Mise en examen, la maire PS de Canteleu souhaitait que la municipalité finance ses frais de justice, le préfet la recadre

Par Emmanuelle Bourdy
29 septembre 2022 10:09 Mis à jour: 29 septembre 2022 10:09

La maire de Canteleu, Mélanie Boulanger, ainsi qu’Hasbi Colak, son adjoint au développement économique, ont tous deux été mis en examen pour « complicité de trafic de stupéfiants » en avril 2022. Alors que dans un premier temps, ils avaient demandé à la Ville de financer leurs frais de défense, ils y ont finalement renoncé après avoir eu connaissance de l’analyse du préfet de la Seine-Maritime.

Pour assurer leur défense, après avoir été mis en examen pour complicité de trafic de stupéfiants, la maire de Canteleu (Seine-Maritime) et son adjoint Hasbi Colak, voulaient bénéficier du soutien financier de la Ville.

Le préfet met en garde

Le 13 juin dernier, les conseillers municipaux avaient voté, à l’unanimité, d’accorder aux deux élus « la protection fonctionnelle » et d’autoriser la prise en charge des honoraires liés à leur défense, ceux-ci étant estimés à un montant de 15.000 euros pour chacun. Cependant, ainsi que le rapporte Le Poulpe, le préfet de la Seine-Maritime Pierre-André Arnaud ayant « recadré » l’édile sur les deux délibérations autorisant ce financement par la Ville, le conseil municipal de Canteleu a donc voté, ce lundi 26 septembre à l’unanimité, le retrait de celles-ci.

Avant ce retournement de situation, Pierre-André Arnaud avait en effet envoyé un courrier aux élus de la commune, dans lequel il soulignait que « les faits reprochés présenteraient le caractère de fautes personnelles détachables de la fonction d’élus ». Ce courrier était accompagné d’une lettre écrite par Mélanie Boulanger et Hasbi Colak. L’édile mentionnait aux conseillers que ce financement des frais de défense par sa commune « pourrait être considérée comme du détournement de fonds publics par vous-mêmes et de recel par moi-même ».

Bien que Mélanie Boulanger ne soit pas en accord avec les observations faites par le préfet, elle a préféré s’y soumettre, ne souhaitant pas vouloir « prendre le risque » de l’ouverture d’une nouvelle procédure judiciaire. Elle et son adjoint ont annoncé qu’ils renonçaient à leur demande de protection fonctionnelle, la municipalité étant également en accord avec cette décision.

L’enquête avait débuté en septembre 2019

Dans cette affaire, le 22 juin dernier, Mélanie Boulanger avait expliqué au juge d’instruction de Bobigny Simon Rintaud, qu’elle avait alerté les pouvoirs publics sur la délinquance dans sa ville, et ce, à plusieurs reprises. Mais elle n’avait obtenu aucune réponse.

Pourtant, depuis septembre 2019, la police menait l’enquête. Tout avait commencé par l’arrestation d’une Citroën Berlingo, en Seine-Saint-Denis. Il s’est avéré que le véhicule était celui de l’adjoint à la maire de Canteleu et que l’homme au volant était alors en possession de 2 kg de cocaïne et 60.000 euros en espèces, rapporte Le Monde.

Un autre fait marquant s’était produit le 14 février 2020. Plusieurs individus avaient fait irruption dans le restaurant bondé de Hasbi Colak, exigeant de parler sur le champ à Mélanie Boulanger. Ils s’étaient plaints auprès d’elle d’un contrôle de police mené ce jour-là dans le bar Le Jean-Jaurès, qui était en réalité leur QG. Très énervés, ils avaient alors menacé d’incendier la mairie. Ce soir de Saint-Valentin, les enquêteurs de la sûreté départementale de Rouen se trouvaient sur les lieux et avaient enregistré la conversation.

« Je sais que je suis irréprochable »

Après deux années d’enquête, en octobre 2021, dix-neuf personnes ont été interpellées, ce qui a mis fin à un vaste trafic de drogue ayant généré près de 100 millions d’euros de bénéfice, précisait Le Parisien le 7 août dernier. La fratrie à la tête de ce réseau, la famille Meziani, aurait fait pression sur la maire de Canteleu pour la dissuader de mener son combat contre la délinquance. « Depuis sept ans et demi que je suis maire, je n’ai jamais baissé la garde contre les trafiquants. Non, je n’ai jamais été inquiète de l’issue de cet épisode, aussi difficile soit-il, car je sais que je suis irréprochable », a encore déclaré Mélanie Boulanger, ainsi que le relate encore Le Monde.

Pour l’heure, l’instruction ouverte pour trafic de stupéfiants mettant en cause les deux élus est encore en cours, la justice cherchant à déterminer les liens entre eux et la fratrie Meziani. Les deux prévenus sont toujours présumés innocents.

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