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L’anesthésiste de Besançon mis en examen pour 17 nouveaux empoisonnements

mai 16, 2019 19:53, Last Updated: mai 17, 2019 12:33
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 Frédéric Péchier a été mis en examen jeudi pour 17 nouveaux cas d’empoisonnement de patients, qui s’ajoutent aux sept autres cas pour lesquels il avait déjà été mis en examen en mars 2017.

Le médecin, qui est donc désormais suspecté d’avoir commis un total de 24 empoisonnements, dont 9 mortels, a été présenté en fin d’après-midi et mis en examen en début de soirée par les deux magistrats instructeurs chargé de ce dossier.

Le Dr Péchier « a été mis en examen pour empoisonnement sur personne vulnérable dans 17 nouveaux cas », a indiqué l’un de ses avocats, Me Jean-Yves Le Borgne.

Ces faits sont passibles de la réclusion à perpétuité.

Le médecin de 47 ans doit désormais passer dans la soirée devant un juge des libertés et de la détention qui décidera de sa mise en détention provisoire ou non. Le procureur de la République de Besançon, Étienne Manteaux, a requis un mandat de dépôt.

En 2017, Frédéric Péchier avait été laissé libre sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer.

Le Dr Péchier avait été déféré au tribunal de Besançon jeudi matin, après 48 heures de garde à vue, reconnaissant à la fin de son interrogatoire, selon le procureur, que « des actes criminels, des empoisonnements, ont bien été commis à la clinique Saint-Vincent » où il exerçait.

Il avait toutefois nié en être l’auteur.

« Je n’ai à aucun moment vu (dans le dossier) qu’il y ait eu une quelconque reconnaissance d’empoissonnement par le Dr Péchier. Qu’il y ait eu des anomalies dans le traitement anesthésique, c’est possible, mais (…) il n’y a aucune raison de penser que c’est le Dr Péchier qui en a été l’auteur », a pour sa part affirmé Me Le Borgne.

Pour Étienne Manteaux, au contraire, le médecin est « apparu comme le dénominateur commun » des événements indésirables graves (EIG) relevés par le corps médical entre 2008 et 2016.

Les 17 nouveaux cas d’empoisonnements présumés, retenus parmi 66 EIG suspects initialement signalés, concernent des patients âgés de 4 à 80 ans.

Sept d’entre eux sont décédés, d’autres ont été plongés plusieurs jours dans le coma.

« Ces patients étaient opérés pour des chirurgies bénignes », mais ont pour la plupart fait des arrêts cardiaques lors des interventions, a expliqué Étienne Manteaux.

Le mode opératoire, selon lui, consistait « à polluer des poches de soluté de réhydratation ou des poches de paracétamol avec des anesthésiques locaux ou du potassium ». Le Dr Péchier n’a jamais été pris sur le fait mais il est au cœur d' »un faisceau d’éléments concordants », a assuré le magistrat lors d’une conférence de presse.

Ces EIG s’inscrivaient, a-t-il souligné, « dans un contexte de conflit aigu avec ses collègues anesthésistes ou chirurgiens au sein de la clinique Saint-Vincent » de Besançon.

L’anesthésiste « se trouvait le plus souvent à proximité immédiate de la salle opératoire », a-t-il relevé, posant des « diagnostics précoces » dans des situations « où rien ne permettait à ce stade de suspecter un surdosage en potassium ou aux anesthésiques locaux ».

Il était aussi le « seul anesthésiste présent le jour de l’ensemble des EIG suspects » ou peu de temps avant.

« Nous avons affaire à un professionnel de santé particulièrement habile qui a agi lorsque personne ne se trouvait dans les salles d’anesthésie, qui a su varier dans le temps la nature des poisons administrés pour ne pas éveiller les soupçons », a avancé M. Manteaux.

Selon son conseil, Me Jean-Yves Le Borgne, « cette affaire procède d’une sorte d’emballement judiciaire ».

« Les éléments d’enquête ne prouvent en réalité rien. Il y a une possibilité que le Dr Péchier ait été l’auteur de ces empoisonnements mais cette hypothèse n’est pas autre chose qu’une hypothèse » ou une « éventualité », a-t-il argumenté.

Cette nouvelle mise en examen intervient après une enquête préliminaire de deux ans, pour les besoins de laquelle quatre corps ont été exhumés en 2018, et conduite parallèlement à l’instruction ouverte pour les sept premiers empoisonnements.

Avocat des parents de la plus jeune victime présumée, un enfant de quatre ans en 2016, opéré des amygdales et qui a survécu à deux arrêts cardiaques, Me Jean-Michel Vernier a évoqué leur « colère » et « leur volonté de trouver une vérité judiciaire ».

La famille a déjà porté plainte et compte se porter partie civile, a-t-il indiqué.

D. S avec AFP

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