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« Je n’ai ressenti que de l’amour » : un cycliste laissé pour mort pardonne au conducteur qui l’a fauché

mai 3, 2022 13:02, Last Updated: mai 3, 2022 13:18
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Après avoir été percuté de plein fouet par un conducteur ivre, un cycliste britannique s’est retrouvé avec des jambes et un bras cassés, un poumon droit perforé et affaissé, un traumatisme cardiaque et un traumatisme intestinal.

Après avoir perdu tout souvenir de l’accident et passé près de deux semaines en soins intensifs, il partage son étonnant parcours de guérison et explique comment il a pris la décision admirable de pardonner au conducteur qui l’a laissé presque mort sur le bord de la route.

(Avec l’aimable autorisation de Jean-Pierre De Villiers)

Jean‑Pierre De Villiers, coach, conférencier et écrivain, a quitté Le Cap, en Afrique du Sud, pour s’installer au Royaume‑Uni à l’âge de 20 ans. Il a commencé à coacher à l’âge de 25 ans, désireux d’aider les gens à transformer leur vie. Au cours des dix ans qui ont suivi, il est non seulement devenu un coach réputé, mais il a également donné des conférences dans 17 pays et écrit six livres. Au milieu de tous ces succès, sa vie allait vite. Il savait qu’il devait ralentir.

« Avant l’accident, je savais que pour aider et guérir plus de gens, je devais ralentir. J’avais besoin de passer de l’action à la spiritualité, et de passer à un rythme plus lent », explique Jean‑Pierre à Epoch Times.

Une « expérience » qui change la vie

En 2019, l’éventuel ralentissement de Jean‑Pierre s’est présenté d’une façon inattendue, sous la forme d’une collision frontale, agrémenté d’un délit de fuite. Au septième jour d’un challenge cycliste de dix jours, lui et son partenaire de vélo – qui collectaient tous deux des fonds pour une organisation caritative de lutte contre le cancer du cerveau en parcourant 160 km par jour – ont décidé de changer d’itinéraire.

Le huitième jour, avant d’atteindre la ligne d’arrivée, le voyage de Jean‑Pierre a été interrompu par un conducteur ivre, dont le taux d’alcoolémie était quatre fois supérieur à la limite autorisée. Après avoir percuté Jean‑Pierre, le conducteur a pris la fuite, le laissant pour mort sur le bord de la route.

« Donc, j’ai littéralement été stoppé net, bien obligé de ralentir maintenant », raconte Jean‑Pierre. « J’ai eu cet accident mais en vérité je n’en ai aucun souvenir. C’est presque comme si Dieu avait dit : ‘Je vais te donner cette occasion de changer ta vie. Mais ne t’inquiète pas, tu ne t’en souviendras pas.’ »

(Avec l’aimable autorisation de Jean-Pierre De Villiers)

Du fait de son amnésie post‑traumatique Jean‑Pierre n’a aucun souvenir de l’accident, il doit donc se fier aux récits des autres pour comprendre ce qui s’est passé.

Jean‑Pierre a eu de la chance : la première personne qui s’est arrêtée était un ambulancier, suivi d’un policier en congé, puis d’un membre d’une équipe de secours qui, par un concours de circonstances incroyable, avait une bouteille d’oxygène dans sa voiture.

Il a été transporté en avion à l’hôpital Derriford de Plymouth et placé immédiatement en soins intensifs. Ce n’est qu’au dixième ou onzième jour à l’hôpital qu’il a réalisé ce qui s’était passé. Selon son médecin, sa survie était un miracle.

(Avec l’aimable autorisation de Jean-Pierre De Villiers)

Phénomène remarquable : suite à cet épisode difficile, tout type d’émotions négatives auraient pu envahir son esprit, mais Jean‑Pierre s’est retrouvé rempli de gratitude. Pour lui, cette épreuve représentait une étape qui lui permettrait de donner plus de lui‑même, de se dépasser… pas besoin de s’apitoyer inutilement ou d’avoir de la rancune. Jean‑Pierre attribue son attitude positive à deux choses : ses compétences et son expérience.

Jean‑Pierre a déjà connu l’adversité. Enfant, il déménageait constamment et était malmené à l’école. Son père, un homme malade, s’est suicidé, ce qui a fait de lui la cible privilégiée des petits caïds de la cour de récré. En s’appuyant sur son passé, il s’est souvenu avoir grandi en surmontant de nombreux obstacles, il pouvait le faire à nouveau.

« Toutes ces choses, je les ai construites pour prouver que je suis fort, que je peux y arriver. Et ceci n’est qu’un autre défi », explique‑t‑il. « Je peux encore m’en sortir. »

Jean‑Pierre est globalement enclin à cultiver l’état d’esprit d’un champion : l’adversité est un défi et non pas une menace pour la vie. D’autre part, fort de ses compétences et de son expérience, il s’est tourné vers l’extérieur.

« Je savais que j’avais les compétences nécessaires pour faire face à cette adversité. Et je me sentais enthousiaste à l’idée de ce que j’allais faire ensuite. » Avant de quitter les soins intensifs, je me suis allongé dans mon lit et je me suis dit : « Mon rétablissement ne concernera pas que moi. Mon rétablissement concernera tous ceux avec qui je pourrai partager mon histoire. »

Rétablissement

Voyant dans son rétablissement l’occasion de parfaire ces objectifs initiaux, à savoir aider les autres à surmonter les difficultés de la vie, l’existence de Jean‑Pierre a pris une nouvelle dimension, avec toutes les inconnues propre à un nouveau voyage.

Au début, son rétablissement physique était extrêmement limité.

« Je voyais, alors que j’étais en convalescence depuis plusieurs semaines à l’hôpital, que je ne pouvais plus faire grand‑chose physiquement », raconte‑t‑il. « Je pouvais à peine me tourner sur le côté. »

Incapable de travailler sur son corps, il ne se voyait toujours pas comme une victime. Au lieu de cela, il a porté son attention sur ce sur quoi il pouvait travailler : son esprit.

« Une grande chose pour moi a été de ne jamais blâmer le conducteur », insiste Jean‑Pierre.

Jean‑Pierre estime que de blâmer les autres pour les choses de la vie, « son mari, son partenaire, un conducteur, etc. », n’entraîne que des échecs. « Nous abandonnons notre propre pouvoir », dit‑il. « Lorsque nous cédons notre pouvoir à quelqu’un d’autre en le blâmant, nous restons impuissants. »

En refusant de blâmer qui que ce soit, Jean‑Pierre partage quatre décisions qui l’ont aidé mentalement.

Premièrement, rester responsable de soi‑même. Il ne s’est jamais permis de se sentir comme une victime.

Deuxièmement, il s’est entouré des bonnes personnes. Soutenu principalement par sa femme, il s’est également rapproché de ceux qui le poussaient en avant.

« Je me suis interdit de côtoyer les personnes négatives, je ne me suis pas autorisé à être entouré de personnes qui s’apitoyaient sur mon sort », explique Jean‑Pierre. « Je me suis entouré d’amis, de clients et de proches inspirants, de ceux qui me donnaient de l’énergie, de la motivation et de l’inspiration pour renforcer mon rétablissement, et non pour l’entraver. »

Troisièmement, il a dit avoir trouvé un « sens » à son parcours, en choisissant de voir sa convalescence comme une expérience profitable pour les autres.

(Avec l’aimable autorisation de Jean-Pierre De Villiers)

Et quatrièmement, il vivait dans une « orientation positive ». Plutôt que de se concentrer sur les choses qu’il ne pouvait pas contrôler, il s’est tourné vers ce qui était à sa portée. Il ne pouvait plus bouger son corps, alors que pouvait‑il faire ?

Environ deux semaines après l’accident, allongé dans un établissement spécialisé, il s’est dit : « Je vais essayer de bouger ma cheville d’un centimètre par rapport au lit. » Et c’était son objectif pour la journée.

Il a soulevé sa cheville cinq fois ce jour‑là, puis il a fêté ça. Bientôt, on l’aiderait à se maintenir debout. Ce qu’il « pouvait faire » s’est développé et il a franchi de nouvelles étapes.

Au fil des hauts et des bas, des bons et des mauvais jours, Jean‑Pierre a commencé à faire des progrès. Et quand il les remarquait, il les mettait en évidence, au premier plan.

« Lorsque vous avez l’impression d’être en voyage, c’est‑à‑dire que vous allez d’un endroit à un autre, et que cela vous rapproche de l’endroit où vous voulez être, de la personne que vous voulez être, ou de la personne avec qui vous voulez être, lorsque vous reconnaissez ces progrès, vous vous sentez très bien », explique‑t‑il.

Chaque marque de progrès pour Jean‑Pierre se traduisait par un « élan de gratitude » – qu’il s’agisse de s’asseoir pour la première fois, de se lever, de marcher avec des béquilles ou de descendre des escaliers. Un an et demi après son accident, il a couru pour la première fois.

« Quand j’ai l’impression que quelque chose se passe me permettant de reconnaître que, ‘ah oui, je suis meilleur qu’avant’, je me sens juste très reconnaissant. »

Cependant, son parcours vers la guérison n’a pas toujours été sans heurts, et il y a eu des jours difficiles aussi.

Jean‑Pierre aborde les jours difficiles en s’appuyant sur certaines habitudes, ce qu’il appelle des « rituels sacrés ». Ces habitudes l’aident à donner le meilleur de lui‑même au jour le jour, il s’agit de pratiques qu’il a maintenues pendant les bons jours et auxquelles il s’est accroché les mauvais jours.

La gratitude, la méditation, la tenue d’un journal et un peu de mouvement au quotidien, voilà ce qui l’aide, aujourd’hui comme autrefois, alors que les temps sont difficiles.

Le pardon

Un an et demi après son accident, Jean‑Pierre a eu l’occasion d’assister à la condamnation du conducteur ivre qui l’avait fauché. Il savait qu’il devait y aller car il aurait l’occasion de faire sa déclaration. Il s’est donc rendu dans la salle d’audience.

« Je ne voulais pas qu’un vieil homme qui avait clairement un problème d’alcool et un problème de vie aille en prison. »

Dans sa déclaration, Jean‑Pierre a publiquement pardonné au conducteur. Plutôt qu’une accusation, du mépris ou de la colère, il a dit à l’homme : « Il faut que vous sachiez que je n’ai pas de mauvais sentiments envers vous. Je n’ai pas de sentiments négatifs à votre égard. Je vous aime. »

Ce qui a suivi a stupéfié la salle d’audience. Après son pardon, le conducteur est sorti du box des accusés et a mis sa main sur son cœur. Jean‑Pierre et lui ont ensuite partagé un échange important au beau milieu de la salle d’audience et l’homme s’est excusé. Les deux hommes se sont quittés en paix. L’interaction a tellement touché les spectateurs que l’avocat du défendeur a même fait un commentaire, disant qu’il n’avait jamais vu une telle chose en 25 ans de carrière.

Si le fait d’affronter et de pardonner cet homme a aidé Jean‑Pierre dans sa guérison, ce pardon a aussi aidé les autres.

« Il est très important de comprendre que le pardon n’est pas pour vous. Ce n’est pas seulement pour l’autre personne que vous cherchez à pardonner, même si vous ne le lui dites jamais », explique Jean‑Pierre. « Le pardon est pour vous, pour l’autre personne, mais aussi pour chaque personne que ce pardon atteint. »

Boucler la boucle

Deux ans après son accident, Jean‑Pierre est reparti à vélo, terminant ce qu’il avait commencé. Il s’est rétabli au‑delà de ses espérances. Obligé de laisser son projet de charité de côté, il ressentait comme un goût d’inachevé.

Il est ensuite retourné sur le lieu de son accident, des personnes lui ont montré l’endroit où lui et son vélo avaient été réduits en miettes. Contrairement à ce qu’il imaginait, il a ressenti de la paix. Il attribue cette paix à tout le travail qu’il fait sur lui‑même. Puis, le lendemain matin, Jean‑Pierre est remonté sur son vélo et a achevé le challenge.

« J’ai fait un détour d’un kilomètre pour passer devant l’endroit où j’avais été renversé par la voiture et je l’ai fait avec grâce et beauté, avec gratitude, et avec le sourire », explique Jean‑Pierre. Je me suis juste dit : « Allons‑y et finissons‑en. Je l’ai fait avec un sac à dos et mon vélo. »

(Avec l’aimable autorisation de Jean-Pierre De Villiers)
(Avec l’aimable autorisation de Jean-Pierre De Villiers)

 Cela a non seulement permis à Jean‑Pierre de tourner la page, mais en partageant cette « magnifique expérience » en ligne, il a inspiré d’autres personnes à terminer leurs propres objectifs inachevés.

Aujourd’hui, il se voit comme une personne très différente. Sa femme, dit‑il, affirme être mariée à un homme différent.

Parmi les changements, citons les suivants : moins de procrastination ; la quête de nouveaux défis ; plus de temps consacré à se comprendre soi‑même et les autres et enfin la conviction d’avoir trouvé un but dans sa vie (ce qui d’ailleurs s’accompagne de gros efforts à fournir).

« Je vais vivre pleinement, sans aucune crainte », conclut le coach.

En réfléchissant à toute cette épreuve et aux leçons apprises, il veut faire passer un message aux autres : ils peuvent eux aussi surmonter les traumatismes, les défis et les adversités, il est possible de franchir sa propre ligne d’arrivée.

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