Notre-Dame – Un imam demande aux fidèles de ne pas faire de dons pour la reconstruction : « L’Église n’a pas besoin des musulmans »

23 avril 2019 19:56 Mis à jour: 23 avril 2019 19:56

Si plusieurs représentants de la communauté musulmane ont appelé leurs fidèles à manifester leur solidarité par des appels aux dons afin de reconstruire Notre-Dame, d’autres estiment au contraire que l’argent des musulmans doit d’abord servir à la construction des mosquées. C’est notamment le cas de Mohamed Khattabi, imam de Montpellier. 

Imam de la mosquée Aïcha à Montpellier, Mohamed Khattabi a déjà fait couler beaucoup d’encre par le passé. Poursuivis pour « escroqueries aux prestations sociales », « travail dissimulé », « blanchiment de fraude fiscale », « recel de prestations sociales », lui et sa femme ont été condamnés à de la prison avec sursis par le Tribunal de grande instance de la cité héraultaise en 2016. Une condamnation confirmée en appel l’année suivante.

Habitué des controverses, M. Khattabi a notamment été pointé du doigt après avoir affirmé dans un prêche que les femmes étaient « égoïstes par nature », qu’il était possible de « consommer » son mariage avec une jeune fille à partir du moment où celle-ci était « pubère », ou encore après avoir apporté son soutien aux moudjahidins du monde entier le 13 novembre 2015, selon le média lengadoc-info.com.

Vendredi dernier, lors de son prêche, il a de nouveau créé la polémique en appelant les fidèles à ne pas faire de dons pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame. Des propos allant à rebours de ceux tenus un peu plus tôt par Lhoussine Tahri, imam de la mosquée de La Paillade, elle aussi établie à Montpellier. Ce dernier avait au contraire décidé de lancer un appel aux dons auprès de ses fidèles lors de la grande prière du vendredi 17 avril.

« Et je lance un appel à toutes les autres mosquées. C’est dans ces instants-là que l’on doit rappeler l’importance du vivre-ensemble. C’est une mobilisation pour restaurer la maison de Dieu. Il n’y a pas de différence entre une mosquée, une synagogue et une église », a déclaré M. Tahri dans les colonnes du Midi Libre.

D’autres figures musulmanes telles que Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, ou Mohammed Moussaoui, président de l’Union des mosquées de France, avaient déjà appelé les membres de leur communauté religieuse à prier pour Notre-Dame et à « apporter leur contribution à l’effort national pour la reconstruction et la restauration » de la cathédrale au lendemain du drame.

Recteur de la Grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane avait lui aussi engagé ses fidèles à participer « activement à la campagne nationale de solidarité […] pour trouver les moyens de reconstruire ce lieu d’histoire de notre pays et ce lieu de prière si cher à nos frères chrétiens », mettant en avant la symbolique de la cathédrale au plan national. « Notre-Dame de Paris, en plus d’être un lieu de culte, est l’âme de notre pays. C’est dans ce lieu que les Français sont venus célébrer les moments les plus heureux de leur Histoire », avait-il affirmé.

« Il y a des mosquées qui n’arrivent pas à finir la construction »

S’il a fait part de son soutien aux chrétiens le 17 avril lors de la grande la prière du vendredi, Mohamed Khattabi n’a toutefois pas hésité à exprimer son désaccord avec les appels aux dons lancés par différents représentants de sa communauté :

« À aucun moment je ne vais dire aux musulmans de ne pas être solidaires avec ce qui s’est passé à Notre-Dame de Paris. Jamais de la vie. Au contraire, j’appelle les musulmans à montrer leur solidarité : vous pouvez écrire au diocèse, vous pouvez écrire au président de la République, vous pouvez écrire à la maire de Paris que vous déplorez ce qui s’est passé », commence l’imam.

« Le problème, c’est quand j’entends une instance musulmane appeler les musulmans à cotiser pour la reconstruction de la cathédrale. Là, on arrête. »

« Toi, l’instance musulmane – soi-disant – qui représente les musulmans. Tu n’as pas de pudeur, tu n’as pas de gêne, tu n’as pas de raison, tu n’as pas de sagesse. Heureusement que le ridicule ne tue pas. Il y a des mosquées qui sont en crise, qui n’arrivent pas à finir la construction. […] Il y a des mosquées qui sont en train d’être construites et le travail est bloqué. Ils n’ont plus d’argent. Alors, si vraiment tu es une instance qui représente les musulmans et que tu veux te mettre en avant, je vais te montrer ce qu’il faut faire. Et tu auras l’agrément d’Allah et des musulmans aussi. Et l’agrément de la République aussi. […] Aidez les gens de la mosquée à finir leur mosquée ! Là, je vais comprendre que tu es quelqu’un qui a le cœur avec l’islam et qui sait faire la part des choses parmi les priorités », poursuit M. Khattabi.

« L’Église n’a pas besoin des musulmans »

Si certains voient en Notre-Dame un symbole national qui transcende la religion catholique, l’imam de la mosquée Aïcha estime pour sa part que les nombreuses promesses de dons ayant afflué dès le lendemain du drame sont le signe que la contribution des Français de confession musulmane n’était pas nécessaire :

« Je suis sûr d’une chose : c’est que l’Église n’a pas besoin des musulmans. J’en suis sûr et certain. Pourquoi ? Parce que l’argent, il y en a. La preuve, on l’a vu, il y a un milliard. Ce n’est pas cette goutte des musulmans [qui va faire la différence]. »

« Si maintenant le chrétien m’interpelle et me dit : ‘J’ai besoin de toi musulman pour m’aider’, je l’aiderai. […] Il demande de donner un coup de pouce et des choses, pas de problème, je vais l’aider », conclut l’imam.

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