Notre-Dame: les Français désirent renouer avec leur histoire

20 avril 2019 11:59 Mis à jour: 30 avril 2019 18:14

Le mot « patrimoine » est décliné sur tous les tons et sa cause plébiscitée depuis l’incendie de Notre-Dame de Paris: un engouement qui témoigne d’un désir profond des Français de renouer avec leur histoire.

C’est une déferlante: les dons approchent du milliard d’euros pour restaurer ce symbole de Paris qu’est Notre-Dame. Ce ne sont pas seulement les Pinault, Arnault, Bettencourt-Meyers, Ladreit de Lacharrière, Bouygues ou autres Decaux qui ont mis la main à la poche. Selon l’animateur Stéphane Bern, 20 millions d’euros sont venus de petits donateurs.

(LIONEL BONAVENTURE/AFP/Getty Images)

Ces contributions, ce sont « trois années entières » du budget (326 millions d’euros) consacrés à l’entretien et à la conservation des monuments historiques (hors grands projets), remarque Alexandre Gady, de Sites et Monuments.

Pour Philippe Bélaval, président du Centre des Monuments nationaux (CMN), cet élan « est révélateur d’un sentiment patrimonial fait d’une recherche d’élévation et d’une quête de points de repères dans un monde qui bouge ». Il y observe, dans un entretien à l’AFP, « une culpabilité: comme si on se sentait en tort d’avoir été inattentif au patrimoine ».

(Dan Kitwood/Getty Images)

« Quand Notre-Dame part en flammes, cela touche les croyants et au-delà, cela représente les origines chrétiennes de la france, il ne faut pas le nier et le renier », a dit samedi sur franceinfo l’animateur Stéphane Bern.

Le succès des dons est encouragé par la loi mécénat, qui prévoit des réductions d’impôts de 60% pour les entreprises et de 66% pour les particuliers.

La patrimoine de plus en plus dans le coeur des Français

Mais le patrimoine est aussi dans l’air du temps, chaque année un peu plus: des « Journées européennes du patrimoine » en septembre (plus de 12 millions de visiteurs en 2018) permettent aux familles de découvrir des bâtiments inaccessibles dans leurs communes.

(Dan Kitwood/Getty Images)

Surtout, le lancement d’un loto en 2018 pour la restauration des chefs d’oeuvre en péril, accompagné désormais de ventes des collections de timbres et de pièces de monnaie ont donné l’impulsion principale. Et les nombreuses émissions sur les chaînes de télévision ont popularisé la cause, avec le très populaire Stéphane Bern en vedette.

Pour « l’An deux » de la « Mission Patrimoine », dix-huit sites ont été à nouveau sélectionnés et plus de 100 autres monuments doivent être désignés bientôt pour être mieux aidés. La Française des Jeux va étoffer son offre, proposant deux jeux à gratter –à 15 euros et à 3 euros. Un tirage du Loto aura lieu le 14 Juillet, une manière d’affirmer l’enjeu national.Le Loto fait renaître des projets sur le territoire: des propriétaires hésitants, ou qui avaient abandonné leur patrimoine, y ont vu l’occasion de le faire revivre. Des associations se sont créées, a noté un rapport parlementaire.

(Dan Kitwood/Getty Images)

Le financement participatif connaît une évolution spectaculaire, démultipliant le potentiel des campagnes de levée de fonds.

La start-up Dartagnans a lancé un nouveau modèle économique pour sauver le château de La Mothe Chandeniers (Vienne) en l’acquérant par souscription publique grâce à des dons de quelques 18.000 participants du monde entier devenus actionnaires du monument.

La Fondation du patrimoine, de droit privé, fonctionne elle avec ces centaines de volontaires, jeunes ou retraités, qui tentent de sauver qui un château, qui une église, qui une ancienne usine.

« Sans ces bénévoles qui donnent les premiers secours aux sites et les signalent, rien ne serait possible », rappelle Stéphane Bern, qui pointe du doigt que « sauver le patrimoine, c’est sauver des emplois ».

Un des défis est d’intéresser les entreprises dans des zones peu attractives, comme pour la restauration du château royal de Villers-Cotterêts dans l’Aisne.

La somme collectée pour Notre-Dame ne pourrait-elle pas être redistribuée aux centaines de demeures et d’églises qui s’écroulent chaque année, malgré la lutte courageuse des volontaires locaux ?

« Certains voudraient que les millions d’euros collectés pour Notre-Dame servent à d’autres églises, a relevé samedi dans le Figaro le ministre de la Culture, ajoutant: « Je veux rassurer les donateurs, ils ne seront pas trahis: les fonds versés seront dédiés à Notre-Dame ».

Epochtimes.fr avec AFP

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.