La Norvège des fjords

16 mai 2018 08:39 Mis à jour: 16 mai 2018 08:39

En voiture, elle impose un rythme de voyage inévitablement scandé par des traversées en ferry et le passage de redoutables cols au terme de routes en lacets étroits. Rien de tel dès lors que la croisière qui permet, le temps d’une nuit, de passer d’un fjord à l’autre en ouvrant des perspectives vertigineuses sur des falaises perçues en contre-plongée au ras des flots.

Bien que leur apparence soit effrayante, le Troll a aussi la réputation d’avoir bon caractère et d’être naïf. En Norvège il est important d’avoir de bonnes relations avec les Trolls car qui sait si vous en rencontrez un… (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Sait-on que si la crête de la falaise culmine à plus de mille mètres au-dessus du niveau de la mer, l’abysse plonge par plus de mille mètres de fond ? Pas étonnant que les Norvégiens continuent de voir derrière la puissance de la nature des forces surnaturelles symbolisées par les trolls, des gnomes poilus et hirsutes, à face humaine mais avec une queue terminée par un plumet touffu. D’après les récits populaires, ces lutins facétieux qui habitent dans les forêts et les montagnes sont condamnés à se volatiliser en une gerbe de débris rocailleux ou à se transformer en immenses blocs de pierre s’ils s’exposent à la lumière du soleil. Ce seraient donc eux qui continuent à façonner les montagnes du pays et ce seraient leurs esprits malicieux qui font des ricochets sur les flots.

Quelques maisonnettes colorées sont ceinturées de prés parsemés d’œufs de Troll qui ne sont que les grosses balles blanches enrubannées des silos. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Le Hardangenfjord
Avec ses 180 kilomètres, il ouvre une longue brèche au cœur de massifs qui plongent dans le fjord. Vers la mer, ses berges dessinent un paysage peigné par des rangées de fruitiers qui encadrent des villages pimpants, toute une frange d’opulence naturelle qui contraste avec les sommets balayés par les vents, royaume des derniers troupeaux de rennes sauvages.

Randonner dans ce décor bucolique entre montagnes et vallées creusées par des torrents, rien de tel pour se ressourcer. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

A son terme, le Hardangenfjord se subdivise en 5 fjords plus étroits. Eidfjord est notre escale, le point de départ de nombreuses randonnées, que ce soit vers les pistes balisées qui sillonnent le plateau ou dans le décor bucolique des fermes d’alpage perchées sur des contreforts montagneux d’où la vue sur le fjord est tout aussi idyllique. Notre bateau ancré tel un grand oiseau blanc flottant sur des eaux paisibles semble se fondre dans la douce sérénité du décor.

Le Geirangerfjord, au bout du Stortfjord

Les cascades des Sept Sœurs font face à celle du Soupirant éternel qui noya son chagrin dans l’alcool si bien que la cascade en se séparant en deux autour d’un rocher esquisse de fait une bouteille de vin. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Avec ses 110 kilomètres de long, le Stortfjord a tout d’un lierre tortueux dont les branches se multiplient. L’une d’elles, la plus célèbre, mérite son nom de « perle des fjords », le Geirangerfjord. Sur une vingtaine de kilomètres, il étire ses eaux sombres dans un défilé étroit, entre des parois rocheuses qui culminent jusqu’à 1200 mètres d’altitude. De nombreuses cascades grossies par la fonte des neiges dégringolent des falaises abruptes. Quelques taches émeraude émaillent le rocher, ce sont les jardinets qui autrefois ceinturaient les chaumières des éleveurs dont la plupart sont abandonnées aujourd’hui mais restaurées en lieux de vacances.

A 620 mètres d’altitude, on découvre la courbe en forme de S que dessine le fjord à l’arrivée au village de Geiranger. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Quand on parcourt la route des Aigles qui grimpe sur 8 kilomètres en multipliant les virages en épingles à cheveux, on découvre la courbe gracieuse entre deux murs presque verticaux que dessine le fjord à l’arrivée au village de Geiranger. Plus loin, la route sinueuse s’enfonce entre des hameaux bucoliques posés au bord de petits lacs miroitants qui mènent à des fermes d’alpage où la traite quotidienne permet de fabriquer un fromage brun au goût de caramel.

La Norvège reste un pays cher et louer une hytte est une formule intéressante pour qui apprécie la rusticité d’une immersion en pleine nature. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Quelques cabanes rustiques servent de résidences d’été. Il faut dire que le Norvégien adore s’isoler le temps d’un week-end, au cœur de la nature, dans un petit chalet en bois, où la lumière des chandelles remplace l’électricité, où le repas mijote dans une marmite accrochée dans l’âtre, où l’eau va se puiser dans le torrent proche. Le bonheur dans son expression la plus authentique !

Olden, la route des glaciers

Avec ses maisons parsemées sur les rives pentues du fjord, Olden est un pittoresque hameau qui vaut le détour d’une visite. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Le Nordfjord, un des plus beaux de Norvège, s’étire sur une centaine de kilomètres avant de déboucher au pied de deux hameaux voisins, Olden et Loen, portes d’accès à une vallée spectaculaire qui remonte vers le glacier de Jostedal, le plus grand d’Europe. Sa calotte de 486 km2 encapuchonne le sommet du plateau et étend ses cinq bras vers les vallées en contrebas en se moulant en quelque 25 langues glaciaires dont certaines sont aisément joignables.

Magie de la rencontre des bleus du lac et du glacier du Melkenvol saluée par les cairns que laissent les randonneurs en souvenir de leur passage. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Sur la route vers la langue du Briksdal, on longe une vallée émaillée de maisonnettes rouges et blanches, ceinturées de prés parsemés d’œufs de Troll qui ne sont que les grosses balles blanches enrubannées des silos. La langue bleutée du Melkenvol qui domine la rivière de Olden donne un premier avant-goût de notre escapade vers le glacier de Briksdal. La balade est un peu rude et la difficulté de l’ascension coupe le souffle des touristes qui se taisent alors, subjugués par le spectacle du torrent tumultueux qui dévale depuis le sommet de la montagne. L’eau turquoise jette avec fracas ses rouleaux ourlés d’écume blanche sur les rochers.

Rien n’est plus fascinant que d’approcher d’aussi près cette grande cascade de glace figée dans son élan et dans laquelle se devinent des crevasses profondes et bleutées où s’engouffre la lumière scintillante du soleil. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Un petit lac s’est créé au pied de cette immense langue de glace bleu émeraude qui glisse dans une faille du rocher, prête à tomber. Chacun puise ici une énergie et une humilité qu’il n’imaginait pas dans cette immense réserve de liberté brute qu’offre la proximité du glacier.

Une croisière ferroviaire à Flåm

Flåm est un village pittoresque dont le nom signifie « petit pré entouré de montagnes escarpées » (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Le Sognefjord est sans conteste le plus long (203 km) et le plus profond (1308 m) des fjords norvégiens, de quoi offrir un extraordinaire défilé tout au long de la croisière jusque Flåm. Cette jolie petite bourgade se présente comme une station touristique avec ses auberges traditionnelles, ses boutiques de souvenirs et ses restaurants, tous regroupés autour d’une gare.

Le trajet en train est considéré comme l’un des itinéraires les plus attractifs entre paysages sauvages, fermes d’alpage accrochées dans des profonds ravins et cascades dévalant les versants escarpés de la montagne. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Une ligne ferroviaire, le Flamsbana, a été inaugurée en 1944 pour relier la ligne Oslo-Bergen qui passe à quelque 866 m d’altitude avec 55% de dénivelé. Il fallut 20 ans de travaux pour percer 20 tunnels, la plupart creusés à la main, sur 20 kilomètres, le tout pour la somme de 20 millions de NOK. C’est pourquoi les Norvégiens la surnomme affectueusement la « twenty line » d’autant qu’elle a permis de désenclaver le village isolé du reste du pays.

Vu du train, le Rallarvegen annonce ces lacets en épingle à cheveux sur le versant abrupt de la montagne. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Il faut compter 50 minutes de voyage pour parcourir les 20 km de ligne, une expérience inoubliable car elle offre des perspectives inattendues sur le fjord et sur les cascades, elle parcourt des vallons émaillés de fermettes et de prairies et côtoie quelques vertigineux à-pics. Le retour se fait le plus souvent en vélo ou à pied le long de l’ancienne route des cheminots, la Rallarvegen, un sentier caillouteux bien balisé qui commence par une descente abrupte avec 21 virages serrés avant de s’enfoncer dans un décor bucolique de prairies fleuries au pied de parois rocheuses lézardées par des cascades qui alimentent une rivière.

Rien de tel qu’une croisière pour découvrir avec une vision panoramique à 360° les fabuleux paysages des fjords norvégiens. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Infos pratiques : L’expertise de All Ways est indéniable en ce qui concerne les croisières maritimes organisées vers les pays nordiques. Départ depuis le port de Zeebruges en Belgique avec des transferts possibles en autocar depuis Bruxelles. La taille du bateau, le MS Berlin, 207 cabines, est un véritable plus pour découvrir les fjords car, comme il peut aisément effectuer un demi-tour sur lui-même, il peut s’engager dans la plupart des fjords. Prochaine croisière vers la Norvège, du 16 juillet au 26 juillet 2018, avec une escale dans la très belle petite ville Art Nouveau de Alesund. www.all-ways.be

 

Ecrit par Christiane Goor et Charles Mahaux

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