Logo Epoch Times

Les États-Unis intensifient leur pression sur la Chine concernant le fentanyl

top-article-image

La procureure générale américaine Pam Bondi s’exprime lors d’une conférence de presse sur 13 interpellations totalisant plus de 21.950 kg de stupéfiants illicites, d’une valeur de plus de 509 millions de dollars lors d’opérations antidrogue dans le Pacifique oriental, à Fort Lauderdale (Floride), le 9 avril 2025.

Photo: MARCO BELLO/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 9 Min.

Les États-Unis poursuivent leur pression sur Pékin concernant son rôle dans la crise du fentanyl, avec la condamnation récente de dirigeants chinois et une décision présidentielle désignant la Chine comme pays de transit ou de production majeure de drogues illicites.
La Chine est largement reconnue comme la principale source des précurseurs chimiques utilisés pour fabriquer du fentanyl illicite. Ces substances sont souvent expédiées vers d’autres pays, notamment le Mexique, où elles sont synthétisées et ensuite acheminées vers les États-Unis.
Le président Donald Trump a indiqué sur son compte Truth Social le 19 septembre avoir abordé avec le dirigeant chinois Xi Jinping les moyens de lutter contre le fentanyl lors d’un entretien téléphonique ce jour-là.
Donald Trump a cité le régime chinois parmi 23 pays de transit ou de production majeure de stupéfiants, dans une déclaration présidentielle adressée au Congrès le 15 septembre.
« Trop longtemps, la RPC [République populaire de Chine] a permis la production illicite de fentanyl au Mexique et ailleurs, en subventionnant l’exportation de précurseurs chimiques nécessaires à la fabrication de ces drogues mortelles et en ne limitant pas la vente par des sociétés chinoises à des cartels criminels reconnus », a déclaré Donald Trump, utilisant l’acronyme officiel pour la Chine sous le Parti communiste chinois (PCC).
« La direction de la RPC peut et doit prendre des mesures plus fortes et durables pour stopper ces flux de substances et poursuivre en justice les criminels qui les facilitent. »
Donald Trump a également rappelé avoir pris au préalable des mesures, notamment en imposant une taxe supplémentaire de 20 % à la Chine pour son « absence de réformes tangibles et décisives visant à freiner l’écoulement de ces produits chimiques ».
Cette déclaration est intervenue au moment où Washington menait des discussions commerciales avec Pékin à Madrid. À cette occasion, la Chine a consenti à coopérer avec les États-Unis pour enrayer le blanchiment d’argent lié au trafic de fentanyl, selon le South China Morning Post.
Gordon Chang, chercheur principal au Gatestone Institute, affirme à Epoch Times que Xi Jinping n’a pas tenu ses engagements devant trois présidents américains successifs.
Pékin « nous a menti trois fois et apparemment une quatrième cette semaine à Madrid », déclare M. Chang.
En septembre 2016, lors d’un entretien bilatéral en marge du G20 à Hangzhou, Xi Jinping avait alors promis au président Barack Obama la coopération chinoise pour endiguer le flux de fentanyl vers les États-Unis.
Xi Jinping a également conclu en 2018 une entente au sommet du G20 à Buenos Aires avec Donald Trump, alors en premier mandat, selon laquelle les personnes en Chine vendant du fentanyl aux États-Unis encourraient la peine maximale, soit la peine de mort.
En novembre 2023, Xi Jinping avait convenu avec l’ancien président Joe Biden d’une coopération sino-américaine contre la production et le trafic illicite de fentanyl.
Selon M. Chang, auteur de « Plan Rouge : le projet de la Chine pour détruire l’Amérique », « les producteurs de fentanyl ne pourraient agir sans la connaissance et l’approbation du régime », jugeant que le laisser-faire relèverait d’un « plan délibéré du Parti communiste pour tuer des Américains ».
Le rapport du Comité spécial de la Chambre des représentants sur la compétition stratégique États-Unis-PCC, publié en avril 2024, conclut que le PCC « subventionne directement la production et l’exportation de substances liées au fentanyl illicite ».
Il indique aussi que le PCC « détient des parts dans plusieurs entreprises chinoises impliquées dans le trafic de stupéfiants ».
L’annonce de Donald Trump est intervenue au moment où le Département de la Justice annonçait, le 19 septembre, qu’un juge fédéral américain avait condamné à 25 et 15 ans de prison deux cadres d’une entreprise chimique basée en Chine pour trafic de substances servant à produire du fentanyl.
Wang Qingzhou, dirigeant principal d’Amarvel Biotech à Wuhan, et Chen Yiyi, responsable marketing, avaient déjà été inculpés en juin 2023 pour « trafic de fentanyl, importation de précurseurs, et blanchiment d’argent » par le ministère de la Justice.
Quelques jours auparavant, la DEA (Drug Enforcement Agency) américaine avait saisi une quantité importante de fentanyl illicite, suffisante pour tuer sept millions d’Américains. Environ 14 kilos de fentanyl ont été interceptés autour de Détroit, acheminés via le Mexique, indique Andy Lawton, agent spécial de la DEA, interrogé par les médias locaux.
« C’est assurément une très grande menace pour la sécurité nationale, peut-être la plus grande menace directe pesant sur la vie des Américains aujourd’hui, au vu du fait que le fléau du fentanyl ôte la vie à des dizaines de milliers d’Américains régulièrement », estime Brian Burack, conseiller principal pour la Chine et la région Indo-Pacifique à la Heritage Foundation, auprès d’Epoch Times.
Le directeur du FBI, Kash Patel, a révélé devant le Sénat le 16 septembre que plus de 1600 kg de fentanyl avaient été retirés des rues.
« Cette quantité suffirait à tuer un tiers de la population américaine, soit 115 millions de personnes », précise-t-il. « Nous poursuivons également les sociétés qui produisent ces précurseurs à l’étranger, notamment en Chine continentale, ainsi que leurs adjuvants ».
M. Patel indique que ce volume est en « augmentation de 25 % par rapport à la même période l’année dernière ».
Le fentanyl est un opioïde synthétique 50 fois plus puissant que l’héroïne et 100 fois plus que la morphine, principal responsable des surdoses mortelles aux États-Unis selon les CDC (Centers for Disease Control and Prevention).

Les membres d’équipage de la garde côtière américaine déchargent une cargaison d’une valeur totale de plus de 509 millions de dollars, composée de cocaïne et de marijuana saisie lors de 13 interceptions dans l’Atlantique, depuis le navire James à Port Everglades, le 9 avril 2025, à Port Everglades, en Floride. (Joe Raedle/Getty Images)

Le fentanyl illicite a tué plus de 48.422 personnes aux États-Unis en 2024, d’après une estimation des CDC.
M. Burack soutient que le PCC « utilise régulièrement la coopération sur le fentanyl comme arme politique ».
« Le niveau de coopération de la Chine devrait se traduire par une réduction significative des flux de fentanyl vers les États-Unis et des expéditions de précurseurs du fentanyl vers des entités malveillantes », explique-t-il. « À ce jour, je ne suis pas certain que nous observions une coopération significative du gouvernement chinois sur ces questions. »
Le département du Trésor américain a sanctionné le 3 septembre la société chinoise Guangzhou Tengyue Chemical pour la fabrication et la vente présumées d’opioïdes synthétiques aux Américains, ainsi que deux personnes pour la coordination d’expéditions illicites.
Le même jour, 22 ressortissants chinois et quatre sociétés pharmaceutiques étaient inculpés pour trafic de fentanyl et blanchiment d’argent.
M. Chang estime que les États-Unis devraient désigner les banques chinoises comme un risque principal en matière de blanchiment d’argent.
« Cette mesure les couperait de leurs relations bancaires à New York, ce qui signifie qu’elles ne pourraient plus effectuer de transactions en dollars ailleurs dans le monde, sauf en espèces », ajoute-t-il. « Elles ne pourraient plus effectuer de compensations en dollars via New York. Les conséquences seraient considérables. »