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Le chic d’Anne Berest, la biographe des gens modestes

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L'écrivain français Anne Berest, à Paris le 7 juillet 2025.

Photo: JOEL SAGET/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Anne Berest apparaît au cinéma, a donné des leçons de chic à la parisienne et est une « amie » de la maison Chanel, mais la romancière reste marquée par ses années comme biographe de gens modestes.

L’écrivain français Anne Berest à Paris le 7 juillet 2025. (JOEL SAGET/AFP via Getty Images)

Dans Finistère, publié mercredi aux éditions Albin Michel, le sujet est la lignée paternelle… jusqu’à elle-même, qui est la deuxième de trois sœurs. La benjamine, Claire, écrit aussi.

L’écrivaine Claire Berest, pendant le Printemps du Livre, le 1er avril 2022 à Montaigu, dans l’ouest de la France. (LOIC VENANCE/AFP via Getty Images)

Proche des agriculteurs de Saint-Pol-de-Léon
Comme le titre l’indique, leur père était breton. Le livre s’ouvre par une longue évocation de Saint-Pol-de-Léon, dans le Finistère-Nord, où le grand-père, au début du siècle dernier, fonde une coopérative pour défendre les intérêts des agriculteurs.

L’agriculteur Jean-Pierre Coroller (à g.), cueille des artichauts le 23 septembre 2014 à Saint-Pol-de-Leon, dans l’ouest de la France. (FRED TANNEAU/AFP via Getty Images)

Puis naît le père d’Anne Berest, élève doué qui va partir pour la capitale et le lycée Henri-IV. Décédé en 2021, il a pu lire une bonne partie du livre.
Rédactrice de dizaines d’autobiographies
« Biographe pour personnes âgées, ça a été mon école d’écriture », dit-elle à l’AFP. Après avoir étudié les lettres et le théâtre, Anne Berest a cofondé à 29 ans Porte-Plume, qui rédigeait des autobiographies à partir d’entretiens. Elle en a écrit « des dizaines ».
Autant de clients, de tous milieux sociaux, qui peuvent s’enorgueillir, aujourd’hui, du luxe d’avoir leur vie narrée par une autrice parmi les plus appréciées de la critique dans sa génération.
Elle a beaucoup aimé ce métier. « Chaque vie, quand on s’y plonge, quelle qu’elle soit, est romanesque. Il n’y a pas une seule de ces personnes dont je ne me suis pas dit : mais sa vie est extraordinaire ! »
« Être biographe m’a appris à devenir la romancière que je suis devenue. »
« Je voulais pouvoir gagner ma vie pour écrire mes romans. Et, aujourd’hui, je comprends que ce n’étaient pas deux activités parallèles, mais qu’en fait, être biographe m’a appris à devenir la romancière que je suis devenue. »
« Ce n’étaient pas des gens célèbres. C’était vraiment un cadeau qui était offert par les enfants, les petits-enfants pour leurs parents ou grands-parents. (…) Toute cette génération avec laquelle j’ai travaillé avait connu la guerre mais à des endroits totalement différents », se souvient-elle.
Prix Renaudot des lycéens 
Ce savoir-faire avait pris toute son ampleur avec « La Carte postale », en 2021. Avec un sujet très délicat: les membres de la famille de sa mère assassinés à Auschwitz.
Le livre, a-t-elle pu voir quand elle l’a défendu, a bouleversé beaucoup de lecteurs, aussi bien ceux qui ont connu l’Occupation que les jurés du prix Renaudot des lycéens, qui l’ont couronnée cette année-là.
Une figure du Tout-Paris littéraire
Venue en mai au Festival de Cannes pour défendre « Vie privée », film dont elle a cosigné le scénario, puis interrogée dans « Fragments d’un parcours amoureux » de Chloé Barreau, sorti en juin, Anne Berest est une figure du Tout-Paris littéraire.

Anne Berest et Vincent Lacoste, lors de la conférence de presse de Vie Privée au 78ème Festival de Cannes au Palais des Festivals le 21 mai 2025. (Andreas Rentz/Getty Images)

Elle qui a été l’une des autrices en 2014 du best-seller international How To Be Parisian Wherever You Are (Comment être Parisienne où que vous soyez), on la connaît aussi comme l’une des ambassadrices de Chanel.
Une grand-mère qui voulait devenir historienne
« J’ai eu la chance qu’un être comme Karl Lagerfeld rentre dans ma vie, qu’il me choisisse parce qu’il avait lu mon livre sur prix Renaudot, qu’il m’a écrit, que je l’ai rencontré, et qu’on est devenu amis. (…) J’ai aimé le côtoyer exactement avec la même passion que j’ai aimé côtoyer ma grand-mère, dont je parle dans ce livre, qui voulait devenir historienne, et pour laquelle la vie a choisi autre chose », explique-t-elle.
« J’ai pu exister, grâce au courage de ma mère »
C’est l’un des nombreux sujets de Finistère. Il y aussi le trotskisme de son père, ou encore la manière dont sa mère avait été prévenue, en 1979, que vouloir garder cette enfant ferait courir d’énormes risques à sa santé.
La petite Anne était née tout de même : « J’ai pu exister, grâce au courage de ma mère. »