Le propranolol: cette pilule « miracle » censée atténuer les émotions – dont les chagrins d’amour, arrive en France

11 mars 2019 18:36 Mis à jour: 14 mars 2019 05:23

Soigner un chagrin d’amour sur ordonnance, c’est la promesse de ce nouveau médicament et de ce nouveau protocole développé spar un médecin canadien. Le professeur Alain Brunet a mis au point une pilule à base de propranolol, une molécule censée diminuer l’impact émotionnel d’un souvenir traumatique.

Une rupture amoureuse peut être « pour certains, extrêmement dévastateur avec des conséquences sociales, professionnelles, familiales », explique pour Le Parisien, la psychologue Sophie Elise Bellaïche. Différents remèdes existent déjà pour réparer un cœur brisé : faire du sport ou marcher, manger des bons plats, faire de la méditation, faire de nouvelles rencontres, aller passer du temps en famille, etc. mais aucun traitement médical n’était officiellement proposé à ce jour.

En 2016, Alain Brunet, psychologue et chercheur à l’université McGill au Canada, a aidé 200 médecins à soigner les victimes des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Apparu dans les années 1960 pour traiter la migraine, le propranolol s’est fait connaître dans le cadre de l’essai clinique Mémoire Vive par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et réservé aux victimes des attentats du Bataclan et du 14 juillet à Nice.

Ce type de médicament antihypertenseur de la famille des bêta-bloquants pourrait réduire les émotions de peur associées à certains souvenirs, selon une récente étude néerlandaise publiée dans la revue Nature Neuroscience.  Une étude précédente, menée par le psychiatre Alain Brunet et ses collègues de l’Université McGill (Canada), publiée dans le Journal of Psychiatric Research, avait montré que les bêta-bloquants pouvaient aider les personnes souffrant de stress post-traumatique.

La «méthode Brunet» ne s’adresse maintenant plus seulement aux personnes victimes des attentats, elle est aussi prescrite dans des cas de chagrin d’amour causé par une rupture amoureuse, assimilée à un événement émotionnel bouleversant.

«Le chagrin d’amour, cela a l’air léger (…). Mais si certaines personnes réagissent bien, pour d’autres, le sol se dérobe sous leurs pieds. Il peut alors engendrer un trouble de l’adaptation, au même titre que le stress post-traumatique», explique le médecin.

Un protocole et un suivi médical strict

Au Canada, son dispositif est déjà utilisé. Les patients qui ont des peines de cœur peuvent intégrer son programme thérapeutique: ils ingèrent le bêta-bloquant avant leur première séance. 90 minutes plus tard, ils écrivent les événements traumatiques qu’ils ont vécus et les relisent ensuite à chaque séance. Aidés par les effets apaisants du propranolol, leurs angoisses s’effacent peu à peu.

Sophie Elise Bellaïche, psychologue française, a suivi la formation dispensée par Alain Brunet. « J’ai une patiente qui vient d’apprendre que son compagnon la trompe depuis trois ans. (…) Elle est en très grande autodévalorisation (…). Les symptômes permettent d’envisager de mettre en place le protocole d’Alain Brunet », explique-t-elle. Elle s’apprête à utiliser cette méthode de soin.

Certains spécialistes mettent cependant en garde sur son utilisation. Ils insistent notamment sur la nécessité d’être toujours encadrer par un professionnel pour la prise de propranolol , ce qui implique un suivi médical strict. Il y a en effet des contre-indications à ce médicament, particulièrement pour les femmes enceintes.

Pour l’heure, aucune étude scientifique ne confirme les effets du propranolol dans le cas des ruptures amoureuses. Seule la thèse de la doctorante Michelle Lonergan sur la méthode « Brunet » l’aborde. Contactée en 2017 pour commenter les travaux des deux spécialistes, la psychanalyste Florence Lautrédou qualifiait le traitement de «juste», surtout pour les ruptures imposées. Dans d’autres cas, la professionnelle émettait des réserves quant à la prise de médicament alors que « d’autres techniques plus légères suffisent ».

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.