Paris et le pari d’une ville « comestible »

7 février 2017 12:15 Mis à jour: 7 février 2017 07:02

Déambuler dans un Paris verdoyant lors d’une belle matinée de printemps… même si l’idée semble encore très lointaine, il semblerait que la Mairie de Paris s’attelle à mettre en œuvre des moyens nécessaires pour y parvenir. Ainsi, le Conseil de Paris du 30 janvier dernier a validé les propositions faites par Anne Hidalgo afin de favoriser une alimentation durable, biologique et issue de circuits courts grâce au développement d’une agriculture urbaine.

Des « Parisculteurs » : le pari d’une ville « comestible »
A l’horizon 2020, la ville espère créer 100 hectares de nouveaux « espaces verts » dont un tiers serait consacré à la production agricole. Pour cela, l’appel à projets « Parisculteurs » a permis, dès novembre 2016 de concrétiser l’appropriation de la ville par des agriculteurs, paysagistes ou encore architectes, à tous les étages.

Des toits aux parkings souterrains, 33 équipes ont été sélectionnées afin de végétaliser et cultiver divers sites de la capitale, ingéniosité et agroécologie étant les maître-mots du projet. « L’imagination et l’inventivité dont témoignent les projets prouvent que notre engagement pour une ville moins minérale, plus végétale et “comestible” n’est pas une chimère », se félicitait ainsi Pénélope Komitès, adjointe aux Espaces verts de la mairie de Paris. Au total, ce sont 5,5 hectares de parcelles qui devraient créer des îlots de fraicheur et produire quelques 425 tonnes de fruits et légumes, 24 tonnes de champignons, 3 tonnes de poissons, 95 kilogrammes de miel et 8 000 litres de bières, chaque année dans la Ville-lumière. Pour y parvenir, des lieux, parfois tout à fait insolites, ont été sélectionnés, à l’image du très majestueux Opéra Bastille qui, dans le cadre d’un projet d’étanchéité de ses toits, met ses 5000 m2 de toits-terrasse à la disposition de l’entreprise d’agriculture urbaine Topager. Fruits, légumes, fleurs comestibles devraient donc voir le jour pour être ensuite livrés frais aux commerçants et restaurants du quartier. La culture du houblon s’accompagnera par l’installation d’une micro brasserie artisanale qui permettra la fabrication d’une bière « made in Paris ».

Un nouvel appel à projet « Parisculteurs 2 » sera lancé en cours d’année, favorisant les sites de copropriétés et associant davantage les agriculteurs de la grande couronne.

Apprentissage et partenariats urbains-ruraux
Développer les échanges entre la ville et la campagne, les agriculteurs urbains et ruraux, tel est l’objectif de la Mairie de Paris. Anne Hidalgo rappelle ainsi que Paris ne sera « jamais autosuffisante sur le plan alimentaire », précisant la nécessité « d’un travail étroit avec les agriculteurs ».

Des partenariats seront donc mis en place entre agriculteurs urbains et ruraux pour partager les savoir-faire tout en favorisant des débouchés économiques pour les producteurs de pleine terre.

Afin de pérenniser l’action des agriculteurs urbains, susciter des vocations ou encore favoriser de bonnes pratiques, l’école Du Breuil souhaite mettre en place une offre de formation en permaculture en coordination avec la Ferme de Paris, unique ferme pédagogique de la capitale située dans le Bois de Vincennes.

Pour une alimentation durable
« Permettre à tous les Parisiens d’accéder à une alimentation saine et de qualité », tel est le deuxième grand objectif de la ville. Dans cette optique, la priorité a d’abord été mise sur les plus jeunes avec des cantines et des crèches proposant des aliments issus de l’agriculture biologique : la mairie de Paris se targue ainsi d’être le premier acheteur public de produits Bio en France. L’alimentation durable, c’est à dire utilisant des produits biologiques, durables et labellisés, est au cœur de cet objectif : la Ville chiffre actuellement une proportion de 43,5% d’aliments durables dans les crèches et 24,5% dans les écoles. Son objectif à l’horizon 2020 est de fournir 50% de produits issus de l’alimentation durable.

Toujours dans l’optique de favoriser l’accès des parisiens au bio et aux aliments issus d’une agriculture locale, trois nouveaux marchés bio devraient bientôt venir s’ajouter aux trois préexistants (marché Raspail- 6e, marché Batignolles- 17e et marché Brancusi -14e).

Les Parisiens au cœur de la végétalisation
« Je fais confiance aux Parisiens : cette ville qu’ils connaissent mieux que quiconque, je veux qu’ils nous aident à la façonner, à la faire grandir », déclare Anne Hidalgo sur la page d’accueil de la plate-forme « Budget participatif ». Là, les Parisiens peuvent déposer une proposition de projet visant à améliorer la vie collective. Depuis, les idée de jardins partagés dans Paris ou encore la végétalisation d’espaces parisiens (murs, cours…) sont légions sur le site. Une vingtaine de jardins partagés devraient ainsi voir le jour courant 2017. L’élevage n’est pas en reste puisque la Mairie prévoit aussi la création de plusieurs fermes urbaines pédagogiques intra-muros.

Enfin, la mise en place du Plan Compost 2016-2010, qui vise à généraliser le compostage dans tous les foyers parisiens, devrait démarrer dès juin 2017 : les habitants des 2ème et 12ème arrondissements seront équipés d’un « bio-seau » afin d’y jeter  leurs épluchures de fruits, légumes, coquilles d’œufs ainsi que certains type de papiers. Ils pourront ensuite vider leur seau dans la nouvelle poubelle collective à couvercle orange. Sachant que 18% des ordures ménagères parisiennes sont constituées de ces bio-déchets, il était urgent de s’acheminer vers un compostage individuel. L’objectif final est, là encore, de pouvoir équiper tout Paris de ce dispositif d’ici 2020.

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