Narcotrafic à Nantes : « On se fait tirer dessus à la kalachnikov », témoigne Mylène qui se sent abandonnée par l’État
Dans plusieurs quartiers de Nantes, les tirs se multiplient depuis plusieurs semaines. Deux armes de guerre ont été saisies le 23 novembre par la police, tandis que les habitants expriment leur peur et leur sentiment d’abandon. Témoignage et état des lieux d’une situation tendue.

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Photo: VALERY HACHE/AFP via Getty Images
Illustrant la violence du narcotrafic à Nantes, les coups de feu se répètent depuis plusieurs semaines. Selon Le Figaro, les policiers ont découvert dimanche 23 novembre une kalachnikov et un pistolet-mitrailleur Sten dans une voiture stationnée rue Henri-Théodore-Driollet, à l’est de la ville. Deux hommes ont été interpellés. Cette saisie intervient après plusieurs épisodes de violences armées : un appartement traversé par une balle, deux mineurs blessés par tir au quartier Malakoff, des échanges de coups de feu près de la station de tramway de la Souillarderie.
Dans ce climat, les habitants racontent un quotidien bouleversé. « Cela fait quatorze ans que je vis dans une cité à Nantes. (…) Mais là, depuis trois semaines, on se fait tirer dessus à la kalachnikov. Ça fait quand même trois fois », témoigne Mylène, auditrice de La Grande Matinale sur France Inter.
Un quotidien marqué par la peur
Les scènes de violence sont désormais banales pour certains riverains. Mylène raconte « des impacts de balles dans le hall de l’immeuble ». Elle explique que les parents n’osent plus laisser leurs enfants jouer dehors. « Des fois, ils viennent tirer aussi pour taper sur les petits qui sont en bas. En pleine journée, en pleine après-midi », confie-t-elle.
Les opérations de police se succèdent. D’après Le Figaro, les forces de l’ordre sont intervenues à plusieurs reprises dans le secteur de la station de tramway de la Souillarderie. Dimanche soir, leur patrouille a repéré une Volvo signalée volée avant de découvrir les armes de guerre dans un second véhicule, appartenant à une agence de location, à environ un kilomètre de l’arrêt de la Souillarderie. Ces interventions n’empêchent pas la persistance des échanges de tirs dans différents quartiers de la ville.
« On a toute la société qui vient chez nous » pour acheter de la drogue
Pour Mylène, la violence actuelle s’explique aussi par l’ampleur du trafic de drogue. « On ne se pose pas la question de pourquoi les gens consomment de la drogue pour tenir le coup », dit-elle, évoquant une « défaillance globale de la société, des consommateurs ».
Elle décrit des acheteurs venus de tous horizons : « C’est des gens qui travaillent au palais de justice, c’est des avocats, des médecins, des gens qui ont des véhicules de société (…), des gens qui ont des véhicules de mairie qui viennent acheter de la drogue chez nous. » Ce constat souligne, selon elle, la place centrale du quartier dans un système où toute la société semble impliquée.
Des opérations policières à l’efficacité limitée
Les habitants observent une action policière répétée mais jugée insuffisante. « On a eu des opérations de place nette, on a des policiers qui courent après les dealers et les dealers courent très vite. Et en fait, ça revient tout le temps. Ça part et ça revient », note Mylène, qui « se sent abandonnée ».
Les autorités judiciaires suivent plusieurs dossiers. La DCOS, l’ex-police judiciaire, a été saisie après les tirs qui ont blessé deux mineurs et ceux du 23 novembre. Ces enquêtes cherchent à établir d’éventuels liens entre les différents faits.
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