbitraire par l’ensemble des parties », la maire de Strasbourg espère qu’il sera adopté lors du prochain conseil municipal, prévu le 23 juin prochain.

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