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L'union des droites

L’ « union des droites » : une stratégie qui bouscule Les Républicains

Dans son ouvrage « Le Journal d'un prisonnier », qui relate ses vingt jours d'incarcération et paraît cette semaine, Nicolas Sarkozy révèle un échange téléphonique déterminant avec Marine Le Pen. L'ancienne candidate du Rassemblement national lui aurait demandé s'il participerait à un quelconque front républicain lors des prochaines élections.

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La façade du siège du parti Les Républicains avec son logo à Paris, le 9 septembre 2025.

Photo: BASTIEN OHIER/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

La réponse de l’ancien chef de l’État ne laisse aucune place au doute : « Non, et de surcroît je l’assumerai en prenant le moment venu une position publique sur le sujet », affirme-t-il.

« Sans exclusive et sans anathème »

Cette déclaration marque un tournant radical pour celui qui, lors des scrutins présidentiels de 2017 et 2022, avait publiquement soutenu Emmanuel Macron face à Marine Le Pen au second tour. Nicolas Sarkozy va plus loin en traçant une nouvelle voie pour sa famille politique : « Le chemin de reconstruction de la droite ne pourra passer que par l’esprit de rassemblement le plus large possible, sans exclusive et sans anathème. »

Bruno Retailleau prône « l’union des droites dans les urnes »

Le président des Républicains, Bruno Retailleau, s’inscrit dans cette même logique d’ouverture, tout en rejetant les arrangements de coulisses. Intervenant dimanche sur BFMTV, il a clairement tendu la main aux électeurs du RN en plaidant pour une « union des droites » qui devrait se concrétiser « dans les urnes », écartant toute « tambouille d’appareils » jugée « vaine ».
L’ancien ministre de l’Intérieur franchit également un cap symbolique en affirmant que « le Rassemblement national appartient à l’arc républicain, ce que n’est pas La France insoumise ». Cette distinction entre extrême droite et gauche radicale bouleverse les lignes traditionnelles du clivage politique français. Bruno Retailleau milite par ailleurs pour une candidature autonome des Républicains en 2027, sans préciser s’il en sera le porte-drapeau.

Des voix dissidentes au sein de la droite

Tous les cadres républicains ne partagent pas cette vision. Xavier Betrand, président LR des Hauts-de-France, réaffirme sa ligne de conduite : son « combat » reste dirigé « contre les extrêmes », c’est-à-dire « ni LFI ni Rassemblement national ».
Les anciens Premiers ministres Michel Barnier et Dominique de Villepin montent également au créneau. Sur TF1, Michel Barnier balaie toute ambiguïté : « Il n’y aura pas d’alliance ni d’association avec les partis d’extrême droite », même s’il exprime le souhait de « parler aux électeurs qui nous ont quittés ».
Dominique de Villepin se montre particulièrement critique sur France Info, se déclarant « choqué » par l’évolution de son ancien mentor. Il dénonce « le risque d’une banalisation de ce qu’est le RN » et accuse Nicolas Sarkozy de « basculer en marquant clairement sa volonté de banaliser le RN ».

Un parti écartelé entre pragmatisme et principes

Cette perspective d’union des droites, bien que de plus en plus évoquée à dix-huit mois de la présidentielle et à l’approche des municipales, n’est pas une nouveauté. Éric Ciotti, ancien patron de LR, avait été le premier à franchir le Rubicon en s’associant au RN en 2024, s’attirant de vives critiques, y compris de Nicolas Sarkozy lui-même.
Laurent Wauquiez, chef de file des députés LR, propose une primaire ouverte en 2027 allant « de Gérald Darmanin à Sarah Knafo », incluant ainsi l’eurodéputée de Reconquête. Toutefois, il se refuse à toute alliance officielle avec le RN, conscient que celle-ci profiterait surtout au parti d’extrême droite, largement en tête dans les sondages.
Les élections municipales illustrent cette confusion stratégique. À Marseille, Martine Vassal, candidate soutenue par LR, a alimenté la polémique en éludant une question sur une éventuelle alliance avec le RN au second tour. À Béziers, le maire sortant Robert Ménard, pourtant proche du RN, fait face à un candidat de ce même parti.

La recherche d’un consensus minimal

Un sondage Odoxa publié le 20 novembre dans Le Figaro résume parfaitement cette fracture : les électeurs LR se répartissent à parts égales entre partisans d’une alliance avec le RN et défenseurs d’un rapprochement avec le camp présidentiel. Face à cette division, Laurent Wauquiez tente d’établir un consensus minimal : faire barrage à La France insoumise en votant « blanc » ou « pour ceux qui sont en face, quel que soit le parti ».
Avec AFP