Soupçonné de corruption, l’ancien roi d’Espagne Juan Carlos s’exile

Par Epoch Times avec AFP
4 août 2020 16:05 Mis à jour: 4 août 2020 22:29

Au cœur d’une enquête pour corruption, l’ancien monarque a annoncé sa décision de quitter l’Espagne dans une lettre adressée à son fils, le roi Felipe VI. 

L’ancien roi d’Espagne Juan Carlos, longtemps révéré pour avoir mené la transition de la dictature de Franco à la démocratie, s’est résolu le 3 août à l’exil après que la justice de son pays a ouvert contre lui une enquête pour corruption.

Âgé de 82 ans, Juan Carlos a annoncé sa décision de quitter l’Espagne dans une lettre adressée à son fils, le roi Felipe VI qui le remercie et accepte sa décision.  « Guidé à présent par la conviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que Roi, je t’informe de ma décision réfléchie de m’exiler, en cette période, en dehors de l’Espagne », a écrit l’ancien souverain dans le communiqué cité par la Maison Royale.

Juan Carlos explique à son fils sa décision par la volonté de « faciliter l’exercice de (ses) fonctions », devant « les conséquences publiques de certains événements passés de (sa) vie privée », une allusion transparente à l’enquête ouverte contre lui en juin par le parquet de la Cour suprême.

Le Prince Felipe d’Espagne et le roi Juan Carlos d’Espagne en 2014 à Madrid. (Photo : Jose Gegundez/Pool/Getty Images)

Des comptes secrets en Suisse

Le scandale remonte à 2018. Dans des enregistrements publiés alors par des médias espagnols, Corinna Larsen (qui porte aussi le nom de son ex-mari zu Sayn-Wittgenstein), une ancienne maîtresse de Juan Carlos a affirmé qu’il détenait des comptes secrets en Suisse et avait touché une commission d’une centaine de millions de dollars lors de l’attribution de la construction d’un TGV en Arabie saoudite à un consortium d’entreprises espagnoles. Le parquet anti-corruption mène une enquête sur cette affaire depuis décembre 2018.

En mars dernier, le parquet de la Cour suprême, seule compétente pour éventuellement juger l’ancien souverain, a annoncé en juin se saisir de l’enquête pour établir s’il y avait eu un délit et, si oui, s’il pouvait être imputable à Juan Carlos. L’ex roi est couvert par l’immunité pour tous les actes commis pendant son règne, jusqu’à son abdication en 2014.

« Respect absolu pour la décision de la Maison Royale »

Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a clairement laissé entendre ce mardi que le roi d’Espagne Felipe VI avait poussé son père Juan Carlos à s’exiler, en raison des soupçons de corruption qui pèsent contre lui. « Le gouvernement et moi-même manifestons un respect absolu pour la décision de la Maison Royale de prendre ses distances avec la conduite soit-disant contestable et répréhensible » d’un membre de la famille royale, a déclaré M. Sanchez lors d’une conférence de presse. « Les médias ont joué leur rôle en dénonçant ces pratiques présumées irrégulières, les juges et les procureurs agissent et (…) la Maison Royale a pris ses distances avec ces conduites présumées, et je souligne présumées, qui pourraient être irrégulières », a ajouté M. Sanchez.

« Ce n’est pas un roi qui fuit. C’est un roi qu’on jette dehors »

En attribuant la décision de l’exil à la Maison royale, M. Sanchez a confirmé l’interprétation faite par de nombreux analystes politiques selon lesquels l’ancien monarque avait été contraint de partir. M. Sanchez a affirmé ne pas savoir où était parti Juan Carlos, alors que le Palais royal se refuse à tout commentaire. Selon plusieurs médias, il s’est rendu en République dominicaine pour séjourner chez un ami, un riche homme d’affaires.

« Ce n’est pas un roi qui fuit. C’est un roi qu’on jette dehors », a déclaré Abel Hernandez, auteur de plusieurs livres sur le roi.

 

Le saviez-vous ? 
Epoch Times est un média indépendant, différent des autres organisations médiatiques. Nous ne sommes influencés par aucun gouvernement, entreprise ou parti politique. Notre objectif est d’apporter à nos lecteurs des informations factuelles et précises, en étant responsables envers notre lectorat. Nous n’avons d’autre intention que celle d’informer nos lecteurs et de les laisser se faire leur propre opinion, en utilisant comme ligne directrice les principes de vérité et de tradition.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.