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Les États-Unis pressent l’UE de sanctionner Pékin pour mettre fin à ses achats de pétrole russe

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Le 29 août 2010, le Premier ministre russe Vladimir Poutine ouvre une vanne lors de la cérémonie d’inauguration de la section russe de l’oléoduc Russie-Chine dans la région de l’Amour, à l’extrême est du pays.

Photo: Alexey Druzhinin/Ria Novosti/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 12 Min.

Alors que Washington critique les importations de pétrole russe par Pékin, qui alimentent la guerre de Moscou contre l’Ukraine, l’Union européenne subit la pression des États-Unis pour cibler l’économie chinoise via des droits de douane, tout en exhortant Pékin à contribuer à mettre fin au conflit.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, organe exécutif de l’UE, a déclaré le 24 septembre avoir demandé au Premier ministre chinois Li Qiang d’user de l’« influence [de Pékin] pour aider à mettre fin aux tueries [dans la guerre] et encourager la Russie à s’asseoir à la table des négociations ».
La guerre de la Russie contre l’Ukraine se poursuit depuis l’invasion à grande échelle lancée en 2022.
Mme Von der Leyen a affirmé à M. Li que l’Europe restait déterminée à « couper les flux de revenus qui alimentent la guerre de la Russie » et a exprimé ses inquiétudes concernant certaines pratiques commerciales chinoises, telles que les contrôles à l’exportation, l’accès au marché et la surcapacité industrielle.
Ses propos ont été publiés dans un communiqué le 24 septembre, après sa rencontre avec M. Li en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York.
Lors d’une réunion avec le président Donald Trump, également le 24 septembre à l’ONU, Mme von der Leyen a déclaré : « Trump a absolument raison » sur la nécessité pour les pays européens de mettre un terme à leurs importations de pétrole russe.
Dans son discours du 23 septembre à l’ONU, Donald Trump a critiqué la Chine et l’Inde, ainsi que certains pays membres de l’OTAN, pour leurs importations de pétrole russe. L’UE et l’OTAN comptent en effet de nombreux membres communs.
« La Chine et l’Inde sont les principaux bailleurs de fonds de la guerre en cours en continuant d’acheter du pétrole russe », a affirmé Trump. « Mais, de façon inexcusable, même des pays de l’OTAN n’ont pas cessé d’importer massivement de l’énergie et des produits énergétiques russes », a-t-il poursuivi. « Réfléchissez-y : ils financent la guerre contre eux-mêmes. »
Dennis Wilder, chercheur principal à l’Initiative pour le dialogue États-Unis–Chine sur les enjeux mondiaux de l’Université de Georgetown, a déclaré à Epoch Times que Trump avait raison d’exhorter les pays européens à se joindre aux États-Unis pour faire pression sur la Chine concernant ses importations de pétrole russe.
Selon lui, « les actions de Vladimir Poutine sont bien plus menaçantes pour l’Europe que pour les États-Unis. L’Europe doit donc assumer la responsabilité première de trouver un moyen de ramener Poutine à la table des négociations ».

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’exprime lors d’une conférence de presse conjointe avec le président du Conseil européen, Antonio Costa, après le 25e sommet UE-Chine à Pékin, le 24 juillet 2025. (Adek Berry/ AFP via Getty Images)

Avant ce rassemblement international, Trump avait demandé aux responsables de l’UE – dont l’envoyé spécial pour les sanctions David O’Sullivan – lors d’une réunion à Washington le 9 septembre, d’imposer jusqu’à 100 % de droits de douane à la Chine pour faire pression sur la Russie. La demande avait été formulée par visioconférence, selon Reuters, dans le cadre de discussions sur la coordination des sanctions.
Le 15 septembre à Madrid, le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a indiqué lors de négociations commerciales avec la Chine que les États-Unis étaient prêts à imposer de nouveaux droits de douane sur les produits chinois afin de contraindre Pékin à cesser ses achats de pétrole russe, si les pays européens faisaient de même.
Washington a pour l’instant suspendu de nouvelles taxes sur la Chine, même si l’Inde a été frappée en août d’un droit supplémentaire de 25 % sur ses importations de pétrole russe, portant le total de ses droits de douane à 50 %.
La Chine reste un importateur majeur de pétrole et le premier acheteur de brut russe.
À la suite des pressions de Trump et de M. Bessent avant l’Assemblée générale de l’ONU, l’UE a annoncé son intention d’imposer des sanctions aux pays tiers qui achètent du pétrole russe, y compris la Chine.
Le 19 septembre, Ursula von der Leyen a précisé que l’UE prévoyait de « cibler les raffineries, les négociants en pétrole et les entreprises pétrochimiques dans des pays tiers, dont la Chine », pour avoir soutenu la guerre de Moscou « en achetant du pétrole en violation des sanctions ».
Les États-Unis et l’UE avaient déjà fixé un plafond sur le prix des exportations de pétrole russe après l’invasion de l’Ukraine en février 2022. En juillet, l’UE et le Royaume-Uni avaient abaissé ce plafond, ce que la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas avait qualifié de « l’un des ensembles de sanctions les plus forts jamais imposés à la Russie » dans le but d’étouffer les revenus finançant sa guerre.
M. Wilder, qui fut directeur pour la Chine au Conseil national de sécurité entre 2004 et 2005, a souligné que le rôle de l’Europe dans l’imposition de sanctions contre Pékin était crucial et que les États-Unis et l’UE devaient coordonner des mesures fortes visant l’économie chinoise.
« Des sanctions américaines sans le soutien européen auront beaucoup moins d’impact sur Pékin », a-t-il insisté.
« Des sanctions d’ampleur, réduisant les recettes d’exportation de la Chine vers les États-Unis et l’Europe, éroderaient son économie au fil du temps », a-t-il poursuivi. « Les États-Unis et l’Europe pourraient aussi imposer des sanctions plus lourdes aux grandes banques chinoises, par exemple en les excluant du système SWIFT. »
Le système SWIFT, pour Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication, est un système mondial de messagerie qui facilite les transferts financiers internationaux. Plusieurs banques russes en ont été exclues peu après l’invasion de l’Ukraine en 2022.
« Les sanctions doivent être d’un niveau élevé pour modifier l’attitude de la Chine face à la guerre en Ukraine. La rhétorique et la honte publique n’ont pas fonctionné. Si les sanctions étaient globales et impliquaient l’ensemble du monde libre, il y aurait une chance de modifier le comportement chinois. Autrement, leur impact restera limité », a conclu M. Wilder.

Des sauveteurs ukrainiens travaillent sur le site d’immeubles résidentiels fortement endommagés à la suite d’une attaque aérienne russe à Kiev, le 28 septembre 2025. (Roman Pilipey /AFP via Getty Images)

Au même moment, l’UE envisage de nouvelles mesures économiques visant à limiter l’afflux de produits chinois en Europe, alors que l’inquiétude grandit parmi ses dirigeants face à l’essor des exportations chinoises et aux déséquilibres commerciaux qui en découlent.
Jens Eskelund, président de la Chambre de commerce de l’UE en Chine, a déclaré dans un entretien à Euronews que les exportations chinoises vers l’Europe avaient fortement augmenté après l’annonce par Washington de mesures tarifaires en avril. Selon lui, Pékin semble s’être engagé dans une forme de « détournement commercial », ses exportations vers l’Amérique du Nord ayant chuté au même moment où elles grimpaient vers l’Europe.
Cecilia Malmström, ancienne commissaire européenne au commerce, a affirmé que l’UE se préparait à « une vingtaine de nouvelles enquêtes antidumping », lors d’un événement virtuel organisé par l’Institute of International and European Affairs, selon le South China Morning Post du 26 septembre.
Lors du sommet UE–Chine de juillet à Pékin, Ursula von der Leyen avait déclaré au président Xi Jinping que les relations entre Bruxelles et Pékin avaient atteint un « point d’inflexion », alors que les échanges commerciaux devenaient de plus en plus déséquilibrés.
Elle avait ensuite ajouté lors d’une conférence de presse : « le comportement de la Chine face à la guerre menée par Poutine sera un facteur déterminant pour nos relations futures ».
La Chine est le deuxième partenaire commercial de l’UE après les États-Unis. En 2024, les échanges de biens entre l’UE et la Chine ont atteint 732 milliards d’euros (plus de 856 milliards de dollars). En juillet, l’UE annonçait que son déficit commercial avec la Chine avait grimpé à 305 milliards d’euros (356 milliards de dollars).
Thomas Duesterberg, chercheur principal à l’Institut Hudson, a expliqué à Epoch Times que les dirigeants européens semblaient désormais conscients de la nécessité croissante de mettre la Chine sous pression économique, non seulement pour protéger leur économie, mais aussi pour contribuer à mettre fin à la guerre que la Russie mène contre l’Ukraine.
« Il devient de plus en plus évident que la Chine n’achète pas seulement du pétrole russe et ne soutient pas uniquement son économie, mais qu’elle fournit également à la Russie des technologies et des armes utilisées contre l’Ukraine », a-t-il affirmé. « Voir l’Europe et les États-Unis agir ensemble devrait avoir un impact sur la Chine et sur la guerre en Ukraine en affaiblissant la Russie. »
La Chine est accusée de soutenir le complexe militaro-industriel russe en lui vendant des biens à double usage indispensables à la fabrication d’armes.
« Pékin devra décider où se situe l’équilibre de ses intérêts », a ajouté M. Duesterberg, soulignant que la Chine vend « bien plus aux pays occidentaux qu’à la Russie ». « Elle devra donc choisir quelle dose de douleur économique elle est prête à endurer pour rester aux côtés de Moscou. »