Les sanctions contre la Russie menacent la plateforme des diamantaires en Inde

Par Epoch Times avec AFP
19 mai 2023 17:15 Mis à jour: 19 mai 2023 17:17

La perspective de nouvelles sanctions du G7 contre le commerce des diamants de Russie pèse sur le port de Surate, dans l’État indien du Gujarat, plateforme des diamantaires déjà ébranlée par les coupes dans l’approvisionnement et la chute de la demande. 

Environ 90% des diamants du monde sont taillés et polis dans ce port de l’État le plus à l’ouest de l’Inde. À mille lieues des joailleries glamour de New York, Tokyo ou Paris, des centaines de milliers d’artisans, sueur au front, œuvrent à la taille des pierres précieuses dans quelque 4000 ateliers de Surate, avant d’en faire des bijoux étincelants. Au total, près d’un million de personnes, négociants et fournisseurs inclus, travaillent dans cette industrie du Gujurat.

Des ouvriers indiens recherchent des diamants dans des mines peu profondes dans l’État de Madhya Pradesh en Inde. (Photo GAGAN NAYAR/AFP via Getty Images)

L’offre et la demande chutent

Les géants miniers russes, dont Alrosa, fournissaient traditionnellement plus d’un tiers des diamants bruts taillés en Inde. Mais après l’invasion de l’Ukraine, l’offre s’est réduite sous l’effet des sanctions occidentales ayant exclu la Russie du système bancaire international Swift. En parallèle, les exportations indiennes de diamants taillés et polis se sont effondrées, les entreprises américaines et européennes refusant d’acheter des diamants provenant de Russie.

Couper la Russie de la manne diamantaire

Aujourd’hui, les dirigeants des pays du G7 réunis à Hiroshima réfléchissent à la manière d’étouffer collectivement le commerce des diamants russes, représentant une manne de 4 à 5 milliards de dollars par an, en recourant notamment à des méthodes de traçage de haute technologie. La Grande-Bretagne est allée plus loin en annonçant qu’elle interdirait purement et simplement les diamants russes.

De nouvelles sanctions sonneraient le glas de l’industrie

Selon Rameshbhai Zilriya, président du syndicat ouvrier Diamond Workers Union Gujarat, de nouvelles sanctions sonneraient le glas de  l’industrie. « Les ouvriers souffrent déjà des problèmes d’approvisionnement en Russie et de la baisse de la demande. Il y a eu de nombreuses pertes d’emploi et cela ne fera qu’aggraver le problème », s’est-il inquiété auprès de l’AFP. « Huit ouvriers se sont suicidés ces 15 derniers jours. La situation ne peut qu’empirer », a-t-il ajouté.

Fondée à l’origine comme ville portuaire à l’embouchure de la rivière Tapi, Surat a acquis sa réputation de « ville du diamant de l’Inde » dans les années 1960 et 1970. (Photo PUNIT PARANJPE/AFP via Getty Images)

La Russie est un allié stratégique de l’Inde depuis des décennies, et New Delhi n’a pas condamné publiquement Moscou pour son invasion de l’Ukraine. Mais les plus gros acheteurs de l’industrie du diamant sont des entreprises occidentales tenues de respecter les régimes de sanctions. Selon les négociants, les sociétés Signet, Tiffany & Co, Chopard ou encore Pandora refusent d’acheter des pierres russes.

« L’emploi (…) gravement affecté »

Les exportations indiennes de diamants taillés et polis ont rapporté 1,32 milliard de dollars en avril, selon les données du Conseil de promotion des exportations de pierres précieuses et de bijoux (GJEPC), accusant une chute de 39%, soit plus de 800 millions de dollars, par rapport à la même période l’an passé.

Des ouvriers travaillent avec des diamants dans un atelier de polissage en Inde. (Photo SAM PANTHAKY/AFP via Getty Images)

Selon le président du GJEPC, Vipul Shah, l’industrie sera attentive au type de sanctions imposées aux diamants russes. « La Russie est l’un de nos principaux fournisseurs (…) L’approvisionnement va être contraignant, nous allons faire face à un gros problème », a-t-il déclaré, « le sujet immédiat est celui de l’emploi qui sera gravement affecté. »

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