La province d’Idleb, ultime grand bastion rebelle et jihadiste en Syrie

15 octobre 2018 12:46 Mis à jour: 15 octobre 2018 12:53

La province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, est l’ultime grand bastion insurgé et djihadiste du pays, et à ce titre dans le viseur du régime de Bachar al-Assad, déterminé à reconquérir l’ensemble du territoire. C’est dans cette province, largement dominée par les djihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS), que le régime a envoyé des dizaines de milliers de rebelles et civils, après leur évacuation d’autres bastions insurgés repris au terme de sièges et d’assauts dévastateurs.

Un accord russo-turc conclu le 17 septembre à Sotchi (Russie) a repoussé l’imminence d’une offensive de Damas sur Idleb, mais sa mise en oeuvre s’avère très incertaine. La province d’Idleb a une importance stratégique: elle est située à la frontière avec la Turquie, parrain des rebelles, et près de la province côtière de Lattaquié, fief du régime Assad. Avant la guerre déclenchée en 2011, la majorité des habitants travaillaient dans l’agriculture.

En mars 2015, l’Armée de la Conquête (Jaich al-Fatah), une coalition composée de groupes rebelles islamistes et djihadistes comme le Front al-Nosra (ex-branche syrienne d’Al-Qaïda), s’empare de la ville d’Idleb, chef-lieu de la province. Actuellement, plus de la moitié de la province est sous le contrôle de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), organisation dominée par l’ex-branche d’Al-Qaïda. D’importants groupes rebelles islamistes y sont aussi présents. En février, les groupes Ahrar al-Cham et Noureddine al-Zinki, qui contrôlent des zones à la frontière des provinces d’Idleb et d’Alep, ont fusionné.

Le 1er août, quatre autres factions rebelles se sont jointes à cette alliance pour former, à l’instigation d’Ankara, le Front national de libération (FNL). Le 24 septembre, des centaines de djihadistes du groupe Etat islamique (EI) sont arrivés dans un secteur d’Idleb tenu par le régime, en attendant d’entrer en territoire insurgé, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les forces du régime ont été accusées maintes fois de recourir à des armes chimiques dans la province.

Le 4 avril 2017, une attaque au gaz sarin à Khan Cheikhoun a fait plus de 80 morts dont plus de 30 enfants selon l’OSDH. En octobre 2017, les experts de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ont pointé du doigt le régime. En 2016, une commission d’enquête de l’ONU et de l’OIAC a conclu que des hélicoptères militaires syriens avaient répandu du gaz de chlore sur deux autres localités, à Talmenes, le 21 avril 2014, et Sarmine, le 16 mars 2015. Cette commission a aussi accusé le régime d’une attaque à l’arme chimique, sans doute du chlore, à Qmenas, en mars 2015.

En février 2018, 11 cas de suffocation ont été rapportés à Saraqeb, des sources médicales faisant état d’un « gaz toxique ». En décembre 2017, les prorégime lancent une opération contre le sud-est de la province d’Idleb, qui leur a permis de reprendre des dizaines de villages et localités, ainsi que l’aéroport militaire d’Abou Douhour. « Idleb est désormais notre but, mais ce n’est pas le seul », déclare fin juillet M. Assad. En août, les forces du régime bombardent des positions rebelles et djihadistes dans la province et larguent des tracts appelant les habitants à se rendre.

Le 8 septembre, la province est frappée par les raids aériens russes les plus « intenses » en un mois. Le lendemain, le régime et son allié russe bombardent la région à coup de missiles et de barils d’explosifs. Selon l’ONU, une offensive contre Idleb pourrait faire jusqu’à 800.000 déplacés et provoquer « une catastrophe humanitaire ». Aujourd’hui, quelque trois millions de personnes, dont la moitié sont des déplacés, vivent dans la province d’Idleb et les poches insurgées des régions voisines de Hama, Alep ou encore Lattaquié, selon l’ONU. Des troupes turques sont par ailleurs stationnées dans des postes d’observation de la région d’Idleb.

Le 17 septembre, les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan se mettent d’accord pour créer une « zone démilitarisée » sous contrôle russo-turc. La zone de 15-20 km de large doit servir de zone tampon entre les territoires insurgés d’Idleb et les zones tenues par le régime tout autour.En vertu de cet accord, les armes lourdes des rebelles et djihadistes sont retirées de la zone à la date butoir du 10 octobre. En revanche, alors que le texte exige le départ des djihadistes de ce secteur d’ici le lundi 15 octobre, aucun retrait n’est observé, fragilisant l’accord.

D.C avec AFP

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