Le pétrole repasse les 120 dollars, prêt à aller encore plus haut

Par Epoch Times avec AFP
23 mars 2022 23:00 Mis à jour: 23 mars 2022 23:14

Les prix du pétrole sont repassés au-dessus du seuil des 120 dollars le baril mercredi, stimulés par la perspective de nouvelles sanctions contre la Russie, la chute des stocks américains et des dégâts sur un terminal pétrolier russe.

Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mai, a clôturé en hausse de 5,29% à 121,60 dollars. Le Brent n’a fini que trois fois au-dessus de 120 dollars depuis juin 2011.

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour le contrat à échéance en mai dont c’était le premier jour d’utilisation, a pris 5,17%, pour terminer à 114,93 dollars.

« Il semble que tous les vents soufflent vers le haut », a commenté Phil Flynn, du courtier Price Futures Group. « C’est très difficile d’être vendeur sur ce marché vu les gros titres », a renchéri Stephen Schork, analyste et auteur du Schork Report.

Nouvelles sanctions contre la Russie

Parmi les facteurs qui ont dopé les cours, selon ce dernier, figurait la perspective de nouvelles sanctions contre la Russie à l’issue d’une série de sommets prévus jeudi à Bruxelles.

Avant même ces rencontres, le président américain Joe Biden a déjà promis de nouvelles sanctions occidentales, sans les détailler, et le renforcement des mesures existantes.

Jusqu’ici, les discussions entre membres de l’Union européenne n’ont pas dégagé de consensus sur un possible embargo sur les exportations de gaz et de pétrole russes.

Le vice-Premier ministre russe chargé de l’Énergie, Alexandre Novak, a déclaré mercredi qu’il était « absolument évident que sans les hydrocarbures russes, si des sanctions sont imposées, les marchés du gaz et du pétrole s’effondreront ».

Réduction importante des exportations

À cette ombre est venue s’ajouter l’annonce d’une réduction importante des exportations depuis le terminal pétrolier russe de Novorossiïsk.

Deux des trois points d’amarrage qui permettent aux tankers de charger le pétrole depuis le large ont été mis hors service après avoir été endommagés par une tempête sur le mer Noire, a annoncé le consortium qui gère le site.

Il s’agit du point d’arrivée de l’oléoduc Caspian Pipeline Consortium (CPC), qui achemine, en temps ordinaire, plus d’un million de barils de pétrole kazakh par jour jusqu’à la mer Noire, en passant par la Russie.

Chute inattendue des stocks américains

Autre élément de soutien au marché, qui n’en manquait pas, la chute inattendue des stocks américains de pétrole brut et d’essence.

En combinant les réserves commerciales (-2,5) et stratégiques (-4,2), la baisse a atteint 6,7 millions de barils en une semaine.

« Le rapport était favorable à une hausse » des cours, a considéré Stephen Schork. « Il y a une tendance gênante », selon lui, qui voit les stocks de produits distillés, principalement le gazole et le kérosène, descendre à des niveaux très bas alors que les États-Unis vont bientôt entrer dans la saison des grands déplacements.

Pour l’analyste, les cours du Brent sont aussi sous l’effet d’un facteur technique, à l’approche de l’expiration, le 31 mars, des contrats à terme pour le mois de mai.

« Il existe un risque d’une panique à l’achat », abonde Phil Flynn. Les spéculateurs qui ont parié que les cours seraient inférieurs à leur niveau actuel doivent ainsi racheter en urgence pour se couvrir.

« Il y a une possibilité que d’ici le 31, le contrat atteigne 150 dollars », prévient Stephen Schork.

Nouveau système de paiements en roubles

Sur le marché du gaz, les prix du gaz naturel européen ont accéléré leur hausse mercredi, après que Vladimir Poutine a annoncé que la Russie n’accepterait plus de paiements en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz à l’UE.

Le chef de l’État russe a donné une semaine à la banque centrale et au gouvernement pour élaborer le nouveau système en roubles.

« Cela a ajouté un autre élément d’incertitude au marché européen du gaz déjà chaotique en compliquant les achats de gaz que de nombreux pays ont été réticents à interrompre », commente Vinicius Romano de Rystad Energy.

Le TTF néerlandais, référence du marché du gaz naturel européen, a brièvement dépassé les 132 euros le mégawattheure (MWh), suite aux déclarations du président russe.

Il s’est ensuite nettement replié, à 107,36 euros le MWh, en hausse de 8,7%. Il reste très loin de son sommet historique, atteint le 7 mars dernier, à 345,00 euros le MWh.

« Les accords de distribution de gaz sont généralement considérés comme sacro-saints », poursuit Vinicius Romano. Instaurer un paiement en roubles pourrait selon lui, « dans un scénario extrême, (…) donner aux acheteurs une raison de revoir d’autres aspects de leurs contrats, comme la durée », ou simplement « accélérer leur sortie du gaz russe ».

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